Émergent alors nos résistances les plus profondes. Ici, ce murmure du peuple, c’est un refus de Dieu. Voilà pourquoi le Seigneur envoie ces serpents venimeux. Le Serpent qui a tenté Eve, celui qui dès l’origine refuse Dieu, voilà que les Hébreux s’en rendent complices. C’est ce qu’ils doivent regarder en face : Moïse dresse un serpent sur un bâton. Car nul ne peut être sauvé s’il ne regarde le mal qui est en lui, s’il ne fait le lien entre ce mal et le refus radical de Dieu qu’il implique.
Voilà quelle est aussi la croix : la projection du mal que nous avons fait, et que nous avons à contempler. Nous sommes capables d’attaquer Dieu, de broyer l’Innocent. Cette prise de conscience qui pourrait être désespérante, Dieu en fait le moyen de notre guérison, de notre salut.
En ces temps où la confession ne nous est plus accessible, sans morbidité, regardons le mal que nous avons pu faire, pour le regretter, voyons en quoi il a empêché le Christ de vivre davantage dans notre monde.
Les historiens rapportent que lorsque l’empereur Justinien entreprit de construire la basilique de la Sainte Sagesse (l’actuelle mosquée Sainte Sophie d’Istambul) il y eu un moment particulièrement critique. Sous la masse des pierres de la voute qui s’élevait peu à peu, les piliers commençaient à s’écarter, les murs à se fendre, tous étaient tenter de cesser l’ouvrage pour ne pas risquer de se trouver écraser par son effondrement. Justinien qui avait conçu l’édifice ordonna de poursuivre. La coupole continuait à s’élever, jusqu’à ce que l’on pose la dernière pierre. Tout l’édifice alors se stabilisa, les forces étaient parfaitement équilibrées, et il tient bon jusqu’à nos jours.
Justinien, entrant dans l’édifice, s’écria alors : « J’ai surpassé Salomon » ; le constructeur du Temple de Jérusalem.
Dieu connaît le sens de notre persévérance, elle nous obtiendra le salut, la beauté de l’édifice de notre vie récompensera nos efforts.
N’abandonnons pas la lutte. « Celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. »
Références des lectures du jour :
- Livre des Nombres 21,4-9.
- Psaume 102(101),2-3.16-18.19-21.
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 8,21-30 :
En ce temps-là, Jésus disait aux pharisiens :
— « Je m’en vais ; vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché. Là où moi je vais, vous ne pouvez pas aller. »
Les Juifs disaient :
— « Veut-il donc se donner la mort, puisqu’il dit : “Là où moi je vais, vous ne pouvez pas aller” ? »
Il leur répondit :
— « Vous, vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut. Vous, vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde. C’est pourquoi je vous ai dit que vous mourrez dans vos péchés.
En effet, si vous ne croyez pas que moi, JE SUIS, vous mourrez dans vos péchés. »
Alors, ils lui demandaient :
— « Toi, qui es-tu ? »
Jésus leur répondit :
— « Je n’ai pas cessé de vous le dire. À votre sujet, j’ai beaucoup à dire et à juger. D’ailleurs Celui qui m’a envoyé dit la vérité, et ce que j’ai entendu de lui, je le dis pour le monde. »
Ils ne comprirent pas qu’il leur parlait du Père.
Jésus leur déclara :
— « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, JE SUIS, et que je ne fais rien de moi-même ; ce que je dis là, je le dis comme le Père me l’a enseigné.
Celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. »
Sur ces paroles de Jésus, beaucoup crurent en lui.