Texte de l’enseignement
Une personne qui a une sensibilité externe des 5 sens développée : la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat, le goût, est aussi quelqu’un qui une capacité très forte de saisir le réel et donc son intelligence sera nourrie par les sens, les informations sensibles qu’elle recevra.
C’est ce qui fait dire à Saint-Thomas-d’Aquin quand il parle de la philosophie de la connaissance : « rien ne rentre dans l’intelligence qui ne soit passé par les sens ».
La question des 5 sens et assez peu éduquée. Les sens s’éduquent, c’est ce qui nous donne contact avec le réel, ce réel qui est bon et que nous accueillons de Dieu. Le sens du toucher me renseigne du rapport que j’ai avec Dieu, Dieu qui se laisse toucher de compassion dans l’Ancien Testament, mais aussi en Jésus-Christ, Dieu qui s’approche et qui prend contact avec la personne humaine de façon à la guérir.
La fonction du toucher
C’est le sens qui est le plus développé dans notre personne
On ne peut pas être privé totalement du sens du toucher. On peut être privé totalement de la vue, de l’ouïe de l’odorat,… mais pas totalement du sens du toucher, parce qu’on deviendrait fou.
Frédéric de Barberousse voulait connaître la langue originelle de l’humanité, il avait dit à des nourrices d’allaiter des enfants, mais avec interdiction absolue de leur parler, de les toucher, et ces enfants progressivement sont morts !
Sans le sens du toucher je n’ai pas la sécurité d’être vivant. Le sens du toucher nous permet de nous repérer dans l’espace.
Il y a 3 fonctions dans le sens du toucher :
La sécurité dans l’existence :
J’existe parce que je peux toucher et parce que l’on me touche. Il peut y avoir des illusions d’optique mais pas des illusions du toucher. Le sens du toucher le renvoie à nature des choses, le fait que cela existe ou non. Solliciter le sens du toucher chez un enfant, c’est le solliciter dans sa manière qu’il existe. Deux parties du sens du toucher sont les plus développées : les doigts et les lèvres. Le premier contact de l’enfant avec l’extérieur sera par le sens du toucher. La personne humaine c’est celui qui a un contact direct entre son épiderme et le réel qui l’entoure, contrairement aux animaux qui ont de la fourrure, des plumes, des écailles,… La personne humaine qui a reçu la plus grande intelligence est la personne qui a le plus grand sens du toucher.
La sécurité dans l’amour :
C’est l’amour qui peut traduire le mieux le sens du toucher. C’est cela qui traduit le mieux les sentiments.
La sécurité dans sa sexualité :
L’enfant découvre qu’il a été voulu comme garçon ou comme fille, c’est par le fait d’être langé, baigné, regardé, que l’enfant découvrira que sa sexualité est quelque chose de bon. Une vision négative du toucher risque de ne pas donner à l’enfant une vision de son corps comme désirable et la sexualité comme désirable et comme quelque chose de bon.
Le fait d’avoir une certaine certitude liée au toucher fait que l’enfant sera capable de s’attacher ou de se détacher de la personne. Un enfant qui n’a pas été suffisamment sollicitée dans le sens du toucher, qui n’a pas une sécurité dans l’amour, sera toujours en train de chercher cette sécurité qu’il n’a pas eu enfant, l’insécurité affective vient parfois de cette question.
On voit la maturité affective de quelqu’un quand il est à la fois capable d’amour, de tendresse, d’attachement et à la fois quand il n’est pas possessif dans son attachement. Il est sûr de l’amour de l’autre en l’absence de l’autre. L’enfant qui a ressenti dans sa peau l’amour de l’autre aura confiance en lui, il aura une bienveillance par rapport au réel, il pourra mieux s’adapter aux circonstances imprévues. Il sera auteur de sa vie.
Les blessures dans l’enfance du sens du toucher se traduisent ensuite à l’âge adulte par des crispations, des difficultés d’appréhender la réalité qui l’entoure, par une dureté, un stress, une tristesse parce que je ne suis pas sûr d’être aimé. L’éducation est très importante, le regard de la mère, le regard du père sur sa fille, sécurisent l’enfant. L’enfant sent s’il a été une déception, cela peut l’in-sécuriser dans sa sexualité.
Les blessures dans le sens du toucher
Ce sont les blessures les plus graves parce que c’est un sens qui est fondateur, qui touche à la sécurité de ce que je suis. Il a un sens existentiel par rapport aux autres. Les conséquences sont les plus douloureuses à porter. Il y a 2 formes de blessures dans le seul sens du toucher
Par manque
Un enfant qui n’a pas été sécurisé dans son corps développera une forme de peur de vivre, une peur de nourriture, une angoisse de mort. Quelque chose en lui n’est pas tourné vers la vie. Il ne sait pas s’il est vraiment aimé ou s’il n’est pas aimé. Comme il n’a pas eu la sécurité dans l’amour il a une difficulté à faire confiance, à se faire confiance à lui-même, à faire confiance à l’autre et à faire confiance à Dieu.
