« Comment mettre à profit le temps du célibat ? »

Enseignement donné auprès des jeunes professionnels (Février 2022)

Les années passées en tant que célibataire sont-elles des années perdues ? Est-il possible de les mettre à profit ? Qu’est-ce que le Seigneur attend de moi dans cette période de désert que je n’ai pas choisie ?

Père Pierre-Marie

Cette période, choisie consciemment ou non, peut-être vécue comme une épreuve, à l’image d’une traversée du désert ou d’une grande perte de temps. Dans cette conférence donnée aux jeunes professionnels dans l’église Saint Jean-Baptiste de Grenelle, Père Pierre-Marie donne des pistes de réflexion pour mettre à profit.

Il vous arrive sans doutes du vous sentir coupable de cet état de célibataire, parfois même contraint de suivre le rythme des autres quand il est question d’organisation des vacances, sans que votre besoin spécifique soit pris en compte.


Si douloureux que cela soit, il faut commencer par accueillir cette réalité du célibat : elle est liée à vos valeurs. Prenez le temps de réfléchir à vos valeurs et à les mettre en avant, en faisant l’analyse des histoires éventuelles qui n’ont pas abouti.
Une autre réalité à prendre en compte est le don de soi. La beauté d’une personne tient moins à sa plasticité qu’à sa capacité de don. Dans quel lieu ai-je choisi de porter du fruit ? Qu’est-ce qui fait que « je fleuris là où je suis planté », sans « regarder le pré d’à côté ? »

Le célibat ne s’oppose pas à la fécondité, mais il est le lieu du discernement de la fécondité, il me permet de me décentrer de moi-même.

Le célibat est un temps de construction et de connaissance de soi. Quels sont mes talents, quelles sont mes blessures ? quels liens puis-je faire entre les différents périodes de mon histoire, de mon enfance, au long de ma scolarité et de ma vie étudiante. Cela permet d’éviter de reproduire involontairement des schémas familiaux.

Le célibat est également un temps de purification de l’amour : il nous permet de sortir de l’image irrationnelle de l’amour. Il faut dès maintenant décider de ne pas être comblé par l’autre, car seul le Seigneur peut nous combler entièrement.
Si nécessaire, il faudra sortir de cette idolâtrie pour entrer dans une vision plus réaliste. A ce sujet, le mythe de l’âme sœur, si romantique qu’il soit, est entremêlé de narcissisme. Nous sommes appelés à rentrer dans une vraie démarche de choix et de liberté pour avancer dans la connaissance de l’autre, c’est bien plus grand et bien plus beau !

L’émotion est importante et au service de l’amour, mais il faut laisser une place importante pour la raison, car elle éviterait bien des échecs.

En résumé, dans cet espace de temps, il est important de s’interroger sur les sujets suivants :

  • Où est mon lieu d’enracinement, là où j’ai choisi de porter du fruit ?
  • Quels sont les pièges dans lesquels je tombe souvent ?
  • Qu’est-ce que je suis amené à purifier, notamment dans mon agenda ?
  • Qu’est-ce qui me met en colère ?
  • Quel est l’état de ma vie intérieure ?
  • Suis-je capable d’aller au désert dans un recueillement pour rassembler mes forces ?
  • Suis-je capable de définir mon rapport au temps ?
  • Où suis-je en situation de don de moi-même dans cet état de vie ?
  • Quels sont mes amis, puis-je définir pour « premier cercle » ?
  • Suis-je capable de détecter une vraie amitié d’une fausse amitié ?
  • Suis-je en train de rechercher la solitude ou au contraire de la fuir ?
  • Est-ce que je crains de vivre avec quelqu’un de trop différent de moi, ai-je peur de l’altérité ?
  • Dans les amitiés que j’ai eues, lesquelles m’ont préparé à cet apprentissage de la différence ?
  • Quel est mon rapport au corps dans mes relations ?
  • M’arrive-t-il d’éprouver de la répulsion pour quelqu’un ?
  • Le célibat peut aussi être une période d’attente en vue d’un grand projet : est-ce mon cas ?