Notre Saint Père dit que le peuple des croyants croît grâce au témoignage, et non pas par prosélytisme. Le témoignage qui peut attirer véritablement est celui lié à des comportements qui ne sont pas ceux habituels : la générosité, le détachement, le sacrifice, l’abnégation pour s’occuper des autres. Tel est le témoignage, le "martyre" de la vie religieuse.
Et pour les gens, c’est comme un "signal d’alarme". À travers leur vie, les religieux disent aux gens : " Qu’est-ce qui arrive ?", ces personnes me disent quelque chose ! Ces personnes vont au-delà de l’horizon du monde !
« Voilà - a poursuivi le Pape, en citant Benoît XVI - la vie religieuse doit permettre la croissance de l’Église à travers la voie de l’attraction » (Benoît XVI, Homélie lors de la Messe d’inauguration de la cinquième Conférence générale de l’épiscopat latino-américain)
Quand les gens, les peuples voient ce témoignage d’humilité, de douceur, de mansuétude, ils ressentent le besoin dont parle le prophète Zacharie : « Nous voulons venir avec vous ! ». Soyez les témoins d’un mode différent de faire, d’agir, de vivre !
Il est possible de vivre diversement dans ce monde.La radicalité évangélique n’est pas seulement propre aux religieux : elle est demandée à tous. Mais les religieux suivent le Seigneur de façon spéciale, de façon prophétique. J’attends de vous ce témoignage. Les religieux doivent être des hommes et des femmes capables de réveiller le monde.
Un religieux qui se reconnaît faible et pécheur ne contredit pas le témoignage qu’il est appelé à apporter, mais le renforce au contraire, et cela fait du bien à tous.Ce que j’attends est donc un témoignage. Je désire ce témoignage spécial de la part des religieux.
Voici maintenant l’un des points clés de la pensée du Pape François :
Je suis convaincu d’une chose : les grands changements de l’histoire se sont réalisés lorsque la réalité a été perçue non pas à partir du centre, mais de la périphérie. C’est une question herméneutique : on ne comprend la réalité que si notre regard se place dans un centre équidistant de tout. Pour comprendre véritablement la réalité, nous devons nous déplacer de la position centrale de calme et de tranquillité et nous diriger vers la zone périphérique.
Être dans la périphérie aide à mieux voir et faire une analyse plus correcte de la réalité, en fuyant le centralisme et les approches idéologiques.
Donc cela ne sert à rien d’être au centre d’une sphère. Pour comprendre, nous devons nous « délocaliser », voir la réalité de points de vue différents.Le père Arrupe parlait de la pauvreté et disait qu’un moment de contact réel avec les pauvres est nécessaire. Pour moi, cela est vraiment important : il faut connaître la réalité par expérience, consacrer du temps à aller dans les périphéries pour connaître véritablement la réalité et le vécu des gens. Si cela n’a pas lieu, alors on court le risque d’être des idéologues abstraits ou fondamentalistes, et cela n’est pas sain »
Le Pape s’arrête ensuite sur un cas concret, l’apostolat des jeunes :
Ceux qui travaillent avec les jeunes ne peuvent pas se limiter à dire des choses trop ordonnées et structurées comme un traité, parce que ces choses ne touchent pas les jeunes. Il faut un nouveau langage, une nouvelle façon de dire les choses. Aujourd’hui, Dieu nous demande cela sortir du nid dans lequel nous sommes pour être envoyés.
L’accomplissement du mandat évangélique « Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile à toute la création » (Mc 16, 15) peut se réaliser à travers cette clé herméneutique déplacée dans les périphéries existentielles et géographiques. C’est la façon la plus concrète d’imiter Jésus, qui est allé vers toutes les périphéries. Jésus est allé vers tous.
Moi, je ne serais pas du tout inquiet d’aller vers les périphéries : ne vous sentez pas inquiets en vous adressant à qui que ce soit . »
Alors, quelle est la priorité de la vie consacrée ? Le Pape a répondu :
« La prophétie du Royaume qui ne peut être négociée. L’accent doit être placé sur le fait d’être prophète.
Le charisme est "un", mais comme disait Saint Ignace, il faut vivre selon les lieux, les temps et les personnes. Le charisme n’est pas un flacon d’eau distillée. Il faut le vivre avec énergie, en le relisant également sur le plan culturel.
Mais ainsi on court le risque de se tromper direz-vous, de commettre des erreurs. C’est risqué. Oui bien sûr, nous ferons toujours des erreurs, cela ne fait aucun doute. Mais cela ne doit pas nous freiner, parce qu’il existe le risque de commettre des erreurs plus grandes.
En effet nous devons toujours demander pardon et considérer avec beaucoup de honte les échecs apostoliques qui ont été causés par manque de courage. Pensons, par exemple , aux intuitions pionnières de Matteo Ricci qui à son époque, ont été abandonnées. »
Le synode sur la nouvelle évangélisation avait demandé aux religieux d’être des témoins de la force humanisatrice de l’Évangile à travers la vie fraternelle. En partant de cet appel plusieurs questions ont été posées au Pape à propos de la vie fraternelle des religieux :
« Comment garder ensemble les engagements de la mission et ceux de la vie communautaire ? Comment lutter contre la tendance à l’individualisme ? »
Saint Jan Berchmans (1599-1621) réussit à exécuter les choses ordinaires de manière extraordinaire et à devenir le saint de la vie commune — il disait que pour lui la plus grande pénitence était précisément la vie communautaire. Il est parfois difficile de vivre la fraternité, mais, si on ne la vit pas, on n’est pas fécond. Le travail, même « apostolique », peut devenir une fuite de la vie fraternelle. Si une personne ne réussit pas à vivre la fraternité, elle ne peut pas vivre la vie religieuse ».
« La fraternité religieuse — a poursuivi le Pape — avec toutes ses différences possibles, est une expérience d’amour qui va au-delà des conflits. Les conflits communautaires sont inévitables : dans un certain sens ils doivent exister, si la communauté vit vraiment des relations sincères et loyales. C’est la vie. »
Les dernières questions ont concerné les frontières de la mission des consacrés. Le pape a souvent parlé de « sortir », d’« aller », de « frontières ». Les supérieurs généraux ont donc demandé quelles sont ces frontières vers lesquelles sortir :
"Comment voyez-vous la présence de la vie consacrée dans les réalité d’exclusion qui existent dans notre monde ?"
"De nombreux instituts exercent une tâche éducative : comment considérez vous ce genre de service ? Que diriez vous à des religieux qui sont engagés dans ce domaine ?
"Assurément, les réalités d’exclusion restent les priorités les plus significatives, mais elles demandent du discernement. Le premiers critère est celui d’envoyer dans ces situations d’exclusion et de marginalisation les personnes les meilleures, les plus adaptées. Ce sont des situations de plus grand risque qui demandent du courage et beaucoup de prière. Et il est nécessaire que les supérieurs accompagnent les personnes engagées dans ce travail ».
Il existe toujours le risque, a rappelé le Pape, de se laisser prendre par l’enthousiasme, d’envoyer sur les frontières de l’exclusion des religieux de bonne volonté, mais qui ne sont pas adaptés à ces situations. Il ne faut pas prendre de décision dans le domaine de l’exclusion sans assurer un discernement et un accompagnement adéquats.
Il a ensuite insisté :
La tâche éducative aujourd’hui est une mission clé, clé, clé !.