Résumé de l’enseignement :
Ce sacrement est difficile à vivre :
Raisons historiques
Ce n’est pas quelque chose de spécifique à l’Église que d’avoir des difficultés, mais l’Église est confrontée à une crise de la moralité. Pendant la troisième République, la société était très marquée par une moralité très stricte, conventionnelle, très kantienne avec son impératif catégorique (il faut…) ; et c’est un peu l’idée que nous pouvons avoir de l’Église qui est accusée d’avoir inventé le péché et donc, la culpabilité.
Dans ce sentiment de culpabilité (fait-on bien ?), on découvre le grand manque de confiance en soi et dans la vie, le manque de perception de ce que nous sommes comme sujet.
Il y a un fort désir d’aller vers l’intérieur : on voudrait faire le bien, aimer, mais cela semble difficile parce que la vie est éclatée et l’Église, soit disant, ne nous en donne pas les moyens. Pourtant, Jésus est venu nous donner des moyens très concrets pour avancer.
Ces raisons historiques sont donc liées à notre société.
Raisons théologiques
Se confesser restera toujours quelque chose de difficile parce que cela demande de mourir à soi-même pour entrer dans la vérité ; il faut du courage pour dire les choses et pour renoncer à notre ambiguïté, à nos penchants, à nos convoitises, pour avancer vers l’inconnu.
Tous les éléments du sacrement nous font vivre la mort et la résurrection de Jésus. Reconnaître notre mort, pour ressusciter, demande un acte d’abandon qui restera toujours difficile ; il y a un combat pour avancer dans la Vérité.
La confession, sacrement de guérison pour le chrétien.
Qu’est-ce qu’un chrétien ?
Avant tout, la confession n’est surtout pas le fait de se conformer à une morale. Que sera la vie du chrétien ? Comme Saint Jean-Paul II nous y a invités :
« Ne craignez pas, n’ayez pas peur !
Ouvrez toutes grandes les portes au Christ. »
Nous avons été fait pour la plénitude de la vie ; le chrétien est toujours un sujet qui agit de manière libre, aimante et consciente ; il ne doit jamais agir comme un objet ; le chrétien est un être fait pour la communion. Il faut savoir qu’il y a toujours un symptôme quand on s’est laissé traiter comme objet : honte ou peur ; il y a, là, démission du fait de pouvoir dire « je » et de prendre sa vie en main.
Jean Paul II nous rappelle aussi ce message de Jésus :
« Le Royaume des cieux est au milieu de vous. »
Faire l’expérience de Dieu
Au départ de la prédication de Jésus, il y a celle de Jean qui baptise en Transjordanie dans le désert. Il nous rappelle l’importance de refaire l’expérience de Dieu qui nous guide dans le désert et nous fait rentrer de nouveau dans le jaillissement de notre vie. Il nous dit : « Je vais t’accompagner, te faire sortir de tes esclavages. Toi qui subissais ta vie, je vais faire de toi quelqu’un qui peut vivre d’une manière libre, prendre ta vie en main. »
Jean Paul II nous l’enseigne ; nous sommes appelés, nous devons vivre dans ce jaillissement de la grâce de Dieu. Nous avons été fait à l’image et ressemblance de Dieu qui se manifeste dans la communion ; nous sommes des êtres faits pour la communion, pour l’Amour. Nous faisons parfois l’expérience, dans notre vie, d’avoir été traités comme des objets. Rappelons-nous Caïn et Abel qui étaient dans l’incapacité de vivre en fraternité, de même les fils de Jacob « ils ne pouvaient vivre en paix ni parler entre eux ». Sur les enseignements du Christ dans son discours sur la montagne, Jean-Paul II nous rappelle que « nous devons nous remettre dans cette grâce que Dieu nous fait, mais notre cœur reste le champ de bataille pour nous arracher à la convoitise et pour vivre pleinement de cet Amour de Miséricorde de Dieu » : être chrétien, c’est être fils.
Faire œuvre de pénitence
Jean-Baptiste va appeler les gens pour les baptiser : ce geste du bain rituel, avec la confession des péchés, demande également de faire des œuvres de pénitence pour vivre des œuvres de Dieu : « fais bien ton devoir d’état » Jésus reprend la même prédication : « le Royaume des Cieux est au milieu de vous » ; Il vient libérer la grâce et donner son interprétation de la loi (cf. Matthieu) :
« Je ne suis pas venu abolir la loi mais l’accomplir. »
Jésus prend trois domaines de la vie (le meurtre, l’adultère et le nom de Dieu) et les réinterprète dans leur plénitude : les dix commandements sont des paroles de libération ! « Tu ne convoiteras pas » (en droit on légifère sur des actes et non sur le fond du cœur) revient à dire qu’il ne faut pas réduire l’autre à la satisfaction de ses propres désirs. Comment exercer l’autorité ? Comme un service et non l’inverse.
