Texte de l’homélie :
« Voici que je fais un monde nouveau ; il germe déjà.
Ne le voyez-vous pas ? »
Ce sont les paroles que nous avons entendues pendant la première lecture. Nous approchons de la Pâque. C’est un événement qui nous renouvelle profondément. Et les lectures que nous avons entendues nous invitent à vivre cette nouveauté.
Nous pouvons reprendre brièvement les lectures que nous avons entendues, et ensuite, nous réfléchirons sur cette nouveauté de la Rédemption, avant d’en tirer quelques conclusions concrètes.
Les lectures nous expliquent au mystère de la Rédemption
La pédagogie de l’Exode dans l’Ancien Testament
Dans la première lecture, le prophète Isaïe annonce le retour des exilés : on a l’impression que c’est comme un nouvel exode. Sans cesse dans l’écriture, il est question de nous sortir de l’esclavage pour entrer en terre promise. Rappelons-nous que c’est un texte prophétique : il ne s’agit pas juste de partir de Babylone et de revenir en Israël. C’est quelque chose de plus grand qui est annoncé. Voici pourquoi il est dit : « Voici que je fais un monde nouveau ; il germe déjà, ne le voyez-vous pas ? »
Ce thème est repris dans le psaume que nous avons chanté : il chante le retour des exilés, il parle de ce retour comme d’un rêve. Quand le Seigneur agit dans nos vies, quand nous vivons quelque chose qui sort de l’ordinaire, on a l’impression de vivre un rêve, une rêve éveillé…
Et puis, cette conclusion du psaume :
« Il s’en va, il s’en va en pleurant, il jette la semence
Il s’en vient, il s’en vient en chantant, il rapporte les gerbes. »
Voici déjà quelque chose qui nous parle de la mort et de la Résurrection de Jésus.
Le Nouveau Testament nous met en présence du Pédagogue
Dans la lettre aux Philippiens, Saint Paul nous parle de la connaissance du Christ comme d’une nouveauté : dans la vie chrétienne, il s’agit de saisir le Christ. Il dit que tout ce qu’il avait connu avant peut-être considéré comme des balayures, des ordures, par rapport à cette chose nouvelle qui est de « connaître Jésus le Christ, mon Seigneur ».
Pour lui, vivre ici bas, c’est avoir foi au Christ. Il a tout laissé pour Le suivre.
Voici finalement cet évangile de la femme adultère dans laquelle on essaye de prendre Jésus au piège en Lui présentant ce cas. Ceux qui amènent cette femme sont prisonniers de l’application « bête et méchante » de la loi. Et Jésus ouvre une nouvelle voie : Il renvoie à la conscience de chacun. Pour ainsi dire : l’exigence n’est pas pour les autres, elle est d’abord pour moi. Il ne s’agit pas de rabaisser l’exigence de la Loi ou de la supprimer, mais plutôt de la mettre dans le cœur de chacun, c’est appeler l’Homme à une conversion nouvelle :
« Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, mais ne pèche plus. »
Ces textes s’adressent à notre cœur aujourd’hui même
Ces lectures sont donc bien appropriées pour nous préparer à la grande semaine qui commencera dimanche prochain. La Pâque de Jésus créée vraiment un « avant » et un « après » dans l’histoire de l’Humanité. Et cette nouveauté, nous en vivons encore aujourd’hui. Nouveauté du Salut qui nous est donné, nouveauté d’une connaissance du mystère de Dieu, nouveauté de ce cœur de chair, de ce cœur nouveau qui nous est donné.
Au milieu de la grisaille, au milieu du froid, de la monotonie des jours et du péché, un fait nouveau est apparu : Jésus, Fils du Père Éternel a pris une chair humaine pour nous, les Hommes, pour notre Salut. Il est venu converser avec chacun d’entre-nous. Il a été crucifié, Il est mort pour nous conduire à la vie véritable qu’Il a inaugurée par Sa propre Résurrection.
