Des Alsaciens à Zagreb
Les rencontres européennes de Taizé ont été lancées depuis plusieurs décennies à l’initiative des frères de la communauté et notamment du frère Roger, et elles se déroulent à chaque fois entre Noël et le nouvel an dans une grande ville européenne : ces années dernières, Milan, Lisbonne, Vienne, Paris.
Depuis plus de trente ans, Zagreb invitait les jeunes d’Europe à vivre un pareil temps fort, alors qu’elle n’était que capitale régionale. Le communisme, puis la guerre, tout cela a retardé la tenue d’une telle rencontre dans cette ville. Mais cet hiver fut le bon.
Avec quelques jeunes de la Frat, frère Maximilien et frère Christophe ont pu vivre ce moment marquant. Nous sommes partis avec les jeunes de la zone de Mulhouse : plus de 150 jeunes d’Alsace étaient présents, parmi les 25 000 jeunes, et les 1500 Français.
Tous, nous avons été particulièrement marqués par l’accueil si chaleureux du peuple croate.
Des milliers de jeunes de tous horizons
Nous étions répartis dans des familles, rattachés à une paroisse où nous pouvions vivre la prière du matin, et aussi mieux connaître les autres jeunes hébergés : de très nombreux Polonais, mais aussi des Allemands, que nous retrouvions lors d’un petit groupe de partage, autour de la lettre de Calcutta, rédigée par le frère Alois, actuel responsable de la communauté de Taizé.
Puis nous nous retrouvions dans d’immenses halls pour le repas : le service de ramassage des détritus que nous avions choisi, nous permettait de faire pas mal de bonnes rencontres, et de risquer notre anglais hésitant pour partager avec des franciscains de Slovénie, ou une jeune volontaire des Pays Bas, où même avec un compatriote… avec lequel nous avons échangé quelques mots dans la langue de Shakespeare, ou plutôt ce qu’il en restait, jusqu’à ce que nous nous apercevions de notre méprise !
Puis la prière regroupait plusieurs milliers de jeunes dans les grands halls selon un modèle fixe : refrain, psaume, lecture, silence de 8 mn, puis chants méditatifs à nouveau, Notre Père, et dispersion progressive.
Voir ces milliers de jeunes en silence profond était vraiment impressionnant.
Puis était proposée une découverte du pays : danses et chants croates par exemple, visite du musée d’Art Naïf, échange à propos des séquelles de la guerre, rencontre avec la communauté musulmane à la mosquée, ou encore visite de la ville…
Chaque nation a plus particulièrement présenté son génie lors de la fête des Nations dans la nuit du 31 décembre, par des sketchs, des chants, des danses : l’incontournable et toujours réussie Polonaise par exemple.
Ce qui marque
- L’extraordinaire accueil, et la foi de ce peuple. Près de 60 % des Croates sont pratiquants. Au moment de l’angélus, sur la place du marché, on arrête son commerce et l’on se signe.
- La grande diversité des nations, et la profonde communion : cette année, particulièrement marquante fut la présence de quelques jeunes Serbes orthodoxes dont le pays était en plein conflit avec la Croatie il y a 15 ans.
- A quelques centaines de km de chez nous, une réalité européenne si différente, où les stigmates de la guerre sont encore si récents (fin 1995), ce qui nous amène à porter un regard plus grave sur la réalité européenne.
L’intégration dans la CEE sera-t-elle une chance pour la paix, sera-t-elle une péril pour les valeurs chrétiennes qui imprègnent ce pays en profondeur ? - Enfin, permettre à de nombreux jeunes de faire une expérience spirituelle qui n’est souvent qu’un premier pas, peut leur donner de rencontrer authentiquement le Christ.