Texte de la conférence :
Voilà que nous sommes directement introduits dans le thème de notre méditation qui est « La joie chrétienne ».
Cette question de la joie chrétienne est très centrale dans l’Évangile. En Matthieu 25, nous trouvons plusieurs citations : « Rentre dans la joie de ton maître », à propos de celui qui a donné à manger à celui qui avait faim, donné à boire à celui qui avait soif, habillé celui qui était nu… « Quand est-ce que j’ai fait cela, Seigneur ? Ce que vous avez fait au plus petit d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. Entre dans la joie de ton maître. »
Donc le fait d’entrer dans la joie du Seigneur, c’est entrer dans la vie éternelle.
La joie, c’est quelque chose qui anticipe la vie éternelle. Nous serons dans la joie parfaite non pas dans ce monde. Je crois que c’est important de faire d’une certaine manière le deuil d’une joie parfaite ici-bas. De même que faire le deuil d’une réconciliation parfaite : les réconciliations que nous pouvons avoir, ce sont les signes avant-coureurs d’une réconciliation : Dieu sera tout en tous. Même les joies que nous pouvons avoir, pour lesquelles à certains moments, notre cœur déborde, sont l’anticipation de ce que nous vivrons. Il ne faut donc pas s’inquiéter quand on dit : "J’ai vécu un moment très fort avec le Seigneur, un moment fort en communauté, etc., et le lendemain je me réveille et me retrouve avec la réalité même de ma vie -qui parfois n’est pas toujours très drôle- cela fait partie de la réalité humaine. Nos vies sont faites à la fois de joies et de peines. Accueillir cela est une attitude d’humilité.
« Moi, j’ai ma joie dans le Seigneur. » (Ps14,34)
Au fond, la joie vient de la foi. Et c’est là la joie chrétienne. _ Ce n’est pas simplement une joie qui serait mue par des choses terrestres, même si cela a une importance, mais c’est une joie qui vient de la foi, qui vient de l’union avec Dieu : « Moi, j’ai ma joie dans le Seigneur » Et plus on contemple la création du seigneur, plus on s’exclame « que Dieu se réjouisse dans ses œuvres » (Ps 104,31).
Donc on s’aperçoit que le fait de voir la beauté de la création est une source de joie dans le sens où nous rentrons dans une dimension contemplative. Nous rentrons dans cette joie du Seigneur parce que Dieu se réjouit dans ses œuvres. Dans ses œuvres que nous sommes aussi : Dieu se réjouit en nous. Ce n’est pas simple à croire, parce qu’on se dit « mais comment peut-Il trouver sa joie aussi en nous ? » Mais c’est quelque chose de très profondément important pour le croyant qui ne vit pas simplement au niveau horizontal mais qui a cette dimension verticale de dire « cette joie à laquelle je suis invité est une joie qui s’appuie sur Dieu ». La joie du Seigneur est mon rempart comme le dit le prophète Néhémie.
J’ai parfois en moi une certaine tristesse, on verra de quoi viennent nos tristesses. Est-ce que ce sont des tristesses selon l’Esprit c’est-à-dire des tristesses de voir que Dieu n’est pas aimé : « L’Amour de Dieu n’est pas aimé » comme le disait saint François d’Assise, ou est-ce que ce sont des tristesses qui viennent du fait, qu’au fond, je me mets beaucoup au centre ?
Parler de la joie, c’est analyser aussi ce qu’est sa tristesse : qu’est-ce qui me rend triste ? Parce que je n’ai pas eu le dernier mot ? Parce que je n’ai pas été le centre d’attention ? Parce que je rentre dans une dimension de comparaison ?….
Alors on voit bien que rentrer dans la joie n’est pas simplement du domaine de l’émotion : c’est aussi rentrer dans un combat spirituel, entrer dans le fait de nous décentrer de nous-mêmes. Et c’est là où il nous faut demander la grâce du Saint-Esprit pour que la joie du Seigneur nous habite, pour que cette joie ne soit pas simplement une joie humaine, comme pour d’autres qui sont heureux quand ils gagnent au Loto, Bon ben c’est vrai que c’est difficile de ne pas en être heureux !!! Mais est-ce que c’est vraiment ça cette joie-là que l’on veut vivre ? Est-ce que c’est la joie de l’accumulation des biens matériels ?? …
Nos tristesses viennent souvent d’un manque de décentrement de nous-mêmes, au fond d’un manque d’humilité. La joie est presque synonyme d’humilité. Dieu donne sa joie aux humbles.