Il cherchera une reconnaissance de façon compulsive, il sera toujours en recherche d’une sécurisation amoureuse.
Ces personnes sont facilement la proie des manipulateurs, du moment qu’elles sont aimées elles montreront une soumission, un effacement face à celui qui donne la garantie de la sécurité et pour qui elles développent une admiration qui frôle l’idolâtrie.
Il faudra bien des déceptions pour que ces personnes sortent de cette emprise.
Une autre conséquence est un refus du corps et de sa propre sexualité, une méfiance, un tabou, une culpabilité, quelque chose qui m’éloigne de Dieu. La théologie du corps de Jean-Paul II à réaffirmé que le corps est ce qui manifeste de façon visible ce qui est invisible, pour ce qui est de l’amour des époux et dans le corps du Christ.
Par excès
La surprotection :
Quelquefois une angoisse maternelle (fausse-couche, FIV non réussie, …) repose sur l’enfant, la mère ne le laisse pas partir, cela peut générer une anxiété une culpabilité, l’enfant n’est pas aimé pour lui-même mais pour un autre motif. Cet enfant développera plus facilement une toute-puissance, une sensualité.
Autre excès du sens du toucher : l’abus sexuel
On y est plus sensible maintenant qu’auparavant, particulièrement sur les mineurs. S’installe dans les personnes une peur et un manque de confiance en soi, mais aussi une tendance à l’isolement, une dépréciation de soi-même. Les victimes sont dans une grande détresse, quelque chose a été cassé, les victimes se sentent coupables.
Comment guérir ?
Rendre coupable ses propres parents ne nous aide pas. Quelquefois ces personnes qui en veulent à leurs parents en veulent aussi à Dieu qui a permis cela.
Le remède c’est la miséricorde, à plusieurs niveaux.
Jean-Paul II dit que la miséricorde de Dieu est une forme de toucher, c’est un toucher spirituel que le Seigneur a avec nous.
Il peut y avoir plusieurs formes de miséricorde :
La miséricorde envers soi-même :
La personne est rendue capable d’aimer de façon équilibrée, c’est pas le pardon envers soi-même que cette miséricorde envers soi-même doit passer, à travers son propre corps, en accueillant ses limites. Prendre soin de son corps c’est se donner la tendresse que l’on n’a pas reçue.
En Afrique, en Amérique latine le corps et beaucoup plus sollicité.
Le corps peut être facilitateur de relations.
Dans notre foi cette dimension corporelle n’est pas assez présente, alors que nous sommes comme chrétiens la religion du corps, il n’y a pas plus incarné que le chrétien.
On peut se donner à soi-même de façon chaste la tendresse qu’on n’aurait pas reçue en prenant soin de soi-même et de son propre corps, on se découvre alors aimable et cela permet à d’autres de nous donner de la tendresse. La personne qui n’a pas reçu a du mal à recevoir des autres une fois adulte.
La miséricorde envers ses parents
Les jeunes adultes découvrent le couple de leurs parents, comment entre eux ils se manifestent de la tendresse ou non. Nos parents aussi donné ce qu’ils ont reçu : ni le reproche ni la colère envers nos parents ne peut nous faire grandir.
***La miséricorde de Dieu
Jean-Paul II dans l’encyclique « Dives et Misericordia » dit :
« La croix est le moyen le plus profond pour la divinité de se pencher sur l’homme et sur ce que l’homme, surtout dans les moments difficiles et douloureux, appelle son malheureux destin. »
La croix est comme un toucher de l’amour éternel sur les blessures les plus douloureuses de l’existence terrestre et l’accomplissement jusqu’au bout du programme de salut.
Jésus en souffrant sur la croix vient rejoindre on nous ce qui est blessé. A travers les sacrements nous sommes aussi rejoints dans nos blessures, dans nos blessures corporelles liées au toucher.
Tout au long de son ministère, Jésus se laisse toucher par les autres même physiquement (Mt 9, 22) (Lc 7, 44-47). Il n’a pas peur du toucher : par le toucher, Il franchit tout ce qui est de la frontière du pur et de l’impur. Mais aussi, lorsqu’Il dit :
« Ne me touche pas ! » Jn 20
Jésus vient à la fois guérir et purifier ce qu’il y a d’excessif dans le sens le toucher qu’on peut avoir.