Texte de la conférence
En nous et autour de nous, des choses s’opposent à Dieu, et en premier lieu à cause de la peur de Dieu. Il est nécessaire d’envisager la tentation comme un mensonge qui fait entrevoir quelque chose comme étant un bien, un bonheur, alors que ça nus amène dans la souffrance.
Il est également important de bien faire la différence entre tentation et péché : le péché c’est céder à la tentation. On peut représenter la tentation comme le plan incliné qui mène au péché ; tout le travail est de discerner les situations qui vont nous amener dans une occasion de commettre le péché et de chercher à les éviter. Il faut décider avec fermeté de s’éloigner de ce qui nous conduit au péché quand on l’a détecté.
Dans la tentation, nous ne sommes pas dans l’ignorance : nous savons là où elle se trouve et il nous faut rechercher la liberté d’y renoncer. Cela peut être possible car on en a fait l’expérience, et plus on en a fait l’expérience, plus s’instille en nous la capacité d’aller vers le mal, vers ce qui ne nous construit pas, vers un faux bonheur.
Cela s’inscrit dans l’expérience : on a tous fait l’expérience de la tentation, et rappelons-nous que la meilleur manière de ne pas avoir de combat spirituel, c’est de céder à toutes les tentations. Au contraire, si on se sent attiré par quelque chose que l’on sait être mauvais, on doit se rappeler que si l’on s’en rapproche, on risque d’être happé, comme dans un toboggan, et il est impossible de faire machine arrière.
En ce qui concerne les situations de péché que l’on vit en groupe, il faut également prendre en compte la dimension de l’image de soi : il est possible que l’on agisse afin de plaire au groupe, car on fait comme les autres ; s’extraire de la façon de faire de ce groupe peut-être mal vu.
Ainsi, vivre en étant entouré de tentations nécessite de développer une certaine liberté intérieure par rapport au regard des autres. Vouloir plaire est une plaie, et c’est autant masculin que féminin…
Le meilleur moyen d’y arriver est de suivre le courant, tout simplement. A l’inverse, pour lutter contre la tentation, il faut remonter le courant jusqu’à la source…
Pour vivre avec les tentations qui nous entourent, il faut alors accepter de ne pas être comme tout le monde, d’où l’importance de la formation pour éclairer son intelligence et sa conscience. Par notre foi et notre culture chrétienne, nous croyons que le Seigneur vit en nous et nous donne la une conscience qui permet de discerner pour faire le Bien et éviter le Mal.
Or, si nous savons que telle ou telle chose va m’amener à souffrir ou à mettre les autres dans la souffrance, je dois éviter de m’en approcher. Pourtant, parfois j’y vais, et nous connaissons l’acte de contrition qui liste toutes les portes d’entrée du péché :
Il y a des pensées et des actes dont nous savons très bien qu’ils amènent de la souffrance pour d’autres et pour nous-même, c’est un faux bonheur. Il y a toujours un mensonge dans le péché, et ce n’est pour rien que l’on appelle le démon « le père du mensonge ». Il y a une promesse de bonheur, mais qui laisse ensuite un goût amer. C’est toujours comme ça que ça fonctionne, et il est intéressant de voir comment on est tenté : c’est bien souvent par l’imaginaire que l’on est tenté. Parfois, il y a ensuite la rationalisation qui intervient, avec des raisonnements qui justifient notre acte malhonnête.
Il faut donc faire la lumière sur nos pensées et nos actes en s’interrogeant sur leur finalité, ce à quoi ils conduisent. C’est un point d’attention à avoir, car certaines personnes ont un imaginaire très développé, très créatives – dont parfois c’est le métier – et qui sont plus sujettes à des formes de propositions qui leur viennent à l’esprit et qui ne conduisent pas au bien. Dans ce cas là, il est nécessaire d’apaiser son imagination pour se garder pur au milieu du monde, comme le dit Saint Paul.
Comme on le dit dans le Notre-Père, il faut se garder de certains tentations que nous avons connues précédemment :
« Et ne nous laisse pas entrer en tentation… »
Prenons alors le temps de repérer quels sont les lieux où je suis tenté. Il y en a trois grands, c’est assez simple : on les trouve dans l’évangile selon Saint Luc.