Et l’humilité, ce n’est pas spontané. La joie n’est pas simplement qu’une émotion. C’est une attitude de foi, c’est le fruit, en tous cas, d’une attitude de foi. Vous savez très bien que la joie est un des fruits de l’Esprit-Saint. Quand Saint Paul évoque les fruits de l’Esprit-Saint, il évoque la joie. La manière dont Dieu agit en moi se traduit par une joie intérieure. J’insiste sur cet aspect intérieur, parce qu’il ne s’agit pas de « s’éclater ». Le monde, la société procède beaucoup par distraction alors que Dieu, Lui, procède par attraction. Se laisser attirer par le Seigneur. C’est ça qui me rend joyeux. Ce n’est pas simplement une réalité humaine, c’est une réalité transcendante pour le chrétien. Ce qui va faire que même dans l’épreuve, parce qu’il sait qu’il partage la Passion du Seigneur, et bien il aura cette joie d’être uni à Dieu. C’est un don de Dieu, c’est quelque chose de très fort. C’est une grâce qui nous est donnée.
A. Les joies dans l’Ancien Testament
1- Les joies de la vie.
Il est important de se réjouir de ce qui fait notre quotidien.
Dieu fait des joies humaines de la vie un élément de ses promesses. Il a le désir de se manifester à travers cette humanité que nous vivons : ces joies simples, ces bonheurs humbles, ces manières d’avoir un regard plus contemplatif sur notre quotidien.
J’ai beaucoup aimé cet après-midi la première visite que nous avons eue, nous avons rencontré un homme qui était « porté », qui a voulut faire le lien entre cette dimension spirituelle et son travail du vin et de la vigne. Nous avons pu remarquer que c’était d’abord un contemplatif. Et la joie, c’est souvent ça, c’est la joie qui a ce Carpe Diem (cueillir le jour), c’est découvrir dans ce jour ce qui est source de louange. Qu’on ne se couche pas sans avoir rendu grâce. Même si le jour n’a peut-être pas été psychologiquement porteur pour différentes raisons, cela ne veut pas dire que je ne peux pas rendre grâce à Dieu, ne serait-ce que pour sa présence.
La joie chrétienne n’est pas du domaine de l’émotionnel
Il faut distinguer l’aspect psychologique, émotionnel, des choses. Tant mieux si l’aspect émotionnel est au rendez-vous ! Mais il n’est pas toujours au rendez-vous… Tant mieux si les sentiments sont là. Mais, plus profondément, il me faut accepter de rentrer dans les joies de la vie quotidienne dont parle surtout l’Ancien Testament.
Dans le livre du Qohélet (livre de la Sagesse), il est dit : « Voici ce que j’ai vu : le bonheur qui convient à l’homme, c’est de manger, de boire, de trouver le bonheur dans tout le travail qu’il accompli sous le soleil, tout au long des jours de la vie que Dieu lui donne, c’est là sa part. »
C’est donc la part que nous avons que celle de découvrir dans notre réalité humaine quotidienne une source d’action de grâce, une source de joie. Et cette attitude se décide. Ce n’est pas du domaine simplement du ressenti, même si certains moments seront plus porteurs que d’autres, mais ça se décide : Je sais, Seigneur, qu’aujourd’hui, je peux te rendre grâce. Je le sais dans la foi.
De l’importance d’une vie cachée
La joie est liée à la dimension cachée de notre existence. Quelle place donnons-nous à une vie « cachée » ? Ai-je une peur panique face à mon agenda vide ? Est-ce que parce que personne ne m’a appelé aujourd’hui, je ne vaux plus rien ? Est-ce que je peux rester seul dans mon appartement, dans ma chambre ? Est-ce que je rentre dans cette dimension contemplative ? (sans rentrer au monastère !!) « Ferme ta porte et prie ton Père qui es là dans le secret ». Ou est-ce qu’il y a un activisme qui ne nous fait pas du bien, nous mettant trop sous le regard de l’autre ? Car cette attitude nous rend malheureux. Je suis ce que je suis sous le regard de Dieu et donc je suis profondément aimable. « Je t’ai gravé dans les paumes de mes mains » dit le Seigneur par le prophète Isaïe. A côté des joies bruyantes des grands jours, il y a les joies plus intimes, et le sage dans la Bible connaît le prix de cette joie du cœur. Il sait la goûter de l’intérieur.
La joie du monde peut être source de tristesse
Et parfois, cet éparpillement est une source de tristesse ; le passage de l’exaltation à un repliement sur soit (cf. le comportement du cyclothymique) ne nous donne pas la joie.
