Homélie du 3e dimanche de Carême

25 mars 2019

“Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir.
Sinon, tu le couperas.”

Écouter l’homélie

Texte de l’homélie :

Chers frères et sœurs,

J’aimerais consacrer cette homélie à commenter quelques éléments de la cérémonie que l’on appelle les scrutins. Il ne s’agit pas de voter aujourd’hui ! c’est plutôt le terme qui vient de scruter : regarder avec attention
Voici Martin qui se prépare au baptême et souhaite présenter son âme à Dieu pour que Dieu puisse comme regarder à travers : c’est ce regard qui nous purifie. Voilà la sens du mot scrutin.

Chers frères et sœurs, je vous rappelle que ce temps du Carême est un temps pour prier pour les catéchumènes. Nous sommes régulièrement invités par la liturgie à prier pour celles et ceux qui vont être baptisés, car nous avons à prendre en mains le désir de croissance de l’Église : elle doit croître en sainteté et en nombre.
Ainsi, pour célébrer le scrutin d’aujourd’hui, il y a plusieurs rites à commencer par la transmission du credo  : transmissio symboli, étape dont nous allons expliquer l’importance.

Le credo à recevoir et à transmettre

Saint Paul nous dit :

« Je vous ai transmis la Foi que j’ai moi-même reçue. »

Notons que c’est très rare lorsque nous avons une sorte de voix off qui nous instruit des vérité de la Foi. Cela arrive : il y a beaucoup de Musulmans qui ont des songes dans lesquels Jésus ou Marie se révèlent, mais ce n’est pas sans avoir rencontré des hommes et des femmes qui ont rencontré le Christ et qui vivent de cette foi au quotidien.
Ainsi, c’est souvent ce qui arrive : j’ai reçu la Foi de telle personne, c’est un-tel qui me l’a donnée et je la donne aux autres à mon tour, comme dans une course de relais. Il a le témoin que l’on reçoit et que l’on transmet.

C’est ce que l’on souhaite manifester aujourd’hui et c’est pour ça que je donnerai matériellement le texte du credo à Martin, pour signifier qu’il doit l’apprendre, le vivre et pouvoir l’expliquer pour qu’au jour des Rameaux, il puisse exprimer sa foi, dire ce qu’il en a compris, et la transmettre à son tour.

Que dire concernant le mot « symbole » ? on parle du symbole des apôtre, du symbole de la Foi…
On peut remplacer ce mot compliqué par le mot puzzle. Qu’est-ce qu’un puzzle ? Il faut toutes les pièces pour voir l’image en totalité., et s’il en manque une, on risque de mal la distinguer.
C’est la même chose pour le symbole : il est composé de plusieurs morceaux, que l’on appelle des articles. Et il faut que tous les articles soient réunis pour que le visage de Dieu se révèle. Voilà pourquoi il est important qu’on le connaisse intégralement.
Et ce texte doit on seulement être appris, mais façonner notre vie : au cœur du credo il y a Jésus qui naît, qui donne Sa vie et qui ressuscite. Et c’est aussi notre mission de donner notre vie pour les autres et être ainsi guidés par le Bon Dieu.

Renoncer au mal

Il y a un autre rite qui prépare le baptême : c’est celui de l’exorcisme. Nous le savons bien, les forces du mal sont en nous. Nous voudrions bien qu’elles soient moins présentes, mais nous le constatons bien souvent. Et celui qui s’en réjouit, c’est le démon, lui qui veut que l’on soit égoïstes. Une petite formule peut illustrer cela : TPMP, Tout Pour Ma Pomme… et c’est ce qu’il nous pousse à faire : "sers-tu en premier", "écrase les autres", "prends la meilleure part", "mens un peu pour arranger tes intérêts"…
Il peut aussi semer en nous un esprit de division, on l’appelle aussi le « diviseur ». Quand on se dispute avec les autres, quand on renvoie ses parents, il se réjouit aussi beaucoup…
Ainsi, on peut se demander comment il a été vaincu. Quelle bonne question ! Sans faire de devinettes, repensons au film La Passion de Mel Gibson : c’est au moment où Jésus meurt sur la Croix, qu’Il incline la tête, que le démon entre dans une grande crise de désespoir. Cette façon de le représenter est très juste, car c’est l’amour infini de Dieu manifesté sur la Croix qui vainc le démon.

C’est pour cela qu’au moment du rite de l’exorcisme, j’imposerai la Croix sur la tête de Martin pour signifier que cette force de l’amour de Jésus qui va jusqu’au bout passe en lui, dans tout son être.

L’huile pour la force

Un autre rite du baptême est l’onction d’huile.
Bien différente de l’huile que nous utilisons habituellement en cuisine, celle-ci fait référence à l’huile qui permettait de prendre des forces. Autrefois, les lutteurs s’en enduisaient le corps également pour que leur adversaire n’ait pas de prise sur lui.
Ainsi, cette huile manifeste la protection de Jésus sur notre cœur n’offre pas de prise au diable. C’est magnifique : Jésus qui se révèle et qui se donne en plénitude pour nous aider.
Cette huile est donc offerte pour le combat.

Vous l’avez sans doutes remarqué : quand on souffre pour quelque chose ou pour quelqu’un, on commence vraiment à s’y attacher. Si on ne souffre jamais pour sa Foi, elle risque de rester superficielle. En effet, ça coûte parfois un peu de ne pas s’énerver avec ses frères et sœurs, ses parents ou ses amis… parfois ça coûte un peu de se lever de bonne heure pour aller à la messe… Ainsi, à chaque fois que « cela coûte un peu », on peut dire à Jésus : « Je te l’offre, et je sais que Tu vas faire un peu plus Ta demeure en moi. »
Chacun d’entre nous peut faire cet acte d’offrande : lorsque vivre sa Foi nous a coûté un peu davantage, elle a plongé ses racines. C’est aussi le cas lorsque l’on est témoin et que l’on se fait moquer : oui, la Foi plonge alors ses racines en nous.

Une dernière chose : nous avons choisi aujourd’hui le texte que nous autorise la liturgie, celui de la Samaritaine. Qu’est-ce que Jésus lui demande ?

« Donne-moi à boire… »

D’une certaine manière, Jésus commence par nous demander quelque chose avant de nous donner à Son tour. Aujourd’hui, justement Martin, Jésus te dit : « Donne-moi à boire ! » comme pour te dire : Donne-moi ton amitié, donne-moi ta fidélité, donne-moi ta Foi.
C’est qu’Il a besoin de tout cela, non pas qu’Il en ait besoin pour vivre, mais qu’Il veut en avoir besoin pour nous montrer combien nous sommes précieux pour Lui.

Nous pouvons reprendre tous ces signes et les méditer pour que la Foi plonge toutes ses racines et que nous ayons une intelligence toujours plus vive.
Martin, tu dois aussi être le témoin du Seigneur. Je sais que tu l’es déjà par tes qualités, ta franchise et ta droiture. Fais-Lui honneur, fais honneur au nom de Jésus, sois Son témoin.
Que Marie t’accompagne, qu’Elle accompagne chacun d’entre nous, et qu’Elle nous bénisse,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de l’Exode 3,1-8a.10.13-15.
  • Psaume 103(102),1-2.3-4.6-7.8.11.
  • Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 10,1-6.10-12.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 13,1-9 :

Un jour, des gens rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient.
Jésus leur répondit :
« Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ?
Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même.
Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ?
Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. »

Jésus disait encore cette parabole :
« Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas.
Il dit alors à son vigneron :
— “Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?”
Mais le vigneron lui répondit :
— “Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier.
Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.” »