« Je me souviens du Père Lamy, vers l’âge de 5 à 6 ans. Même étant enfant, ce prêtre m’a toujours incitée au respect, malgré sa grande simplicité et sa grande bonté. Quand on le rencontrait dans la rue, il s’arrêtait pour nous dire un petit mot.
Il avait toujours le chapelet en main, et, à quelques mètres de nous, on voyait ses lèvres remuer ».
« Quand il parlait de la Sainte Vierge il disait toujours « la Très Sainte Vierge Marie ».
Il disait tous les jours sa messe à l’autel de la Sainte Vierge (donc, tout près des enfants) en même temps que le Curé de la paroisse, au Maître Autel. Il avait une attitude très recueillie.
Après la messe, à genoux au pied de l’Autel, de mémoire, avec ses servants (enfants ou adultes) il disait les litanies de la Sainte Vierge.
Il avait toujours des petits garçons du Pailly, dévoués pour aller servir la messe à la chapelle. Mes deux frères y sont allés bien des fois.
Le sens de l’humour et de l’amitié
Il était souvent accompagné du Comte Biver, très simple et très accessible. Il était son grand ami et protecteur, et même bienfaiteur. Lorsqu’il était là, il servait sa messe, et avec quelle piété et respect pour Jésus et son prêtre : on voyait qu’il vivait sa messe. Il avait beaucoup de respect, d’attention et de prévenance envers le P. Lamy.
On voyait qu’il l’estimait et l’aimait beaucoup, aussi, il était bien payé de retour.
Une fois il y en a qui lui ont fait une petite farce… je ne me souviens plus ce que c’était, mais, il l’a accepté bien gentiment ; d’ailleurs, il était parfois un peu farceur aussi . Etant gamin, par exemple, au mois de mai, en rentrant de travailler dans les champs, les femmes déposaient leurs bottes remplies d’herbe pour les lapins, contre l’Eglise… le Père Lamy mettait alors des cailloux dans les bottes.
Converser avec les Anges, une douce habitude pour le Père Lamy
Il allait à Notre Dame des Bois encore souvent à pied avec toujours le chapelet d’une main et la canne de l’autre. Il y allait aussi en petite charrette tirée par un beau petit âne.
Un jour il a croisé deux individus pas très rassurants, ils l’ont interpellé et au bout d’un instant, l’un dit à l’autre : « Ils sont deux ! » et pourtant le P. Lamy était seul. Il a dit que c’était un Ange.
Le Comte Biver passait souvent quelques jours au Pailly. Le soir il accompagnait le Père Lamy pour monter l’escalier, et l’installer dans sa chambre. Ensuite, le comte rejoignait la sienne.
Comme il ne dormait pas, il a eu l’impression de percevoir une conversation !! Il va donc à pas feutrés vers la chambre du Père Lamy, et écoute un court instant à la porte. Effectivement, il était en conversation… Le Père Lamy lui a dit qu’il parlait avec les Anges.
Enfants, nous allions souvent à Notre Dame avec nos parents, à pied ou en charrette. A cette époque, il n’avait qu’un petit chemin dans le bois, pas facile à pratiquer, mais nous nous sentions si bien, tout nous semblait beau.
En parcours de ce chemin, il y avait une grosse pierre devant laquelle nos parents nous faisaient nous arrêter pour remémorer le moment où notre cher Père Lamy qui avait été battu à cet endroit par le démon… nous étions un peu émus.
Plus tard sa sœur Rosine, m’a dit qu’elle avait pansé ses plaies Elle m’a aussi parlé du fait que le lit de son frère n’était jamais défait…
Sur les sentiers de Notre-Dame des Bois avec le Père Lamy
Le pèlerinage avait lieu le dimanche le plus proche du 8 septembre, l’après midi seulement, organisé par le Père Lamy qui était le seul prêtre. Nous aimions beaucoup ce jour.
Il pleuvait assez souvent le matin et durant le trajet que nous faisions en charaban avec chacun son parapluie. Nous laissions charaban et cheval chez Chanson à Violot, dont la fille de M. Thérèse est en maison de retraite à St Augustin, à Percey et partions à pied à le chapelle.
En arrivant la pluie était un peu apaisée. Mais le Père Lamy nous disait : « Confiance mes enfants, les nuages vont se dissiper et le soleil viendra. », et c’était toujours vrai. Nous n’avons jamais fait un pèlerinage sous la pluie.
Le Père Lamy était assis sur une chaise devant la chapelle, les pèlerins étaient debout face à lui, très attentifs. Il avait une grosse voix qu’il élevait fortement quand il parlait sévèrement, surtout quand il parlait de Satan, c’était impressionnant ; cependant, nous n’avions pas peur, nous avions totalement confiance en lui, car, avec lui nous nous sentions à l’abri de tout.
Nous faisions une petite procession dans le bois en chantant tous d’un grand cœur ce beau cantique…
Oh ma bonne Mère, place moi, place moi
Je l’aimais beaucoup, parce que c’étaient mes premiers pèlerinages d’enfant ; c’était Notre Dame des Bois et notre Cher Père Lamy. Ces souvenirs sont imprégnés dans mon cœur avec souvent une certaine nostalgie.
L’Abbé Lamy parfois dénigré
Des prêtres étaient contre lui et le traitaient d’original, de radoteur, de détraqué, ainsi que certaines personnes du Pailly. Cela nous faisait bien mal au cœur. Cependant nos curés de la paroisse, les Abbés Macheret et Bernard y croyaient et allaient à la chapelle en privé. L’un et l’autre y emmenaient toujours ses enfants, à pied, le lendemain de leur profession de foi.
Cet après midi nous réjouissait beaucoup.
L’Abbé Desvoyes a toujours eu une grande vénération, une grande confiance en Notre Dame. Il y allait très souvent jusqu’au jour où sa santé ne le lui a plus permis. Il est certain que d’autres prêtres restaient réservés par crainte.
C’est l’Abbé Bernard qui a fait couper le bois pour faire un chemin de croix ainsi que le calvaire et l’esplanade. Le 7 octobre, il allait dire sa messe à la chapelle. Nous étions un petit groupe avec lui et c’est là qu’il nous a fait part de ses projets.
Les petits conseils du Père Lamy
Un jour, Maria Henry, la maman de Paul, a dû subi une grave et urgente opération. L’Abbé Bernard étant absent, elle est allée se confesser auprès du Père Lamy qui l’a bien réconfortée… et lui a dit : « Courage, confiance mon enfant, Saint Jean vous emmène, Saint Jean vous ramènera ».
Effectivement tout s’est très bien passé et elle s’est bien remise assez vite. Il avait une grande dévotion à Saint Jean Baptiste, notre cher patron de la paroisse.
Il disait que nous devrions toujours être en contact avec les Anges. Il n’était jamais contrariant ; il acceptait tout, plutôt avec le sourire parce que tout lui venait de la Très Sainte Vierge Marie.
Dans mon souvenir d’adolescente, je le vois vraiment petit enfant de la Sainte Vierge.
En principe, il quittait toujours le Pailly après la Toussaint et revenait au printemps. Son départ nous peinait mais son retour nous réjouissait.
Il avait dit à papa que l’abbaye de Grosse-sauve reprendrait et qu’à Notre Dame des Bois il y viendrait des foules.
A son décès, nous avons été bien peinés. Son départ nous a laissé un grand vide ; aussi nous l’avons toujours parmi nous par la pensée, le souvenir et l’exemple qu’il nous a donné.
Nous le prions et le considérons comme un protecteur. »