Pour avoir cette joie intérieure, il faut une certaine stabilité d’esprit, une certaine sérénité : savoir goûter chaque chose. Et ne pas courir après la multiplication des choses. Pourquoi courir à la recherche d’émotions fortes quand le royaume de Dieu est au milieu de vous ? Il est en vous ! N’allez pas chercher parmi les morts Celui qui est vivant ! N’allez pas chercher dans une logique mondaine ce que seulement la vie intérieure vous donnera.
La promesse de la joie est faite à ceux qui suivent le Seigneur : « que ma joie soit en vous, et personne ne vous l’enlèvera. » C’est une promesse de Jésus.
Jean 16,21 « La femme sur le point d’accoucher s’attriste parce que son heure est venue, mais lorsqu’elle a donné le jour à l’enfant, elle ne se souvient plus des douleurs dans la joie qu’un homme soit venu au monde. Vous aussi, maintenant, vous voilà tristes, mais je vous reverrai de nouveau et votre cœur sera dans la joie, et votre joie nul ne vous l’enlèvera. » La joie nous est donnée gratuitement, c’est comme une surabondance.
Et il nous faut une prise de conscience : qu’est-ce qui crée notre tristesse ? Est-ce que ma seule source de tristesse est que Dieu ne soit pas aimé ? Ou plutôt est-ce parce que je ne suis pas au centre des choses ?
Les cœurs simples sont dans la joie. Il nous faut arriver à une certaine unification intérieure. Ce qui nous conduira à être moins sensible aux louanges, mais aussi moins sensibles aux critiques. On est moins dans le regard de l’autre en se mettant plus sous le regard de Dieu.
Être sage, dans le sens de la sagesse, cela vient de « sapere », goûter. Savoir goûter le quotidien, contempler. Être contemplatif est un choix, c’est un renoncement, mais on goûte tellement plus les choses !!! C’est devenir intelligent dans le sens « intus legere » : lire à l’intérieur. Je lis à l’intérieur de mon quotidien, de la nature, de la Création, de mon prochain.
Cette joie vient parce que le croyant n’est jamais seul et que pour toute situation, il y a possibilité de « lire à l’intérieur ».
Y a-t-il dans notre vie une partie cachée, toute simple ? Ou est-ce qu’on court après l’extraordinaire ? Cette attitude nous fragilise. Soyons plus humble, accueillons et cueillons le jour qui nous est donné.
2-Les joies de l’Alliance
Ce sont des joies plus spirituelles comme par exemple les joies du culte communautaire.
« Criez de joie, les Justes, pour le Seigneur. Au cœur droit convient la louange. Rendez grâce au Seigneur sur la harpe, jouez-lui sur la lyre à dix cordes, chantez-lui un cantique nouveau : de tout votre art accompagnez l’acclamation » (psaume 33)
On voit ici que le peuple se réjouit de la présence de Dieu, de pouvoir célébrer ensemble la présence de Dieu. Il est important que nos célébrations aient un aspect joyeux, sans que ce soit forcément une manifestation extérieure. C’est une grâce de pouvoir ensemble célébrer notre Dieu, ensemble se réunir au nom de notre foi.
« Ce jour est saint pour notre Dieu, ne vous affligez point, la joie du Seigneur est votre forteresse. » (Néhémie 8,10)
Mais ce sont aussi les joies de la fidélité personnelle.
La fidélité bien comprise : souvent, on conçoit la fidélité de façon statique : être fidèle à son engagement, s’y tenir, c’est très bien, c’est déjà pas mal, …c’est le minimum syndical. Mais il y a une fidélité dynamique, c’est-à-dire une joie à la fidélité. Quand on voit la fidélité de Dieu, par exemple, on se dit que Dieu est fidèle non seulement en étant à nos côtés, mais aussi en se révélant chaque fois plus, en se donnant chaque fois plus : dans la Création, dans les prophètes, dans le Christ, dans l’Esprit-Saint, dans l’Église. C’est ça la fidélité du Seigneur, c’est rentrer dans une logique de don, et on voit au fond les joies liées à la fidélité personnelle sont celles liées à la capacité de nous donner et d’accueillir le don de l’autre.
Cette joie dans la foi fait entrevoir une joie plus grande.
Psaume 16 : « Aussi mon cœur exulte, mes entrailles jubilent, et ma chair reposera en sûreté car tu ne peux m’abandonner à la mort, tu ne peux laisser ton ami voir la fosse. Tu m’apprendras le chemin de la vie, devant ta face plénitude de joie, en ta droite délices éternels. »
On voit bien que, même dans l’Ancien Testament, il y avait déjà cette idée de dire : « mais, est-ce que ce que nous éprouvons ici-bas n’est pas déjà l’anticipation de ce que nous éprouverons dans le face à face ? ce qu’on appelle la joie eschatologique de »eschaton" : qui voit les fins dernières. Et on voit bien qu’Israël déjà vit ces joies eschatologiques, c’est-à-dire qui ont à voir avec la vie éternelle.