Revenir à la source
Jésus attirera l’attention sur le fait que la loi n’est pas seulement d’éviter l’acte mauvais mais d’aller jusqu’au cœur. C’est l’intelligence qui vient mettre dans la lumière. Jésus nous appelle à ces paroles pour que la vie de Dieu circule en nous : « Soyez saints comme votre Père est saint ». Cette interprétation de la loi par Jésus vient bousculer la manière dont Moïse l’a donnée pour régler les petits litiges (Cf. Exode 18). Jésus vient nous dire que Moïse a combiné avec notre cœur mauvais en vivant à partir de nos blessures (cf. le divorce) mais à l’origine il n’en était pas ainsi : Il nous dit donc de retourner à l’origine, dans le jaillissement de l’amour du Père, en acceptant de nous ouvrir à la grâce de Dieu.
Saint Paul écrit :
« Soyez vainqueur du mal par le bien. »
Autrement dit, ne vivez pas à partir de la blessure mais à partir de la source ; vivez dans ce jaillissement de l’alliance de Dieu en vivant chacun dans sa dignité. Ne soyez pas captifs de ce mal, ni l’objet de ce mal : Jésus a rencontré les pécheurs, guérit les malades, comme signe du pardon des péchés.
Ouvrons la porte au Christ
Nous sommes fils parce que le fils est celui qui a l’héritage, celui qui est chez lui dans la maison du père avec libre disposition des biens ; et comme fils de Dieu, nous avons donc libre disposition de l’Amour du Père (cf. le débiteur impitoyable). Laissons la miséricorde couler à travers nous, ne faisons pas obstacle à l’amour de miséricorde de Dieu. Nous pouvons vivre à ce degré de l’amour de Dieu : Jésus accueille et vivifie les pécheurs, Il s’assoit à leur table, Il vient les chercher et donc, nous chercher. Dans notre vie chrétienne, « ouvrons la porte au Christ » car Jésus nous fait miséricorde, nous ramène à ce jaillissement. Aucune blessure humaine ne peut barrer définitivement la porte à la grâce puisque Jésus vient nous relever et nous donner la vie. Dans le sacrement de la confession, Jésus vient nous rencontrer ainsi.
Vie d’enfant de Dieu
Jésus a affronté les pharisiens ! Il a démasqué leur péché : le moralisme dans lequel ils s’enferment. On tend souvent à réduire la considération que l’on a de soi au fait d’avoir, ou ne pas avoir, satisfait à certaines lois et l’on se définit par rapport à cela.
Or dans la tradition chrétienne c’est justement là que se profile la structure du péché : c’est bien le fait de s’identifier à ce qui sera une idole, c’est-à-dire à quelque chose que l’on construit pour se sécuriser. Cela peut être encore une image de soi réduite à une recherche de certitude de ce que l’on a fait, ou pas. Alors que ce qui nous définit, ce ne sont pas des valeurs, un comportement ou des lois extérieures, mais le mystère de Dieu lui-même. Nous avons été fait à l’image et ressemblance de Dieu pour aimer infiniment (cf. le publicain et le pharisien qui, lui, reste dans ses certitudes). Dieu nous invite à marcher avec lui, à sortir de ce monde idolâtre « pour aller vers un pays que je te montrerai » : va par toi-même, pour ton bonheur, va jusqu’au bout pour avancer dans le monde. Notre acte de confession s’inscrit dans cette vie d’enfant de Dieu : le baptême lui-même remet les péchés. (cf. le credo)
La confession, sacrement de pénitence
Confession personnelle et objective
Jésus offre sa vie, l’accomplit ; Il veut nous faire passer par sa mort et sa résurrection, et pour cela il envoie ses disciples (Évangile de St Jean). Dans l’Église, dans cette méditation des paroles de Jésus, nous est donnée une seconde planche de salut : la pénitence.
Au commencement était la confession publique puis l’aspect plus personnel est apparu pour rentrer dans cette rencontre avec Jésus : il nous pardonne des péchés mortels qui nous coupent de la vie de Dieu mais également de la multitude de péchés véniels où l’on se laisse aller, pour nous remettre sans cesse dans le bon axe. Il faut tout reprendre à ce jaillissement.
