Résumé de la conférence
L’émerveillement, une notion païenne utile à notre chemin de foi
La philosophie d’Aristote a son point d’entrée le sujet de l’émerveillement : on ne peut pas connaitre une chose si on n’a pas un élan d’admiration pour elle.
Ainsi, le Seigneur se manifeste à nous au fur et à mesure que l’on s’émerveille. Rappelons que connaitre signifie naitre avec, dans le sens de se livrer.
L’émerveillement est une forme de regard porté sur la réalité. Il suppose la bienveillance. Cela permet de ne pas enfermer l’autre selon nos propres critères, de ne voir que le point noir dans la feuille blanche…
Il faut alors que l’intelligence soit dotée d’humilité : l’intelligence doit se mettre à l’écoute du réel. Cela entraîne d’accueillir le réel comme un don : voir la vie comme un don et non pas comme un dû, voilà toute la différence.
L’émerveillement apporte la guérison, et éloigne la colère. Il faut accepter de guérir son regard, car nous ne sommes pas réduits à notre psychologie blessée, et ne pas oublier qu’il vaut mieux faire quelque chose imparfaitement à deux que parfaitement tout seul.
À l’écoule de la Vierge Marie
La Vierge Marie est celle qui est entrée en action de grâce. Elle nous rappelle que la réalité et l’incarnation sont le regard aimant du Père sur sa création. L’émerveillement implique donc un regard contemplatif.
En ce temps du Carême, nous pouvons être invités à opérer un dé-centrage de soi-même, de ne plus se mettre au centre de tout :
- pour donner la priorité à l’amour
- pour changer nos cœurs de pierre en cœurs de chair
Il n’y a pas de communion s’il n’y a pas d’admiration.
En regardant notre vie, nous pouvons nous demander quelle est la part entre :
- la vie cachée
- le silence
- la contemplation
Ai-je ce regard du cœur qui me fait découvrir l’être profond de l’autre ?
La vie contemplative comme thérapie
Il est important de se ménager du temps pour la vie contemplative pour rendre grâce. C’est à la fois un vrai combat et une vraie grâce. C’est un choix à poser qui nous permettra de faire rayonner l’unité, car nos divisions sont des freins à l’annonce du Royaume.
Qu’ils soient un et on verra qu’ils sont mes disciples.
Quand je livre un combat intérieur, je porte avec moi d’autres personnes. Rappelons-nous que les grands changements viennent toujours depuis l’intérieur. On pourrait dire que les moines ne servent à rien, et pourtant, ce sont les piliers du monde…
Il faut débusquer la négativité et savoir dire merci, accepter de ne pas se centrer sur soi. Combien de personnes n’attendent qu’un merci pour éclairer leur vie ?
Il faut aussi savoir remercier le Seigneur, nous qui avons tant reçu, grâce sur grâce !
Ainsi, la vraie décision à prendre est de changer de regard. L’émerveillement est une attitude d’humilité. Cela implique des réconciliations avec nous même en combattant la négativité, la colère qui grondent en nous.
L’histoire de Job comme enseignement
Comme vous vous en souvenez peut-être à la suite de terribles péripéties, Job en vient finalement à se plaindre à Dieu du sort qui lui est fait. Et ses trois amis - qui représentent la sagesse d’Israël - justifient Dieu, alors que c’est Dieu qui nous justifie…
Dieu entre en dialogue avec Job et lui demande de regarder les merveilles de la Création :
- « Où étais-tu quand j’ai fondé la terre ? »
- « Que n’as-tu que tu n’aies reçu qui ne t’ait été donné ? »
L’importance du sacrement de Confession
Non, on ne peut pas vivre dans la colère envers soi-même et envers les autres. St Benoit dit de la confession :
Se confesser c’est fracasser la tentation d’être contre le Christ.
Je suis résolu à ne pas laisser le dernier mot à la colère. On peut alors en dire : « C’est en moi, mais ce n’est pas de moi », car l’homme vaut bien plus que son péché.
Au sujet de la dépendance physique
L’émerveillement, c’est aussi l’attitude du Christ envers les pauvres, les pauvres de cœur : le pauvre n’est pas celui qui n’a pas, le pauvre c’est celui qui ne peut pas. Rappelons-nous de la béatitude, et prenons conscience que, si nous sommes dépendants, cette dépendance n’est pas une menace. Et encore :
Si vous ne devenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume de Dieu
L’enfant est dépendant de ses parents mais il ne prend pas cette dépendance pour une menace, bien au contraire !
A nous de considérer autrement le service du pauvre : il s’agit là de s’occuper de toute sa personne jusqu’à sa dimension spirituelle. Savoir porter un regard de bienveillance même envers un criminel.
De même, le fait de dire merci vient d’une attitude de pauvre : c’est notre manière d’accueillir le don de l’autre.
Il ne faut pas se priver de prier avec la Vierge Marie : c’est l’éducatrice même de la Foi, car Elle a engendré la Foi. Nous pouvons ainsi lui demander la grâce de la louange, de l’unité, du regard de pauvre.
La souffrance, un obstacle à l’émerveillement ?
La plus grande difficulté de la souffrance, c’est le repli sur soi. Jean Vanier, le fondateur de l’Arche, en dit :
Il y a deux âges bénis dans la vie : la petite enfance et le grand âge.
Quelque chose du mystère de Dieu et du mystère de l’homme se révèle dans la fragilité. C’est une grande question de la vie : est-elle absurde ? y a-t-il un mystère derrière tout cela ?
Croire n’est rien d’autre que, dans l’obscurité du monde, toucher la main de Dieu, et ainsi, dans le silence, écouter la Parole, voir l’Amour
(Benoit XVI)
Beaucoup de gens qui n’ont pas la foi nous envient parce que cela rend heureux : nous même et les autres. C’est tout simple : il suffit de changer nos cœurs de pierre en cœur de chair. Et c’est pourtant si exigeant… C’est pour cela que nous avons besoin de nous encourager dans l’amour, comme l’Apôtre Paul l’a tant fait dans ses lettre :
Ne vous lassez pas de faire le bien…