« Criez de joie, Cieux, car le Seigneur agit. Des profondeurs de la terre poussez un cri de joie montagnes et forêt, les arbres qu’elles contiennent. Car le Seigneur a racheté Jacob, Il s’est glorifié en Israël. » (Isaïe 44,23)
Est-ce que pour nous, le fait d’être sauvé par le Seigneur est une source de joie. Est-ce qu’on prend conscience qu’on a besoin d’être sauvé ? « Sans Moi, vous ne pouvez rien faire. » Est-ce que je prends conscience que sans le Christ, je ne peux rien faire qui construise la vie éternelle ?
C’est la nécessité du Salut, de la miséricorde, du pardon. Jésus nous rappelle qu’ « il y a plus de joie au Ciel chez les anges pour un pécheur qui se convertit que pour quatre-vingt dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. » (Luc 15)
Est-ce que la miséricorde de Dieu est source de joie, d’allégresse, de confiance ?
B. Les joies dans le Nouveau Testament
La joie du Salut est annoncée aux humbles.
Dans Luc plus particulièrement, on se rend bien compte que la venue du Seigneur crée un climat de joie. Surtout dans les évangiles de l’enfance. Luc 1 : « Tu auras joie et allégresse et beaucoup se réjouiront dans sa naissance » pour la naissance de Jean-Baptiste. On le voit aussi dans la salutation de l’Ange à marie : « Réjouis-toi, pleine de grâce. » La naissance de Jésus est une grande joie pour les anges et pour le peuple qu’Il vient sauver, (Luc 2, 10).
Ainsi, on voit que les débuts de la vie de Jésus sont liés à une joie : l’expérience de Dieu qui n’oublie pas son peuple.
Cette joie du Seigneur qui ne permet pas à ses disciples de jeûner : quand l’Époux est là, il n’y a pas besoin de jeûner, c’est cette joie-même qui les habite.
Mais aussi cette joie du Seigneur qui est donnée aux humbles est redoublée par les persécutions évoquées dans la dernière Béatitude : « Heureux êtes vous quand on vous insultera, quand on vous persécutera, quand on dira faussement contre vous toute sorte d’infamie à cause de moi, soyez dans la joie et l’allégresse car votre récompense sera grande dans les Cieux. C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes, vos devanciers. » (Matthieu 5,11-12)
La joie chrétienne va bien au-delà du sentiment.
Même dans l’épreuve, dans la contradiction, même dans la critique, à cause du nom de Seigneur, parce que je suis le Christ et donc je suis rejeté ou même persécuté, et bien j’ai cette joie d’être avec le Seigneur. Nous avons de très beaux exemples de martyres qui comme ça étaient dans la joie. On cite le père Kolbe qui, dans le bunker de la mort, qui chantait, qui était dans l’allégresse parce qu’il éprouvait en sa chair ce que le Christ avait éprouvé. La joie peut aller jusque dans la persécution.
On va ici bien plus loin que dans l’Ancien Testament qui se limitait aux joies du culte, de la vie quotidienne : ici, cette joie est le fruit de la Croix.
C’est très émouvant de voir des personnes affligées, qui ont enduré beaucoup de choses, mais qui sont lumineuses. Parce que la joie, cela demande un décentrement de soi-même. C’est comme une surabondance, on ne se regarde pas, on est dans le don.
La joie que le Seigneur nous propose, c’est une joie qui vient du cœur
Jésus veut communiquer cette joie aux disciples : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez en mon amour, comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure en son amour. Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit complète. Voici quel est mon commandement : vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimé. Nul n’a plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis. »
Au fond, c’est ça la joie que le Seigneur nous propose, c’est une joie qui vient du cœur et de cette capacité d’aimer. Au-delà même des persécutions, au-delà même de l’adversité.
Encore une fois, l’amour n’est pas un sentiment : l’amour se fait dans la volonté : je décide de vouloir le bien de l’autre, d’accueillir l’autre tel qu’il est. Jésus ne nous commande pas un sentiment, il nous demande d’orienter notre cœur pour aller à la rencontre du prochain. Et du prochain proche ! Pas celui qui est loin et que je ne verrai jamais ! Le prochain proche c’est celui que je côtoie au quotidien : au travail, en vie de couple pour certains, vie de famille, vie de paroisse,…
Il y a une promesse de joie à ceux qui choisissent d’aimer, gratuitement, sans attendre de retour. La joie est du domaine de la gratuité, de la surabondance.
