Cette conférence a été préparée sur la base d’un enseignement du Père Lionel Dalle et d’Anne-France de Boissière.
Texte de la conférence :
Pour éviter le côté passif de l’enseignement, cette soirée a été ponctuée de petits exercices que vous pouvez pratiquer en le réécoutant. L’objectif est qu’il ne fasse pas que vous instruire, mais vous transforme.
Qu’est-ce que la gratitude ?
Pourquoi est-ce important de parler de la gratitude ?
Tout d’abord, on pourrait se demander pourquoi un topo sur la gratitude ? c’est qu’il y a bien un défi d’ouvrir son cœur à ce que Jésus veut nous donner : il y a tant de raisons pour ne pas avoir le cœur ouvert… Par exemple :
- je suis préoccupé,
- je suis en colère,
- je suis venu sans attendre grand-chose,
- j’ai des choses lourdes qui pèsent sur ma conscience,
- je ne suis pas disponible intérieurement pour accueillir le don de Dieu,
- j’ai peur d’être ridicule…
Comment ouvrir son cœur ?
C’est une attitude qui a le pouvoir d’ouvrir notre cœur à Dieu mais aussi aux autres.
Elle s’accompagne d’effets positifs sur les personnes, à commencer par le corps : se remémorer les trois beaux moments de ma journée aide au sommeil profond. Cela donne une meilleure santé et aide à vivre plus longtemps.
On peut également parler de bienfait sur le mental.
Vivre dans la gratitude, qu’est-ce que ça change ?
La gratitude entraîne la joie et l’amour. Elle fortifie la volonté et augmente la motivation, elle donne confiance dans le futur.
Elle nous apporte également des bénéfices financiers car nous empêche de faire des dépenses compulsives pour combler le vide en nous.
Dans le couple, elle fait naître des bienfaits sur la relation avec un climat de joie, de paix, de bienveillance et de don de soi dans le couple.
Dans le travail, cela contribue à la bonne atmosphère, à l’esprit d’équipe, peut entraîner un changement de regard sur les personnes. Il y a ainsi plus de lien social, de climat de confiance avec les autres et cela devient réciproque.
Y a-t-il un lien entre gratitude et don ?
La gratitude nous rend meilleurs et nous fait prendre conscience de la chance que nous avons, nous pousse à partager avec les autres et à donner : les autres sont touchés ils entrent dans la gratitude de recevoir et cela les pousse à redonner à d’autres qui vont aussi redonner.
La gratitude va générer une cascade du don : « J’ai reçu donc je donne ».
Le don est un moteur à trois temps don pour soi, don à soi, don de soi (c’est l’exemple du restaurant où l’on a payé pour d’autres, et cela a entraîné cinq heures de cascade du don).
Elle nous fait entrer dans les bienfaits de la relation à Dieu où tout est don. On revient à Dieu dans l’action de grâce qui se dit en grâce eucharistein en grec. Pendant la messe on remercie Jésus.
Rendre grâce attire la grâce, plus on remercie plus ça nous ouvre le cœur plus ça nous dispose à accueillir la grâce de Dieu. C’est un cercle vertueux entre rendre grâce et recevoir la grâce.
La gratitude est cette attitude intérieure qui nous pousse à louer : c’est l’attitude par excellence de la gratitude. En louant le Seigneur je me dispose à recevoir ses grâces.
Les trois étapes de la gratitude
La gratitude est la réponse à un bienfait : Je reconnais que j’ai reçu un bienfait. C’est une prise de conscience que j’ai reçu quelque chose de gratuit auquel je ne m’attendais pas. Cette première étape de reconnaissance est dans l’intelligence.
La deuxième étape est dans le cœur : je ressens l’émotion de reconnaissance de joie, je goûte cette émotion.
La troisième étape c’est remercier : cela concerne la volonté et je redonne.
On est structuré autour de l’intelligence de l’émotion et de la volonté. La gratitude touche ces trois aspects propres à toute personne humaine. Il y a un pôle où on est plus à l’aise soit l’intelligence, soit la volonté soit l’émotion. Nous pouvons faire le travail de nous demander quel est notre pôle le plus fort, celui qui est le plus difficile : par exemple, une faiblesse de la volonté, des émotions bloquées ou au contraire qui m’emportent…
Je vous dis bravo d’être là et croyez que c’est le Seigneur qui vous a invité. Vous êtes comme vous êtes et c’est parfait. On a des blocages dans la gratitude et on va faire un exercice. Il n’y a pas de prérequis pour être dans la gratitude.
