L’ambiance était donc plutôt silencieuse au début, mais bien vite réchauffée par les Argentins : ils ont le don de soulever l’enthousiasme avec une quantité de chansons à revendre. Elle sont plus habituellement entonnées dans les stades, et ils ont l’habitude de les prendre sans arrêt comme pour motiver les troupes : dans le bus ou en marchant sur les routes ; leurs chants étaient appuyés de sifflets et de sonneries de trompettes et ils ne se lassaient pas de chanter et de faire de l’animation ! cette ambiance chaleureuse a le don de favoriser le contact, surtout entre ceux qui ne se connaissent pas ; cette gaieté contagieuse a poussé les Français à se fédérer pour mener leur petite concurrence avec des rengaines de chez nous !
Caractéristique de la jeunesse, cette manière de montrer son appartenance permet alors d’arriver à une relation plus en profondeur et d’entrer dans des échanges en vérité. Il faut dire que les lieux traversés sont porteurs : tous ont été marqués par le recueillement aux abords de la grotte de Lourdes. Ils n’avaient pas choisi la formule de leurs JMJ au hasard : l’attirance pour la spiritualité mariale est très forte pour ces jeunes, et ils n’ont pas été déçus.
Le pèlerinage à Fatima a aussi été un moment fort du voyage, avec un goût de découverte pour les Français pour son parcours à genoux sur le chemin de la Capelina : comme tout pèlerin en ce lieu, nos JMJistes se sont agenouillés et ont avancé sur la route du sanctuaire : marcher ainsi est un acte d’humilité et le vivre dans son corps y laisse d’ailleurs quelques marques qui vaut que l’on s’en souvient physiquement pendant plusieurs jours…
L’étape à Valladolid a été très appréciée, avec son célèbre musée : La Medina del Campo sur le site d’une université tenue par des Dominicains.
Tout au cours de ce périple, les jeunes cheminant avec la Congrégation ont suivi les traditionnelles catéchèses du matin données par les Frères ; s’en suivaient les échanges en petits groupes multilingues pour les jeunes venant d’Argentine, de France, d’Allemagne et de Suisse. Ce sont les jeunes eux-mêmes et les membres de la Communauté qui traduisaient au cours des partages. Comme à l’accoutumée dans la congrégation, le chapelet était prié quotidiennement, le latin étant choisi comme langue commune à toutes les nationalités.
Puis est venu le dernier vendredi, le moment de se rendre à Madrid. Nous étions logés dans un grand gymnase à 50 km du centre. Nous avons profité de la grande ville une journée, puis nous sommes préparés à rejoindre l’aérodrome de Cuatro Vientos prêté pour la Grand Messe avec notre Saint Père. Nous qui avions goûté les joies du petit groupe, nous voici à la rencontre d’autres groupes tous plus enthousiastes les uns que les autres, tout cela sous une chaleur littéralement torride ! Nous avons cheminé dans cette marée de jeunes en fête pendant plusieurs heures, dans la même ambiance que celle qui avait soudé nos liens au début… Dans le métro, nous sentions l’énergie monter au fur et à mesure que nous nous rapprochions du lieu ; les habitants devant chez qui nous passions se faisaient fort d’asperger les pèlerins à l’aide de bassines et de jets d’eau, même à leur balcons, pour la plus grande joie de tous. Une fois arrivés sur le lieu, je vous passe les quelques difficultés à trouver une place tous ensemble, à se procurer les sacs de pique-nique, et à constater que l’eau venait à manquer…
Une fois ces menus détails réglés, nous étions installés et prêts pour vivre ce temps de veillée à grande échelle avec notre pasteur. Mais, l’heure de la veillée approchant, c’est avec incrédulité que nous avons vu une terrible tempête s’approcher et s’installer au dessus de nous : il faut rappeler qu’il y avait de quoi faire fuir un bon nombre de participants, vu la violence des bourrasques et les effets dévastateurs sur le site (notre écran géant qui s’était éteint, une gigantesque tente-chapelle envolée…). Mais, le Saint Père, par son calme imperturbable et son indéracinable espérance a accompagné les jeunes qui, à l’unanimité, gardaient un sang froid imperturbable, et une bonne humeur bien visible. En effet, il était frappant de voir combien les jeunes ont été patients, et ont profité du moment de prière offert dans le recueillement, une fois les éléments apaisés et sous ce fameux vent chaud, miraculeux, qui a séché tous nos effets en quelques minutes ! Nous nous sommes ainsi endormis, entourés de ce nombre incalculable de pèlerins, les images de ce très bel ostensoir de Tolède exposant la Sainte Hostie plein les yeux, et nourris par ce moment de silence religieusement habité par la présence de Notre Seigneur.
La messe du lendemain nous offrait un spectacle de toute beauté, réunissant des témoignages de chrétiens de tous les continents. Puis, à la fin de cette belle célébration, il a fallu repartir vers nos cars respectifs. Par chance, le nôtre était assez prêt de l’endroit, mais suite à une vilaine panne (du jamais vu, paraît-il) à 80 km du départ ; nous avons attendu plusieurs heures sur le bord de l’autoroute. Certains ont mis ce temps d’attente à profit pour se reposer, pour prier le chapelet, pour échanger sur tout leur vécu des JMJ. Puis, il a fallu revenir dormir à Madrid vers minuit, pour repartir le lendemain. Heureusement, le deuxième essai de retour s’est passé sans encombre, menant une partie de notre groupe à Paris, pour terminer le dépôt des 5 Frères à l’Abbaye d’Ouscamp.