Et justement, Jésus interpelle ses disciples, en Jean 14,28 : « Vous avez entendu ce que je vous ai dit : je m’en vais et je reviendrai vers vous. Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais vers le Père parce que le Père est plus grand que moi. » Si vous étiez dans une attitude de foi, vous seriez dans la joie. La joie vient du fait qu’à travers le départ de Jésus, le Seigneur nous donne son Esprit : la joie de l’Esprit, l’Esprit-Saint qui nous habite.
L’Esprit-Saint transforme en nous la tristesse en source de joie
Jean au chapitre 16,7 : « Mais parce que je vous ai dit cela la tristesse rempli vos cœurs. Cependant, je vous dis la vérité, c’est votre intérêt que je parte, car si je ne pars pas le Paraclet (l’Esprit-Saint) ne viendra pas vers vous. Mais si je pars, je vous l’enverrai. »
On voit bien là que c’est l’Esprit-Saint qui a cette capacité de transformer en nous ce qui était tristesse, de le transformer en joie. En joie et en action de grâce.
Et parfois on perd l’espérance. On voit bien que la joie est liée à l’espérance. Comme les disciples qui, après la Croix, n’osent plus s’abandonner à la joie de revoir jésus ressuscité, ils n’y croyaient pas : Luc 24 : « Ils n’osaient pas croire à la vue du Ressuscité ». Et puis, quand ils ont reçu l’Esprit-Saint, dans les Actes des Apôtres par exemple : « Les apôtres, tous joyeux d’avoir été jugés dignes de subir les outrages pour le nom du Christ afin d’être ses témoins. »
Donc il y a une joie, au fond, de demander dans notre prière d’avoir cette grâce de nous laisser transformer par l’Esprit de Dieu, de le laisser transformer ces tristesses en sources de joies.
Le Christ lui-même nous dit en Jean 17 : « Et maintenant, je viens vers toi, et je parle ainsi dans le monde afin qu’ils aient en eux ma joie complète. » C’est un désir de Jésus que nous soyons joyeux, que nous soyons dans cette joie intérieure de sa présence. Et on voit bien que les apôtres même dans les pires épreuves rendaient grâce au Seigneur pour ce qu’ils sont : 1re lettre aux Thessaloniciens : « Restez toujours joyeux, priez sans cesse, en toute condition soyez dans l’action de grâce, c’est la volonté de Dieu sur vous dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit. »
Mais comment faire pour être toujours joyeux ? Ce n’est pas forcément la réalité de nos vies, mais il faut se dire qu’il y a toujours quelque chose de la présence du Seigneur dans toutes circonstances de nos vies. Et ça c’est très beau, c’est une grande source d’espérance. Il y a dans toute circonstance la possibilité d’une rencontre avec Jésus. Il n’y a pas de circonstance aussi difficile soit-elle où il n’y ait pas une possibilité d’être en communion avec le Seigneur et qui soit source de joie.
C’est cette joie spirituelle que le Christ nous donne
Galates 5,22 : La joie est un fruit de l’Esprit. Et c’est une note caractéristique de ceux qui vivent du Royaume de Dieu car le règne de Dieu n’est pas une affaire de nourriture ou de boisson, il est justice, paix et joie dans l’Esprit-Saint. Il ne s’agit pas d’un enthousiasme passager que suscite la parole, et que détruit la tribulation. Au contraire, et on le voit bien dans la parabole du semeur, quand la parole est tombée dans les endroits rocheux, et bien les personnes l’accueillent, mais ils n’ont pas de racines en eux-mêmes, ce sont des hommes d’un moment. Survient ensuite la tribulation, la persécution, à cause de la parole, aussitôt ils succombent. Mais dans la joie spirituelle les croyant qui sont dans l’épreuve sont un exemple. C’est très beau de voir ça : cette joie vient d’une profondeur, d’un enracinement, de ne pas être les hommes ou les femmes d’un moment simplement, d’un moment d’exaltation.
Mais la joie au contraire, elle appartient à celui qui a une foi éprouvée. C’est l’apôtre Saint Pierre qui dit : "Dans la mesure où vous participez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin que lors de la révélation de sa gloire vous soyez aussi dans la joie et l’allégresse.
Donc cette joie vient de la Résurrection du Seigneur. Même dans des circonstances de souffrance, de rejet, le Seigneur ressuscité est là. Et en même temps, il y a cette vision, dans l’apocalypse par exemple, de l’épreuve qui prendra fin un jour et cette joie que nous avons pu expérimenter ici-bas, et bien, obtiendra ou sera la plénitude dans l’au-delà. Elle est déjà l’anticipation, les arrhes de la vie éternelle.