Introduction à la Lectio Divina

Enseignement de la halte spirituelle pour femmes (Octobre 2024 - Ourscamp)

Pratique associée à la tradition monastique et plus particulièrement du Carmel, la lectio divina, également appelée lecture priante ou lecture sainte, est une méthode pour lire la parole de Dieu de manière approfondie.
Suite au concile Vatican II, les laïcs ont été encouragés par les papes Jean-Paul II et Benoit XVI à l’utiliser pour entrer en conversation avec Dieu :
« Il n’existe pas de priorité plus grande que celle-ci : ouvrir à nouveau à l’homme d’aujourd’hui l’accès à Dieu, au Dieu qui parle et qui nous communique son amour pour que nous ayons la vie en abondance. » (Verbum Domini 2)

Serviteurs de Jésus et de Marie

Les étapes de la lectio divina habituelles sont la lecture, la méditation et la contemplation. Les conditions dans lesquelles on entre et on sort de la lectio sont aussi importantes : les préliminaires et la conclusion sont également à prendre en compte.

Les préliminaires

Ce matin, nous allons nous limiter à l’un des préliminaires tout à fait essentiel : invoquer l’Esprit Saint. Si nous le faisons, c’est précisément parce nous ne nous approchons pas d’une parole seulement humaine mais de la Parole de Dieu. C’est l’Esprit Saint qui a inspiré cette Parole qui nous donne de la décoder.

« L’Esprit-Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. » (Jn 14, 26)

Le corps de la lectio

Lecture

Il faut prendre garde au fait de lire la Parole un peu rapidement en pensant « je connais déjà ». De fait nous avons déjà fait l’expérience qu’un verset que nous avons déjà lu 100 fois vient brusquement s’illuminer pour nous.
Il peut être bon de prendre le texte dans une autre traduction. C’est très facile avec internet.

Nous avons besoin d’un peu de temps pour lire la Parole de Dieu telle qu’elle est, de ne pas passer trop vite sur les détails, …

Cette première étape permet de noter ce qui a attiré notre attention, ce qui nous a posé question, …

Méditation

Cette deuxième phase est plus active.

Contexte

La place de ce texte dans la Bible, dans l’Évangile, les liens avec ce qui précède (ici, il est notamment question du 3e jour : à quoi cela se réfère-t-il ?).

Références dans la marge

Ce sont des passages bibliques parallèles qui viennent éclairer le passage que nous sommes en train de lire.
 https://saintebible.com/john/2-1.htm très pratique pour trouver les parallèles dans la Bible.

Les notes en bas de page

  • Critique textuelle : Par exemple la note « h » à propos de la descente à Capharnaüm annoncée solennellement.
  • Aide pour comprendre un passage un peu difficile : par exemple la note « d » à propos de l’expression « Quoi à moi et à toi ? »
  • Aide pour comprendre la portée du passage : par exemple la note « g » à propos des signes.
  • Une autre possibilité est d’aller dans l’index des citations bibliques du CEC. Cela nous permet de voir comment ce texte a nourri la pensée de l’Église.

Les commentaires

Il y a de multiples commentaires. http://jesusmarie.free.fr/verset.html La Sainte Bible Expliquée verset par verset

Quelques questions à poser au texte qui aident à approfondir la lecture

  • Quel est le genre littéraire (récit, loi, prière, prophétie, sagesse) ?
  • Quel est le point de vue du narrateur ? Quel est l’objectif du texte : simplement raconter, édifier ? Quel est l’enjeu, qui est visé ? Quelle est l’idée forte, le thème principal ? Que voulait-il dire à ses premiers destinataires ?
  • Quel est le plan de la péricope ?
  • Quels sont les personnages ? Qui intervient et qui est spectateur ?
  • Quelles émotions affleurent dans le récit ?
  • Quels sont les détails qui choquent ou déconcertent ? Avons-nous l’impression d’une contradiction avec d’autres passages de la Bible ?

Recherches pour approfondir

Par exemple, chercher ce que signifie « gloire » dans le « Vocabulaire de Théologie Biblique ».

Prière et contemplation

On utilise les mots du passage pour prier. On parle à Dieu de ce qu’on ressent, de ce qu’on a compris. On lui fait part de nos demandes.

Lorsqu’un verset éveille en moi un écho profond, je le laisse retentir longuement. C’est plus un moment de cœur à cœur où on goûte cette proximité de Dieu.

