La mission ? J’ai visité « chez elles » plusieurs familles. Bien des chrétiens ne souhaitent pas vivre dans les camps, et louent donc, dans Beyrouth notamment, une pièce, parfois un garage, parfois un galetas… Là dans un espace de 12 à 15 m2 peuvent vivre plus de 10 personnes. Parfois l’une peut travailler – jusqu’à 13 heures par jour – pour faire vivre toute la famille.
Je les ai vus souvent épuisés. Bien des familles gardent une foi très vive, mais en même, l’on sent profondément cet état de tristesse, de dépression. Un père de famille, sous diacre dans sa paroisse et qui avait mis à profit l’inaction forcée durant les derniers mois dans son pays pour se plonger dans les immenses livres de liturgie chaldéenne et en chanter les mélopées, pleurait à chaudes larmes en pensant que de ces grands in quarto et de son église paroissiale, il ne restait rien.
Les simples visites constituaient pour eux un vrai réconfort. Ces gens se croient abandonnés. Certaines familles présentes depuis de longs mois m’ont dit que j’étais la première visite depuis leur arrivée en terre libanaise. J’ai pu célébrer aussi la messe dans certaines maisons, quand les personnes étaient trop malades pour pouvoir se déplacer. Car c’est une des difficultés que rencontrent ces gens. Ils n’ont pas toujours le statut de réfugiés et ne bénéficient donc pas toujours des aides internationales. Ils survivent mais les soins médicaux à leur charge sont hors de leur portée. Et parfois les nécessités sont grandes : un jeune syrien, amputé de la jambe ne pouvait suivre son traitement que grâce à la générosité d’un père carme qui venait le visiter.
Une famille irakienne, elle, avait déjà perdu deux petites filles faute de traiter une maladie auto immune, le lupus qui avec médicaments se soigne bien. Voilà pourquoi il m’a semblé important de pouvoir poursuivre, avec l’accord de mes frères, une mission discrète, et que j’espère efficace auprès de ces personnes. Une dame d’origine irakienne, de nationalité anglo-libanaise consacre son temps et son énergie à leur rendre visite et à recenser leur demande. C’est avec elle que je suis en contact afin d’aider ces familles qui en ont le plus besoin, pour couvrir les frais de traitements médicaux indispensables. Je vous tiendrai au courant de la manière de récolter les fonds que nous allons mettre en place.