La confession est cette rencontre avec le Christ de manière objective. La pédagogie se fait à travers un ministère de l’Église pour qu’elle reste objective ; c’est en nommant nos fautes (manière curative) que nous pourrons progresser dans notre vie pour vivre dans ce mystère du Christ. Nous sommes fils bien-aimés du Père et « en toi j’ai mis toute ma confiance » pour que nous soyons régénérés et devenions nous-mêmes la source ! Il est essentiel de réveiller cette présence de Dieu déposée chez chacun.
Et la grâce chrétienne est de vivre dans le jaillissement de cet amour de Dieu.
Accueil de la grâce
Si l’on ouvre la porte au Christ, il vient nous donner son Esprit Saint : ai-je accueilli la vie ? Est-ce que je me suis replié sur mes blessures ou oserai-je encore m’ouvrir à la vie ? En effet, le péché vient mettre un obstacle à la vie et nous introduit dans une impasse ; le sacrement de la miséricorde vient alors nous ouvrir un avenir que l’on ne voyait plus. Nous pouvons alors de nouveau agir comme sujet, être maître de notre vie, être un sujet moral qui peut répondre de sa vie.
La confession nous aide à entrer dans le concret par cette contemplation de la Miséricorde de Dieu.
Relisons dans l’Ancien Testament, l’histoire du Peuple de Dieu dans le désert : soumis à l’oppression puis libéré de l’esclavage, Dieu lui donne une loi (Paroles de Vie) ; avec les prophètes c’est l’intériorisation : repensons à Jérémie qui dit que le cœur de l’homme est malade et incurable (puissance de mort/culture de mort) ! Le cœur de l’homme est malade, en effet, et doit ouvrir sa porte à un cœur nouveau. A chaque confession, on accepte que Dieu nous remette tout le trésor de la grâce.
Tout part donc de la contemplation de l’Amour de Dieu, de notre intelligence du mystère. On ne pourra tout affronter qu’à partir de là.
Nous sommes invités à vivre, à faire des œuvres de pénitence.
Vocabulaire :
- Sacrement de la conversion parce qu’il réalise sacramentellement l’appel de Jésus à la conversion (revenir vers le Seigneur quand on s’en est éloigné) ; c’est un changement radical d’orientation.
- Sacrement de pénitence qui exprime l’ensemble des actes de l’homme par lesquels la conversion s’opère et fructifie.
- Sacrement du pardon : Dieu a l’initiative car c’est Dieu qui pardonne
- Sacrement de la réconciliation : on désigne la finalité, le résultat du processus qui est de rétablir l’amitié renouée avec Dieu à l’intérieur de la communauté.
La pénitence ou réconciliation est l’œuvre de toute l’Église !
- Conversion : Notre conversion n’est jamais vraiment terminée ; nous avons constamment besoin de mettre notre humanité bien en cohérence, entrer toujours plus dans cette vérité qui nous habite.
Ce ministère de la réconciliation est porté par toute l’Église ; nous sommes des instruments de miséricorde et il y a, à l’intérieur du peuple de Dieu, une célébration ; il y a des ministres qui ont une fonction particulière mais ce ministère est porté par tous. « Le Christ a voulu que son Église toute entière… » C’est Dieu seul qui pardonne les péchés, mais il a donné ce pouvoir au Fils de l’homme puis à tout homme…
- La pénitence : Elle nous fait descendre au fond de notre cœur pour entrer dans cette intériorité. La pénitence intérieure est réorientée à partir de la contemplation de l’Amour de Dieu : alors nous apprenons à savoir dire NON au mal. Nous y puisons la résolution de changer de vie, accompagnée de la componction du cœur qui est le repentir du cœur (douleur, tristesse salutaire : on n’est pas indifférent au mal). Il y a une tristesse mauvaise, de mort, et une tristesse qui nous pousse à changer : on ne se réjouit pas du mal, et on ne tombe pas dans l’indifférence mais, au contraire, notre cœur est touché par le mal. C’est la tristesse comme douleur joyeuse (cf. orientaux). Qu’est-ce qui masque le visage de Dieu ? Qu’est-ce qui le rend opaque ? Il faut en être triste et être, alors, des artisans de paix. La pénitence intérieure va comme ébranler notre cœur ; nous sommes des êtres de désir que la lumière de Dieu envahit.
Pénitence (cf. Matthieu 6) par rapport aux autres, à Dieu, à soi-même nous devons guider notre effort vers le bien :
- L’aumône qui est une ouverture aux autres
Catéchisme de l’Église Catholique n°1435
– La confession, guide pratique, un autre texte à méditer en ligne.