La conclusion de la lectio

Dieu m’appelle-t-il à quelque chose ?

Est-ce que cette écoute de la Parole m’amène à modifier quelque chose dans ma façon de penser et d’agir ? J’identifie ce que je retiens, un point de conversion, une prière (un verset), une parole réconfortante, une pensée stimulante, …

Garder la Parole

Je m’efforce de « garder » la Parole, éventuellement dans un petit carnet, …

Action de grâces

Je remercie Dieu par une courte prière d’action de grâce.

Les noces de Cana (Jn 2, 1-12) (Bible de Jérusalem 1998 ; les notes ou références entre [] viennent de la TOB 1988)
2, 1 Le troisième jour (b), il y eut des noces à Cana de Galilée [4, 46 ; 21, 2], et la mère de Jésus y était ©. 2 Jésus aussi fut invité à ces noces, ainsi que ses disciples. Et ils n’avaient pas de vin, car le vin des noces était épuisé. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » Jésus lui dit : « Que me veux-tu (d), femme (e) [19, 26 ; 7, 30 ; 1R 17, 18 ; Mc 1, 24] ? Mon heure (f) n’est pas encore arrivée. » Sa mère dit aux servants : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » (Gn 41, 55)
6 Or il y avait là six jarres de pierre, destinées aux purifications des Juifs (Mc 7, 3-4) [Jn 3, 25], et contenant chacune deux ou trois mesures. 7 Jésus leur dit : « Remplissez d’eau ces jarres. » Ils les remplirent jusqu’au bord. 8 Il leur dit : « Puisez maintenant et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. 9 Lorsque le maître du repas eut goûté l’eau devenue vin – et il ne savait pas d’où il venait, tandis que les servants le savaient, eux qui avaient puisé l’eau – le maître du repas appelle le marié 10 et lui dit : « Tout homme sert d’abord le bon vin et, quand les gens sont ivres, le moins bon (Mt 26, 29p ; Lc 5, 37-39p). Toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent ! » 11 Cela, Jésus en fit le commencement des signes (g) à Cana de Galilée (4, 54 ; 12, 37 ; [20, 30-31 ; Is 8, 23 ] ; Ex 4, 30-31 ; Jn 1, 14+ ; [Jn 1, 50 ; 11, 40 ; 12, 41]) et il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui. 12 Après quoi, il descendit à Capharnaüm, lui, ainsi que sa mère et ses frères (Mt 4, 13 ; 12, 46+ ; Ac 1, 15+) et ses disciples, et ils n’y demeurèrent que peu de jours (h).

Notes de bas de page :

b) Trois jours après la rencontre avec Philippe et Nathanaël ; l’évangile s’ouvre ainsi par une semaine complète comptée presque jour par jour, et aboutissant à la manifestation de la gloire de Jésus.

Marie est présente au premier miracle qui révèle la gloire de Jésus, et de nouveau à la croix, 19 25-27. Par une intention manifeste, plusieurs traits se répondent dans les deux scènes.

d) Litt. « Quoi à moi et à toi ? », sémitisme assez fréquent dans l’AT, Jg 11 12 ; 2 S 16 10 ; 19 23 ; 1 R 17 18, etc., et dans le NT, Mt 8 29 ; Mc 1 24 ; 57 ; Lc 434 ; 8 28. On l’emploie pour repousser une intervention jugée inopportune ou même pour signifier à quelqu’un qu’on ne veut avoir aucun rapport avec lui. Le contexte seul permet de préciser la nuance exacte. Ici, Jésus objecte à sa mère le fait que « son heure n’est pas encore arrivée ».

TOB : Litt. Qu’y a-t-il pour toi et pour moi ? Dans certains contextes cela peut signifier : De quoi te mêles tu ? Ainsi Mc 1, 24. L’expression était courante dans les milieux juifs comme dans la langue grecque. Elle marque une certaine différence de plan entre les interlocuteurs. Effectivement l’action de Jésus va se situer à un niveau qui dépasse de beaucoup celui que Marie devait normalement envisager.

e) Cette appellation, insolite d’un fils à sa mère, sera reprise en 19 26, où sa signification s’éclaire comme un rappel de Gn 3 15, 20 : Marie est la nouvelle Eve, « la mère des vivants ».
TOB : L’usage du mot femme n’implique aucune nuance d’irrespect (19, 26), il est surtout conforme aux usages helléniques (voir aussi 4, 21 ; 8, 10 ; 20, 13.15).