Il faut s’asseoir au fond de sa chaise. On retrouve un moment de bonheur.
Je me souviens d’un moment de la vie où j’étais heureux : avec qui j’étais, qu’est-ce que je faisais.
Vous souriez et c’est le signe que mes émotions, j’aime trop ma vie, j’ai de la chance !
Je laisse un deuxième souvenir revenir dans ma mémoire. Je me remémore les couleurs, les odeurs, les personnes avec qui j’étais. J’étais avec d’autres, ou seul face à un coucher de soleil.
Je fais mémoire de ce qu’il y avait dans mon cœur, je revis cette émotion, cette joie, et je dis merci.
Merci à Dieu pour ma vie, de m’aimer tels que je suis. Merci Dieu pour la joie que tu mets dans mon cœur, de me mettre dans cette attitude de gratitude.
Comment devenir des personnes habitées par la gratitude ?
La gratitude comme une habitude de fond, une vertu. Cela permet d’atténuer les oscillations de notre âme.
Comme une vertu, elle s’inscrit par la répétition des actes et cela devient une deuxième nature. La répétition crée la transformation.
Vous pouvez prendre un carnet de gratitude et noter trois moments de gratitude vous les ressentez.
Il y a quatre niveaux dans la vertu de gratitude :
- L’ingratitude : je suis dans la plainte, l’impuissance, la victimisation,
- Niveau 2 : je ressens des moments de gratitude dans ma semaine, de temps en temps
- Niveau 3 : je fais des exercices, l’effort conscient de cultiver l’attitude de gratitude. J’utilise un carnet pour les inscrire. Je pratiquer la vertu de façon intentionnelle, j’apprends à vivre les petites difficulté ou contrariétés dans la gratitude. Il s’agit aussi d’exprimer de la gratitude dans les choses difficiles : ce n’est ni facile ni spontané…
- Niveau 4 : la gratitude est installée dans ma vie de façon spontanée. Ça devient un trait de mon caractère qui est le fruit d’un travail spirituel qui fait naître la vertu en moi.
Sur une échelle de 1 à 10 quel est mon niveau de gratitude et de joie. Si j’ai 2 ou 8 qu’est-ce qui a fait que je suis arrivé là.
Qu’est ce qui dépend de moi qu’est-ce qui dépend de Dieu ? C’est le travail de la grâce et mon travail. Le fait que je fasse des efforts est le fruit de la grâce.
Il y a deux écueils :
- le premier est le volontarisme qui pense que si je fais un effort je vais arriver à m’en sortir : c’est le pélagianisme
- le deuxième écueil c’est le quiétisme qui signifie être tranquille, penser que la grâce fera tout. C’est une erreur. Saint Augustin dit à ce sujet :
« Dieu qui t’a créé sans toi ne te sauvera pas sans toi. »
Que penser des formations non chrétiennes en développement personnel ?
Si elles sont de qualité, elles sont concrètes et pratiques : comment arrêter de râler, par exemple.
Il y a cependant deux problèmes : la plupart du temps, elles sont volontaristes faites des efforts ça va marcher. C’est toujours l’idée que l’on peut se sauver soi-même : la volonté sans humilité.
Ces formations sont souvent narcissiques, alors qu’il s’agit de se se tourner vers Dieu et vers les autres. On entend par exemple : « dites-vous merci à vous-même »…
Si vous constatez que cela vous coupe de Dieu et des autres, il vaut mieux arrêter de faire ce genre de formation.
Comment développer la gratitude dans les occasions difficiles ?
Se dire c’est intéressant que ma voiture ne démarre pas. C’est passionnant comme cette personne m’exaspère, que j’apprends quelque chose de la contrariété…
Se dire ce n’est pas grave, regarder plus haut, que c’est utile, une nouvelle opportunité de grandir dans la gratitude…
Imaginez un oiseau qui s’élève et voit les choses de haut : il voit à quel point ce n’est pas très grave. Dans dix ans, on ne considérera pas cela comme grave.
Non seulement ce n’est pas grave c’est même utile, et même drôle vu par l’ange de très loin et dans longtemps.
Conclusion :
La question de la gratitude est fondamentale car ce que Dieu a fait pour nous est extraordinaire !
Jésus se plaint car en échange de Son amour, Il ne reçoit que des ingratitudes. Il dit à Marguerite Marie :
« Donne-moi ce plaisir de suppléer à l’ingratitude autant que tu en es capable. »
Entre vivre une vie se plaignant et en râlant et vivre dans la gratitude la différence est considérable…