On se retrouve tous à la maison forestière de la Gruenhutte où le premier devoir de matin nous attend. Après le café d’accueil et les premiers échanges en dégustant la brioche et les sucreries, nous partons vers 09h30 en direction d’Ottmarsheim.
Par la forêt de la Hardt Sud, un parcours plat, nous pouvons profiter à loisir des arbres et du soleil levant qui vient adoucir la température. Nous évoluons entre la route qui mène de Mulhouse à Chalampé et l’autoroute vers Bâle. Le groupe se forme et se déforme au gré des moments selon les affinités.
Au sortir de la forêt, nous apercevons le village d’Ottmarsheim et en fond, les premiers contreforts de la partie Sud de la Forêt Noire. Malgré le soleil, une petite brume d’altitude rend la vision féerique. R, qui n’a pas de problèmes avec ses chaussures en profite pour s’en délecter !
Arrivés sur les lieux du déjeuner au Prieuré Saint Bernard à Ottmarsheim, nous sommes reçus par Frère Charles. Il nous a préparé la table de l’apéro avec limonade, sirop de cassis, jus de fruits bio et petits « en cas ». La discussion s’engage et visiblement Frère Charles a du mal à savoir qui est qui dans notre groupe. Bon signe.
Nous sommes invités à assister à l’Office de sexte (qui se déroule à midi soit à la sixième heure du jour pour eux) qui dure un petit quart d’heure. Durant le repas, Père Christian (actuel Prieur du Couvent) nous rejoint pour partager notre agape. L’atmosphère est très conviviale et joyeuse.
Arrive un jeune homme (Manuel) en vélo qui nous prie de l’excuser d’interrompre une « réunion de famille » et qui nous dit venir de Strasbourg. Nous l’invitons à notre « table » et la discussion se poursuit de plus en plus animée et souriante.
Frère Charles nous invite à le suivre pour une visite guidée de l’abbatiale attenante. On y apprend que celle-ci, érigée vers 1030, a été consacrée par le seul Pape Alsacien Léon IX en 1049. Elle a été commanditée par la famille des Habsbourg qui dirigeaient alors notre province, et est une réplique de la cathédrale d’Aix-La-Chapelle où Charlemagne s’est fait sacrer Empereur (en 800 AC). Son octogonalité rappelle les sept jours de la Création et le huitième pan celui de la Résurrection de Jésus le jour de Pâques. Symboliquement, l’octogone de cet édifice veut donner une nouvelle dimension au temps. Nous découvrons aussi une fresque remise au jour après la réfection du bâtiment qui a subi un important incendie en février 1991. Sur celle-ci on peut apercevoir le Pape Léon IX adorant une effigie du Christ, fresque de toute splendeur.
Nous déambulons dans toute l’abbatiale où nous profitons aussi de la fraîcheur.
Au sortir, nous nous dirigeons vers la partie habitée des bâtiments pour assister à un témoignage que tient à nous projeter Frère Charles sur son intervention en Argentine. Il y a passé trois années où il était en mission pour sa congrégation, pour visiter et assister les détenus de la ville de Paraná (non loin de Santa-Fé).
Les photos sont saisissantes. Les conditions de détention nous laissent sans voix. Son exposé nous relate la misère mais aussi une grande humanité et un espoir. Les questions sont peu nombreuses tant cela nous a tous bouleversé. Père Christian nous a rejoint pour conclure très opportunément : « Quelle que soit notre condition, nous sommes tous frères ». Les dernières poignées de main furent chaleureuses et les regards échangés pleins de reconnaissance de part et d’autre.
Vers 15h30, nous levons le camp pour reprendre la direction de nos véhicules. Les six kilomètres qui nous en séparent sont avalés en 1h15, d’une part à cause du soleil et d’autre part nous voulons encore un temps de « débriefing ».
Unanimité autour de : « belle journée, et surtout très instructive ». Nos amis marcheurs en redemandent.
A l’ombre et restaurés une dernière fois, l’équipe (sans A. qui nous a manqué) reprend la route pour rejoindre Ensisheim. Tous et toutes attendent avec impatience le mois prochain pour une nouvelle sortie.