f) L’« heure » de Jésus est l’heure de sa glorification, de son retour à la droite du Père. L’évangile en marque l’approche, 7, 30 ; 8, 20 ; 12, 23.27 ; 13, 1 ; 17, 1. Fixée par le Père, elle ne saurait être avancée. Le miracle obtenu par l’intervention de Marie en sera cependant l’annonce symbolique.
TOB : Le mot heure désigne généralement le moment de la manifestation de la gloire divine de Jésus ; il s’agit le plus souvent de l’heure de la croix en tant qu’elle marque le passage dans la gloire (12, 23.27 ; 13, 1 ; 17, 1 ; 7, 30 ; 8, 20). Il peut être question aussi du moment fixé par le Père pour la manifestation anticipée de la gloire gloire à travers les signes. Jésus prend ses distances par rapport à sa mère (cf. 2,49) et signifie que le miracle qui va manifester sa gloire (2, 11) s’accomplit en fonction de la volonté de son Père. Autre traduction grammaticalement possible : Mon heure n’est-elle pas venue ? Environ 40 litres par mesure ; il s’agit donc d’une quantité considérable.

g) Comme Moïse, Ex 4 1-9, 27-31, Jésus doit accomplir des « signes » pour prouver qu’il a été envoyé par Dieu, - car Dieu seul peut maîtriser les lois naturelles, Jn 32 ; 931-33. Durant sa vie terrestre il en accomplira six, 2, 1-11 ; 4, 46-54 ; 5, 2s ; 6, 5-14 ; 9, 1-16 ; 11, 1s ; cf. 12 18, le dernier étant la résurrection de Lazare qui préfigure sa propre résurrection, le signe par excellence, 2, 18-19 ; cf. 10 17-18. Ces signes, et beaucoup d’autres qui ne sont pas explicitement décrits, doivent provoquer la foi en la mission du Christ, 2, 23 ; 4, 45 ; 6, 2 ; 7, 31 ; 10, 40-42 ; 20, 30-31. Mais la première partie de l’évangile se clôt sur une note désabusée, 12, 37. En 4, 48, cf. 20, 25-29, de rédaction probablement plus tardive, Jésus reproche à ses interlocuteurs d’avoir besoin de « signes » pour croire. Ce texte mis à part, c’est l’évangéliste qui emploie le mot « signe » à propos de Jésus ; Jésus, lui, parle des « œuvres », les siennes, 5, 36+, ou celles de ses disciples, 14, 12.
TOB : Les évangiles synoptiques avaient réservé l’usage du mot signe (sémeion) aux grands prodiges qui devaient marquer l’inauguration des temps messianiques (Mt 12,38 ; 16,1-4 ; Mc 8, 11-12 ; Lc 11, 16.29) ; par contraste, ils désignaient les miracles par des mots comme dynameis (actes de puissance). Jn, renouant avec l’A. T. (Is 66, 19), considère les signes comme des gestes symboliques qui ont pour fonction d’indiquer qu’en Jésus a lieu l’événement eschatologique ; ils invitent tous les hommes à percevoir la filiation divine de Jésus. La transformation de l’eau en vin qui eut lieu à Cana symbolise probablement le passage de l’Ancienne à la Nouvelle Alliance.

h) Cette descente à Capharnaüm, annoncée si solennellement, semble sans objet. Nombre d’auteurs admettent que, dans le document primitif repris par l’évangéliste, le récit de 4, 46b et suivants en constituait la suite immédiate, cf. 4, 46a+. Cette solution rapprocherait les formules parallèles de 2, 11 et 4, 54.

