Témoignage d’un séminariste à l’Œuvre de Jeunesse Notre-Dame des Bois

Rapport de stage à l’œuvre de Jeunesse Notre-Dame des Bois (Mulhouse)

La congrégation des Serviteurs de Jésus et de Marie a ouvert depuis septembre 2015 une nouvelle mission : l’Œuvre de Jeunesse Notre-Dame des Bois, dans la ville de Mulhouse. Tenue par deux frères à la fois jeunes et expérimentés, elle reçoit des enfants de 6 à 12 ans pour « jouer et prier ». Cela prend la forme d’un accueil postscolaire, les mardi, jeudi et vendredi, de 16h à 18h.
Au programme de chacun de ces temps : goûter, jeux et soutien scolaire.


Un programme conçu spécialement pour les jeunes

Le nombre d’enfants présents varie entre trois et sept. Les mercredi et samedi, les enfants sont accueillis tout l’après-midi. Ils sont alors plus nombreux, entre une douzaine et une vingtaine. Si des jeux, promenades en calèche et autres célébrations d’anniversaires sont prévus, une initiation au mystère chrétien est aussi proposée. Le mode de vie des frères par le port de l’habit et les habitudes chrétiennes pratiquées (bénédicité, bougies allumées…), est un témoignage pour les jeunes qui peuvent également vivre des temps de prière, d’enseignement et recevoir les sacrements.

Le mercredi, chaque enfant arrivant à l’Œuvre se rend à l’oratoire pour un bref temps de prière. Puis, dans le courant de l’après-midi, une catéchèse d’une quinzaine de minutes est adressée à l’ensemble. Enfin, à 16h45 une messe est dédiée aux enfants, lesquels participent à la liturgie. Notons que les parents peuvent venir chercher leur enfant avant la messe mais qu’une bonne part préfère leur permettre de vivre l’ensemble de l’après-midi. Quant au samedi, l’après-midi ne prévoit pas de catéchèse mais certains jeunes viennent le matin pour un enseignement plus systématique en vue de la réception des sacrements.

L’Évangélisation des familles par les jeunes

La mission est dédiée aux enfants mais elle se prolonge naturellement vers les familles qui rencontrent les frères par ce biais. À quelques exceptions près, elles sont d’un milieu modeste, parfois dans des situations précaires et souvent avec des repères moraux ou religieux approximatifs.
Les situations matrimoniales sont « contemporaines » et les origines multiples (France, Espagne, Kosovo, Irak…). La mission est pour les familles un soulagement matériel, un moyen de sociabiliser les enfants et une opportunité de transmettre un pan d’éducation qu’elles ne peuvent apporter. Ce lien fraternel avec les familles se concrétise par des services rendus réciproquement, des informations transmises. Il permet aussi à des familles de s’entraider !

À ces relations entre les familles des enfants, il faut ajouter celles développées avec des habitants du quartier qui aident l’Œuvre. Cela prend la forme du soutien financier, de l’accompagnement des après-midi ou du tutorat scolaire. Enfin, les habitants peuvent se retrouver au cours de liturgie célébrée quotidiennement par les frères.
En somme, en se mettant au service de Dieu et des enfants, les frères se retrouvent au cœur d’un large réseau de charité.

Témoignage personnel

Pendant dix jours j’ai eu la joie de participer à la vie de l’Œuvre dans toutes ses dimensions, à commencer par la vie liturgique. Présent dans le chœur de l’oratoire, j’ai participé aux offices publics (messe, laudes, oraison, milieu du jour, vêpres). J’ai également pris part au service des enfants par le soutien scolaire, l’animation de temps de jeu et de catéchèses.
Je constate que je vis toujours l’enseignement comme une nouveauté et une joie, qu’il porte sur des vérités naturelles ou révélées ; quel bonheur que celui de faire percevoir la profondeur du réel (particulièrement dans le cadre d’une catéchèse), de faire grandir (particulièrement dans le soutien scolaire) !…
Suite à la demande des frères, j’ai préparé et assuré trois temps catéchétiques de quinze minutes et un temps d’une heure. Les premiers ont porté sur la vie consacrée (le jour de la chandeleur), le sens du Carnaval (car c’était à cette période-là) et l’Évangile du dimanche (les enfants étant conduits à part pendant l’homélie). Le temps d’une heure était dédié aux sacrements du baptême et de la communion.

Ces catéchèses étant intégrées dans une relation globale incluant le jeu et inscrite dans la durée (dix jours suffisent à nouer des liens !), c’est l’ensemble de ma présence qui, j’espère, aura constitué un témoignage évangélique.

Les œuvres de l’Œuvre…

La participation à la vie de l’Œuvre m’a aussi permis de rencontrer certaines familles. Parmi celles-ci je mentionnerai une famille irakienne dont le père était il y a encore quelques mois professeur de religion à Quaraqosh (plus grande ville chrétienne de la pleine de Ninive) et la mère, animatrice de chorale paroissiale. Ils ont quatre enfants dont certains s’apprêtaient à rejoindre l’Œuvre. Notre soutien à leur égard aura été spirituel par l’organisation d’une veillée de prière pour les Chrétiens d’Irak, mais aussi très concret puisque nous avons par exemple transféré des meubles inutilisés d’une famille française amie vers leur appartement. Nous avons aussi eu l’occasion d’accompagner le père de famille au Secours Catholique, celui-ci s’étant résigné pour la première fois à être aidé…

L’abondance d’activités que le lecteur aura pressenti à la lecture de cette description, mise en rapport avec le caractère très récent de l’installation des religieux vérifie cette parole évangélique :

La moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux »
(Mt 9,37).

Les frères sont, pour reprendre les mots du pape François, « en sortie », sur une ligne de rupture sociale, exposés au monde. La dimension verticale de la proposition est franchement vécue. Et les faits en témoignent : leur présence prophétique répond à un besoin dans un contexte aux repères et situations rouillées.
Ainsi, les mots « évangélisation », « apostolat » ont pris pour moi un sens renouvelé. J’ai participé à une mission dont le point d’équilibre est entre les deux demi-heures d’oraison quotidienne et le monde en attente.

La joie ressentie au cours de ce stage s’enracine dans le caractère évangélisateur de l’Œuvre. L’Évangile est en effet la « lumière du monde » (Jn 8,12) et l’Église illuminatrice. J’ai pu vivre pendant ce stage cette dimension. En soutenant scolairement des enfants, on participe à la croissance de leur intelligence, en jouant et en les reprenant ça et là, on leur transmet des attitudes morales et chrétiennes, en les catéchisant alors que pour la plupart ils ne l’auraient pas été sans la mission, on constitue le corps du Christ.
Et cette activité, parce qu’authentique et surnaturelle,rayonne dans le quartier. En somme, en cette année de la vie consacrée, j’ai bénéficié à plein de la grâce propre des religieux apostoliques !