Le Christ a été tenté par le démon dans son humanité, on peut le relire dans Luc 4, 1-13.
Cela a duré quarante jours. Ce chiffre a un sens particulier dans la Bible, à l’image du nombre de semaines de grossesse : le chiffre quarante annonce la nouveauté.
C’est dans ce contexte que Saint Luc nous relate cet épisode de la vie du Christ en mettant en lumière que ce combat spirituel que nous avons tous à vivre amène une nouveauté.
C’est dans ce contexte que Saint Luc nous relate cet épisode de la vie du Christ en mettant en lumière que ce combat spirituel amène une certaine fécondité . Mais cela demande de la volonté, il faut vouloir être fidèle à l’Evangile. En ce sens, le relativisme et la rationalisation sont contraires à ce chemin, inversant parfois le Bien et le Mal.
Quand j’ai réussi à lutter contre une tentation, je ressens comme une libération intérieure, c’est le travail du combat spirituel. Etre soumis aux mouvements du monde ne nous rend pas libre, et nous pouvons même être amenés à vivre par procuration. Et Jésus, après Son combat contre la tentation et Sa victoire sur la mort nous amène à une vraie liberté.
Il nous faut alors éviter de faire le premier pas qui mène au péché.
Savoir repérer les trois grandes tentations
L’Évangile nous aide à repérer les trois grandes tentations auxquelles nous pouvons être soumis. Tous les scandales qui arrivent sont liés avec une de ces trois tentations, voire les trois : la chair, la gloire et l’esprit.
« Ordonne que ces pierres se transforment en pain ! »
« L’homme ne se nourrit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche du Seigneur. »
Tout d’abord, il y a tout ce qui est lié au corps, ce qui est source de plaisir, dans un sens désordonné. Ce n’est pas spontané ni intuitif d’avoir un bon rapport à son corps. La joie est un signe de ce qui est bon. Il faut donc être attentif à ce qui peut-être désordonné dans notre rapport au plaisir, mais aussi à l’inverse, dans le sens de la privation et du dénigrement du corps : la vertu est dans le juste milieu.
« Je te donnerai tous ces pouvoirs et la gloire de ces royaumes si tu te prosternes devant moi… »
« Il est écrit : tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu, à lui seul tu rendras un culte. »
Le Christ répond par la parole de Dieu. Il est important d’avoir des paroles que l’on se répète, d’en avoir une à disposition pour se défendre des tentations du démon car elle a un pouvoir. Cette tentation a un rapport avec tout ce qui est pouvoir et richesse, elle a une prise sur chacun d’entre nous d’une manière ou d’une autre. Par exemple, la flatterie en fait partie, c’est en lien avec tous les abus de pouvoir, les systèmes d’emprise et de détournement de bien.
Enfin, le démon emmène Jésus au sommet du Temple et lui dit :
« Si tu es le fils de Dieu, jette-toi en bas et il ordonnera à ses anges de te prendre sur leurs mains et ils te porteront de peur que tu ne heurtes une pierre. »
« Il est dit : tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu. »
Voici la plus difficile : c’est la tentation de l’esprit. Toutes les tentations ont un rapport avec la toute puissance, c’est à dire de l’orgueil. Celle-ci nous appelle à nous mettre au dessus de Dieu, au sommet du temple qui est le lieu saint et à agir sans Lui. On le voit chez ces personnes qui se repaissent de leur intelligence, même si cela est justifié. On le voit notamment dans ces grandes idéologies hâtées, dans l’écologie qui met l’humanité du côté du problème. C’est très pernicieux et il faut être attentif, d’où l’importance d’être formé pour discerner le mensonge de la vérité.
Nous arrive-t-il de nous mettre au dessus de Dieu ? cela peut être le cas lorsque nous ne sommes pas fidèle à la prière. Le fait de ne pas être à l’écoute du Seigneur dans la prière peut être une façon de se mettre au dessus de Lui, de ne pas reconnaître notre état de créature, notre état de finitude. On a tous besoin d’une rampe, d’une règle de vie pour garder la bonne direction, de redresser le parallélisme de notre âme, afin de ne pas se laisser entraîner par le courant.
Ainsi, les tentations de la chair, de la gloire et de l’esprit nous habitent tous.