Autres commentaires :

2, 1-4 : S. CHRYS. (hom. précéd.) Le Sauveur est invité à ces noces, non pas comme un personnage considérable, mais simplement comme une connaissance ordinaire. C’est ce que semble indiquer l’Evangéliste en ajoutant : « Et la mère de Jésus y était, » c’est-à-dire qu’ils invitèrent le fils, parce qu’ils avaient invité la mère : « Et Jésus fut aussi convié aux noces avec ses disciples. »
BEDE. (hom pour le 1° dim. après l’Epiphan.) La démarche pleine de condescendance de Jésus, en assistant à ces noces, confirme la foi des chrétiens, et démontre combien est condamnable l’erreur de Tatien et de Marcion, qui déclarent le mariage illicite. Si le lit nuptial, orné de la pureté requise, et le mariage, contracté avec la chasteté voulue, étaient illicites, le Seigneur n’eût jamais voulu assister à ces noces. … Dans sa jeunesse, il honore de la présence de sa haute vertu les noces auxquelles il est invité.
S. AUG. (du symbole, 2, 5) Jésus, en tant qu’homme, était inférieur à Marie, et il lui était soumis ; mais en tant que Dieu, il était au-dessus de toutes les créatures. C’est donc pour bien distinguer entre l’homme et Dieu, qu’il dît à Marie : « Femme, qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? »
S. AUG. (du symbole, 2, 5.) Ou bien encore, Nôtre-Seigneur répond de la sorte, parce qu’en tant qu’il était Dieu, il n’avait point de mère ; il en avait une en tant qu’homme, mais le miracle qu’il devait opérer était l’oeuvre de la divinité, et non de la faible nature humaine. Cependant la mère de Jésus le pressait de faire ce miracle. Mais Jésus, alors qu’il allait accomplir les oeuvres divines, semble méconnaître le sein où il a été conçu, et il dit à sa mère : « Femme, qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? » paroles dont voici le sens : Vous n’avez pas engendré la puissance qui doit en moi opérer ce miracle, c’est-à-dire ma divinité.

2, 5 : Même parole que dans la réponse de l’Annonciation « Quoi qu’il vous dise faites le » « Qu’il ma soit fait comme tu l’as dit »
S. AUG. (Traité 9 sur S. Jean.) C’était de l’eau qu’il avait sous les yeux, et il a changé cette eau en vin lorsqu’il ouvrit l’intelligence de ses Apôtres et qu’il leur expliqua les Ecritures. (Lc 24) C’est ainsi qu’il donne de la saveur à ce qui était insipide, et une force enivrante à ce qui n’en avait aucune.

Dans le Catéchisme de l’Église Catholique :

  • n° 2618 (2, 1-12) : « L’Evangile nous révèle comment Marie prie et intercède dans la foi : à Cana (cf. Jn 2, 1-12) la mère de Jésus prie son fils pour les besoins d’un repas de noces, signe d’un autre Repas, celui des noces de l’Agneau donnant son Corps et son Sang à la demande de l’Église, son Epouse. Et c’est à l’heure de la nouvelle Alliance, au pied de la Croix (cf. Jn 19, 25-27), que Marie est exaucée comme la Femme, la nouvelle Eve, la véritable " mère des vivants ". »
  • n° 1613 (2, 1-11) : « Au seuil de sa vie publique, Jésus opère son premier signe — à la demande de sa Mère — lors d’une fête de mariage (cf. Jn 2, 1-11). L’Église accorde une grande importance à la présence de Jésus aux noces de Cana. Elle y voit la confirmation de la bonté du mariage et l’annonce que désormais le mariage sera un signe efficace de la présence du Christ. »
  • n° 495 (2, 1) : « Appelée dans les Évangiles « la mère de Jésus » (Jn 2, 1 ; 19, 25 ; cf. Mt 13, 55), Marie est acclamée, sous l’impulsion de l’Esprit, dès avant la naissance de son fils, comme « la mère de mon Seigneur » (Lc 1, 43) ».
  • n° 486 (2, 11) : « Le Fils unique du Père en étant conçu comme homme dans le sein de la Vierge Marie est « Christ », c’est-à-dire oint par l’Esprit Saint (cf. Mt 1, 20 ; Lc 1, 35), dès le début de son existence humaine, même si sa manifestation n’a lieu que progressivement : aux bergers (cf. Lc 2, 8-20), aux mages (cf. Mt 2, 1-12), à Jean-Baptiste (cf. Jn 1, 31-34), aux disciples (cf. Jn 2, 11) ».
  • n° 1335 (2, 11) : « Le signe de l’eau changé en vin à Cana (cf. Jn 2, 11) annonce déjà l’Heure de la glorification de Jésus. Il manifeste l’accomplissement du repas des noces dans le Royaume du Père, où les fidèles boiront le vin nouveau (cf. Mc 14, 25) devenu le Sang du Christ ».