Si le pardon est caractéristique des chrétiens, il reste un sujet universel et il joue un peu le rôle des éboueurs, car là où il y a de la vie, là il y a des déchets !
Accordés sans douleur pour un mot ou un geste de trop, il y a les pardons ordinaires. Et puis il y a les pardons extraordinaires, ceux que nous avons tant de mal à concéder, après avoir été blessés au plus profond de nous-mêmes. Pardonner à un parent bourreau, à un agresseur ou au chauffard qui a renversé l’un de nos proches implique un cheminement intérieur long et exigeant, difficile à vouloir, dur à parcourir.
« Ne jugez pas, afin de ne pas être jugés ; car du jugement dont vous jugez on vous jugera […]. Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? » (Mt 7, 1-3 ; 1 Co 4, 5)
On ne peut jamais mesurer la profondeur de la souffrance de celui qui a été blessé. De plus, certains traits de caractère rendent le pardon plus difficile et favorisent la rancune : le secondaire est une personne chez qui les événements retentissent longtemps. Nous ne sommes pas tous égaux devant le pardon. Enfin, le processus opère en partie à notre insu et il se fait en plusieurs étapes :
- Le pardon prend du temps : il faut de la patience pour laisser mûrir le pardon. C’est tout un chemin qui passe par bien des étapes. Pardonner est un acte mais aussi un processus long et complexe qui comporte bien des étapes.
- Le pardon rencontre des résistances. Quelquefois nous pouvons avoir l’impression que nous appuyons à la fois sur l’accélérateur et le frein : nous voulons pardonner mais nous n’y arrivons pas. C’est pourquoi il est intéressant de mieux identifier nos résistances à pardonner. Il peut y avoir une réaction quasi compulsive qui fait que le pardon n’est pas concevable.
- Le pardon est à la charnière de l’humain et du surnaturel. C’est comme dans la vie spirituelle en général : il y a des passages qu’il nous est donné de faire. A ce moment-là, il faut se laisser faire (on passe de la rame aux voiles). Le pardon n’a rien de triomphaliste. On ne pardonne pas sans le vouloir. Mais à un certain moment, le pardon est une grâce à recevoir.
- Pour nous croyants, le chemin du pardon est balisé par la prière. C’est une vraie aventure spirituelle que nous vivons avec Dieu.
C’est comme cela que j’ai bâti mon livre en douze étapes pour être capable de pardonner. » (Père Jean Montbourquette)