Résumé de la conférence :
Pour apprendre à discerner, Père Pierre-Marie nous invite à réfléchir avec des faisceaux d’indices pour cheminer. On peut les distinguer en deux groupes : des critères subjectifs - qui nous habitent intérieurement - et des critères objectifs - qui sont extérieurs à nous.
Les critères subjectifs
Tout d’abord, soyons attentifs à notre désir, car c’est par là que le Seigneur nous appelle.
N’oublions pas que le désir de l’autre est différent, et que cet appel que je reçois est unique et personnel.
Si je ne fais pas confiance à ce que je porte, il y aura quelque chose qui manquera au monde.
À ce sujet, il faut prendre garde au mécanisme de peur.
Ainsi, il est important d’arriver à une sorte de certitude intérieure. Elle vient de l’analyse de la finalité qui nous apporte une certaine clarté. Il ne faut pas craindre les crises car elles font mémoire de l’appel du Seigneur.
Cette certitude a sans doutes été construire par des rencontres que nous avons faites. Sachons en faire mémoire…
La rectitude d’intention est également notre boussole : recherchons-nous bien le Vrai, le Bon et le Bien avec cette décision ?
N’oublions pas la disponibilité et la confiance : cet esprit d’abandon doit être nourri d’une profonde humilité. Que nous soyons capable de prier comme Saint Paul :
« Seigneur, que veux-tu que je fasse ? »
Soyons emprunts de la sainte indifférence que décrit Saint Ignace de Loyola : je dépose au pieds du Seigneur ce à quoi je suis attaché. Nous nous ouvrons à une vraie disponibilité car nous nous laissons faire par Lui, nous interrogeant sur ce qui émerge de notre prière.
Comme vous le savez, il y a trois grandes décisions à prendre dans une vie : l’état de vie, la profession et le choix de Dieu. D’une certaine manière, tout autant qu’une grâce, la foi est un choix.
Nous pouvons ainsi nous demander si nous avons encore des grandes décisions à prendre dans notre vie.
La paix et la joie sont des signes d’un bon discernement. Elle peuvent être soumises à des tempêtes intérieures. Cela peut arriver avant de confirmer la décision, comme au moment des fiançailles.
Mais les tempêtes ne sont pas de Dieu et il ne faut pas remettre en cause dans la tempête une décision prise dans la lumière. Cette joie et cette paix sont des dons de l’Esprit-Saint.
L’aisance est aussi un signe que la décision prise est la bonne. Elle est en cohérence avec un charisme qui nous a été donné. Interrogez-vous sur vos charismes : accueil, enseignement, compassion, prière… qu’aimez-vous faire facilement et qui fait du bien aux autres ? N’est-ce pas une lumière que le Seigneur a mis sur votre chemin, un signe qui trace votre route ?
Dans tout discernement, il faut aussi prendre une certaine distance avec ses émotions pour qu’elles ne viennent pas nous submerger. Elles ne sont ni bonnes ni mauvaises, mais ce n’est pas elles qui ont le gouvernail, mais l’intelligence et la volonté. C’est elles qui font que nous sommes à l’image de Dieu et que nous sommes capables d’aimer et de connaître.
Si les émotions prennent trop d’importance, il faut envisager de consulter un professionnel, car la sensibilité peut paralyser le discernement.
Enfin, il faut faire l’expérience d’une certaine disproportion, c’est le mystère de notre foi chrétienne : il n’y a pas de commune entre ce que nous sommes et ce à quoi nous sommes appelés. Notre religion est la seule à croire à la présence de Dieu en nous, d’où l’importance de cette descente intérieure pour découvrir l’hôte divin qui habite en nous. Cette disproportion nous dépasse, mais nous sommes appelés à tendre vers elle. Cultivons cette grandeur d’âme qui nous pousse à désirer ce qui est plus grand que nous.