Cette nouveauté de la mort et de la Résurrection de Jésus nous est annoncée dans les prophètes. Elle est déjà réalisée dans la vie de l’Apôtre, dans le témoignage qu’il nous en donne. Elle nous est proposée à chacun d’entre nous. Par le baptême, nous sommes invités à une vie nouvelle : nous sommes invités à suivre le Christ pas à pas.
Quelques pistes pour vivre cette nouveauté
Nulle mort, nulle souffrance qui ne puisse trouver du sens
Un petit témoignage de Mère Térésa peut nous aider à comprendre cela :
« Je me souviens que, pour Noël, je donnais une conférence à des lépreux. Je disais :
" Votre maladie, votre souffrance n’est pas une punition, c’est un don de Dieu. Vous avez été choisis pour prendre part à la Passion du Christ. Vous avez été choisis pour l’offrir pour la Paix dans le Monde, en action de grâce, pour ce que Dieu a fait pour les autres et pour vous."
Et j’ai répété plusieurs fois qu’ils étaient les élus, qu’ils étaient aimés particulièrement.Il y avait un homme assis près de moi, à mes pieds, et qui tirait sur mon habit en demandant : " Dites-le encore ! dites-le encore ! "
Et j’ai du le répéter trois ou quatre fois : " Vous avez été choisis. Vous avez la Paix parce que Dieu vous aime, et vous pouvez faire usage de votre souffrance, l’accepter, l’offrir à Dieu et obtenir ainsi la Paix du Monde." »
Évidemment, pour tenir un discours comme celui-ci, il faut être Mère Térésa… mais, c’est intéressant pour nous même : il n’y a aucune souffrance, aucune maladie, aucune épreuve qui n’ait son sens, qui ne puisse être offerte avec l’offrande de Jésus. C’est une véritable nouveauté qui nous donne une espérance lorsque nous sommes éprouvés.
Le Christ est là
Voici une deuxième nouveauté :
« Ce que vous avez fait au plus petit d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »
Jésus est là, dans mon enfant. Il est dans celui qui est dans la nécessité, Il est dans celui qui se sent indésirable ou mal-aimé. Il est là, Il m’attend. Et la nouveauté, c’est que je peux justement Le rencontrer, je peux Le connaître, je peux Le reconnaître dans mon conjoint, dans mes voisins, dans mes collègues de travail, Il est là. Essayez d’avoir ce regard aiguisé pour pouvoir Le reconnaître.
Le Baptême nous donne un cœur nouveau
Enfin, une troisième nouveauté, c’est de vivre à partir de ce cœur nouveau qui nous a été donné au moment du baptême. Si l’on reprend la lecture de l’évangile, le cœur nouveau, c’est d’avoir un regard renouvelé sur mon prochain, non plus basé sur la condamnation, sur l’envie, sur la jalousie, mais un cœur prompt à pardonner, un cœur qui considère d’abord sa misère, pas celle des autres.
« Que celui qui n’a jamais pêché lui jette la première pierre. »
Un cœur qui est appelé à quelque chose de plus grand par la Foi.
Enfin, un cœur qui ne se décourage pas, mais qui repart toujours. Vous savez que la Petite Thérèse disait :
« La Sainteté, ce n’est pas de ne pas tomber, mais c’est de toujours se relever. »
Dans cette Eucharistie, demandons au Seigneur de faire un choix, de changer notre regard sur les autres, de reconnaître le Christ en chacun. Demandons cette grâce de Le reconnaître et de Le connaître, d’être vraiment renouvelés profondément dans ce désir du Salut. Le Christ est là !
Amen.
Références des lectures du jour :
- Livre d’Isaïe 43,16-21.
- Psaume 126(125),1-2ab.2cd-3.4-5.6.
- Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens 3,8-14.
- Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 8,1-11 :
En ce temps-là, Jésus s’en alla au mont des Oliviers.
Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner.
Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu, et disent à Jésus :
— « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère.
Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là.
Et toi, que dis-tu ? »
Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre.
Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit :
— « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. »
Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre.
Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu.
Il se redressa et lui demanda :
— « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? »
Elle répondit :
— « Personne, Seigneur. »
Et Jésus lui dit :
— « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »