« J’étais comme un agneau docile. » (Jérémie 11, 18-20)

Méditation du 28 mars - Saint Gontran, Roi de Bourgogne

Le prophète Jérémie prêche en Judée, juste avant la catastrophe : l’occupation par Babylone de Juda, la déportation, etc… Annonçant le malheur, il s’est fait des ennemis qui veulent en finir avec lui, notamment dans sa propre famille.
Mais ici, il cesse proférer menaces ou châtiments contre un peuple qui s’endurcit, s’éloigne de Dieu, retombe dans l’idolâtrie. Non, il va simplement confesser sa détresse, sa peur.


Extraordinaire avancée dans le prophétisme. Souvent les paroles dites par les prophètes étaient comme extérieures à eux. Certains parlaient même bien malgré eux, n’étant que les haut-parleurs de Dieu.
Mais là Jérémie parle de lui… : “moi j’étais”… cesse-t-il pour autant de parler de Dieu ?
Non. En réalité, Jérémie devient l’écho du cœur de Dieu. Ce qu’il éprouve, voilà ce que Dieu ressent. Car le prophète, c’est celui qui a mission d’éprouver les sentiments de Dieu, et de les faire connaître. Quels sentiments ? ceux d’un Dieu rejeté, et ceux d’un Dieu persécuté :

« Ils m’ont abandonné, moi la source d’eau vive… »
« J’étais comme un agneau familier mené à la boucherie »

Enfin, des sentiments annonçant ceux d’un Christ qui s’en remet à son Père :

« Je verrai ta revanche sur eux, car c’est à toi que j’ai remis ma cause. »

Voilà l’ultime parole de Dieu pour nous convertir : la prophétie menaçante a cessé. Mais d’un bout à l’autre de l’univers, le spectacle de son cœur déchiré par le refus de l’homme, la parole silencieuse de la croix. Regardons-là, elle nous enseignera en profondeur.

Homélie du samedi 28 mars 2020 - 4e semaine de Carême Année A - Père Maximilien-Marie
Parabole : La simplicité de demander conseil (des maximes des pères du désert)

Voilà ce qu’on disait d’un vieillard : il demandait à Dieu l’interprétation d’une parole de la Bible. Pour l’obtenir, il passe soixante-dix semaines en ne mangeant qu’une fois la semaine.
Mais Dieu ne la lui révèle pas.
Il se dit en lui-même : « Je me suis donné tant de peine, sans rien obtenir ; je vais donc aller chez mon frère et l’interroger ».
Et comme il ferme la porte derrière lui pour aller chez son frère, un ange du Seigneur lui est envoyé. Il lui dit : « Les soixante-dix semaines que tu as jeûné ne t’ont pas approché de Dieu ; mais lorsque tu t’es humilié toi-même en partant chez ton frère, j’ai été envoyé pour t’annoncer le sens de cette parole ».
Et il répond parfaitement à sa recherche sur la parole de la Bible. Puis il se retire.


Références des lectures du jour :

  • Livre de Jérémie 11,18-20.
  • Psaume 7,2-3.9bc-10.11-12a.18b.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 7,40-53 :

En ce temps-là, Jésus enseignait au temple de Jérusalem.
Dans la foule, on avait entendu ses paroles, et les uns disaient :
— « C’est vraiment lui, le Prophète annoncé ! »
D’autres disaient :
— « C’est lui le Christ ! »
Mais d’autres encore demandaient :
— « Le Christ peut-il venir de Galilée ?
L’Écriture ne dit-elle pas que c’est de la descendance de David et de Bethléem, le village de David, que vient le Christ ? »
C’est ainsi que la foule se divisa à cause de lui.
Quelques-uns d’entre eux voulaient l’arrêter, mais personne ne mit la main sur lui.

Les gardes revinrent auprès des grands prêtres et des pharisiens, qui leur demandèrent :
— « Pourquoi ne l’avez-vous pas amené ? »
Les gardes répondirent :
— « Jamais un homme n’a parlé de la sorte ! »
Les pharisiens leur répliquèrent :
— « Alors, vous aussi, vous vous êtes laissé égarer ? Parmi les chefs du peuple et les pharisiens, y en a-t-il un seul qui ait cru en lui ?
Quant à cette foule qui ne sait rien de la Loi, ce sont des maudits ! »

Nicodème, l’un d’entre eux, celui qui était allé précédemment trouver Jésus, leur dit :
« Notre Loi permet-elle de juger un homme sans l’entendre d’abord pour savoir ce qu’il a fait ? »
Ils lui répondirent :
— « Serais-tu, toi aussi, de Galilée ? Cherche bien, et tu verras que jamais aucun prophète ne surgit de Galilée ! »
Puis ils s’en allèrent chacun chez soi.