C’est notre vocation chrétienne qui nous appelle à être dépassés. Nous sommes habitués au vertige !…
Dans la partie des critères subjectifs, il y a aussi la question des signes. Certes, Dieu agit dans l’Histoire et dans notre histoire, mais cette question des signes est délicate et il convient de valider un signe par une personne aînée dans la Foi et extérieure au discernement que nous avons à faire. Par exemple, un arc en ciel - signe biblique par excellence - peut avoir une signification particulière dans un contexte précis, mais ne pas en avoir dans un lieu et un endroit différent : c’est juste un signe admirable de la nature, pas nécessairement un aiguillage à suivre pour prendre une décision.
Les critères objectifs
La durée du désir
Si le désir est un critère subjectif, la durée du désir est un critère objectif. Si vous vous sentez appelés d’une manière récurrente, que l’idée revient, se renouvelle au sujet reconversion professionnelle, un pas de plus dans la foi, peut être un signe que cet appel vient de Dieu.
L’accompagnement spirituel
La présence de l’Église aide à discerner. Au delà de ce qui concerne une entrée dans la vie consacrée, un accompagnement spirituel peut nous aider à découvrir quelle est l’action de Dieu dans notre vie. Relire sa vie avec son accompagnateur spirituel nous permet de mieux discerner.
La médiation est importante dans la foi chrétienne : la médiation du Christ et par l’accompagnement également. C’est un plus pour « objectiver » ce que l’on porte à l’intérieur.
Il vaut mieux ne pas rester seul car on avance plus difficilement dans la vie spirituelle. On a besoin de remettre sa vie sous le regard de quelqu’un qui partage la même foi. Il ne s’agit pas de trouver une personne qui prendra les décisions à notre place, mais de demander de l’aide pour la relecture de notre cheminement, chaque mois, dans l’idéal.
Circonstances et nécessité
Notre vie est faite de circonstances et de besoins. À ce sujet, Pascal disait :
« Circonstances et nécessités, voilà nos maître spirituels. »
Les circonstances sont les événements que je n’ai pas choisis. Cela peut être une rupture amoureuse ou professionnelle, une maladie ou une rencontre imprévue… c’est un événement que l’on accueille de la main du Seigneur, elles sont comme un guide et nous invitent à poser un regard de foi sur ce qui nous arrive.
Le conseil des personnes qui nous aiment
Le regard des personnes qui vous aiment a également une grande importance. Tâchez de vous rapprocher des personnes de votre entourage qui ont une certaine capacité à discerner.
La grâce vient du fait de s’ouvrir, et il faut là aussi avoir cette humilité de se placer sous le regard d’autrui.
À l’inverse, demander l’avis de trop de personnes peut-être le signe d’un sentiment d’insécurité qui appelle en premier un besoin de réassurance, un frein pour prendre de bonnes décisions. Dans ce cas là également, il est nécessaire de consulter un professionnel.
La formation spirituelle
Il n’est pas rare de constater chez les jeunes professionnels une différence entre le niveau de formation intellectuelle - solide et de très bon niveau - et la formation spirituelle - du niveau des sacrements de l’initiation, voire du catéchisme seulement. C’est un peu comme si la vie chrétienne, qui était mise en « off » pendant les études, reprenait avec l’activité professionnelle. Certains franchissent à nouveau les portes de l’Église en commençant à travailler et participent à des groupes qui proposent des activités et des formations chrétiennes.
La formation éclaire et enrichit votre esprit et votre cœur.
Une vie chrétienne sérieuse
Si vous êtes dans un processus de discernement, vous êtes dans une démarche de vie chrétienne sérieuse avec une pratique régulière des sacrements, une vie de prière et la lecture de la Parole de Dieu régulières. C’est une sorte de quête et il faut apprendre à lire dans sa propre intériorité.
Soyez enracinés dans cette vie chrétienne, elle vous permettra de porter du fruit.
Avoir les aptitudes requises
À l’image de cette question posée au cours de l’ordination sacerdotale, il y a ce critère qui est vrai pour tous : Dieu nous appelle en nous donnant les capacités nécessaires à la mission qu’Il nous donne.