Les derniers moments de l’officier allemand
Dieu cherche à toute force la bribe de bien qui est en nous, parfois réduite à une peau de chagrin…
Un officier de la Wehrmacht avait été fait prisonnier par les résistants à la fin de guerre. Cet homme était un libertin fini, sa prestance et son charme avaient jeté dans ses bras bien des femmes dont il se débarrassait sans vergogne quand il avait obtenu ce qu’il en voulait…
Il va être fusillé. On lui propose de rencontrer l’aumônier. Catholique, il accepte. Le prêtre lui propose de se confesser.
L’officier fait état de ses frasques.
— « Regrettez-vous vos péchés ? » lui demande le prêtre.
— « Comment regretterais-je ? J’ai eu la vie que j’ai voulue, le plaisir que je désirais… » répond-il. Sans contrition, pas d’absolution. Sans regret, pas de pardon sacramentel possible.
Alors, l’aumônier, inspiré sans doute par la grâce de son sacerdoce, lui demande :
— « Regrettez-vous au moins de ne pas regretter ? »
— « Oui, mon Père » souffle-t-il. Les coups de feu claquèrent.
L’Allemand mourut dans cette paix de celui qui sait que sa vie ne se réduit pas au mal qu’il a fait.
Références des lectures du jour :
- Livre de Daniel 3,25.34-43.
- Psaume 25(24),4-5ab.6-7bc.8-9.
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 18,21-35 :
En ce temps-là, Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? »
Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois.
Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent). Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette.
Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.”
Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.
Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette !”
Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai.”
Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait.
Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé.
Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?”
Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.
C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »