Texte de l’homélie :
Dieu appelle ! Dieu associe à Son œuvre de salut les pauvres créatures que nous sommes !
Jésus appelle Ses disciples, des pauvres pêcheurs, dont Il va faire les pasteurs de la nouvelle humanité rachetée par Son sang, rassemblée par Son appel, constituée par l’Evangile, structurée par les sacrements, envoyée en mission pour témoigner que Dieu offre à tous Son pardon et Sa paix.
Le christianisme n’est pas une religion, mais une réponse à un appel, une vie partagée avec le Christ, une communion, un chemin et un combat, la rencontre avec Celui qui peut bouleverser notre vie parce que Sa parole nous révèle le sens de notre existence, la signification de notre destinée. C’est une parole qui donne un visage concret à notre espérance et qui nous révèle la vérité de toute chose.
La vie du prophète Isaïe a été bouleversée par cet appel, comme celle de l’apôtre Paul, ou encore celle de Pierre, de Jacques et de Jean. Les circonstances de l’appel peuvent changer mais la réponse est la même :
« Me voici. Envoie-moi ! »
« Que tout se passe selon Ta parole ! »
Lorsque l’amour de Dieu nous est révélé, lorsque nous avons fait l’expérience de sa grandeur, de sa gloire et de sa sainteté, lorsque notre vie a été transformée par Son pardon qui a purifié notre cœur, nous ne pouvons que nous rendre disponible à Son appel et à la mission qu’Il veut nous convier.
Nous n’avons rien à craindre puisque c’est Dieu lui-même qui nous envoie, qui nous choisit, qui nous met à part, qui nous consacre. Certes les temps sont difficiles et l’infidélité semble triompher. Mais il en était ainsi du temps du prophète Isaïe, l’année de la mort du roi Ozias. Le prophète est envoyé à un peuple à la nuque rude, toujours tenté par l’idolâtrie et les fausses religions, toujours enclin à oublier le Dieu vivant et vrai qui est intervenu pour le sauver de l’esclavage, pour le préserver d’une mort certaine, pour faire alliance avec lui et pour lui octroyer la Terre Promise.
Une fois installés en Palestine les fils d’Israël ont vite oublié les exigences de leur vocation dans un désir effréné et mimétique de faire comme tous les autres peuples de la terre en oubliant ce qui constitue leur irréductible originalité, leur identité, à la face du monde.
Les disciples du Christ, à commencer par les Douze Apôtres auront aussi bien du mal à comprendre l’enseignement du Christ et à suivre Son exemple. Aux moments d’enthousiasme, celui des miracles et des succès missionnaires, vont succéder des temps plus difficiles, lorsque l’enseignement de Jésus se fera exigeant, lorsque les foules commenceront à l’abandonner, lorsque les oppositions se feront de plus en plus violentes…
Il faudra alors beaucoup de confiance, de persévérance, d’ouverture du cœur pour poursuivre le chemin en compagnie du Christ qui prend la route de Jérusalem afin d’y offrir Sa vie en sacrifice pour le rachat du genre humain.
Nous savons aussi que les Apôtres seront pour un temps infidèles à leur mission. Ils trahiront le Maître, ils l’abandonneront, ils le renieront. En faisant l’expérience du pardon de Jésus - à commencer par l’apôtre Saint Pierre - ils seront renouvelés dans leur mission.
Ayant eux-mêmes fait l’expérience de la miséricorde divine, ils pourront annoncer à tous et communiquer la grâce dont ils ont été les premiers bénéficiaires.
Mais pour cela, il faudra qu’ils soient les témoins du mystère pascal du Christ, de Sa passion, de Sa mort et de Sa résurrection. Et au matin de la Pentecôte, ils recevront en plénitude le Saint-Esprit, l’Esprit même du Christ ressuscité qui les introduit dans la vérité tout entière et fait d’eux les colonnes de l’Eglise, les pierres de fondation du nouveau peuple de Dieu.
Et c’est ce même Saint-Esprit qui nous est communiqué, qui donne aussi à l’Eglise les ministres et les disciples dont elle a besoin pour poursuivre dans ce monde l’œuvre de salut du Christ.
Aujourd’hui encore, le Christ appelle des baptisés à devenir des pêcheurs d’homme pour le salut de leurs frères et la gloire de Dieu leur Père.
La mission essentielle de l’Eglise est bien d’annoncer le mystère central du salut, tel qu’il est enseigné avec autorité par Saint Paul : Le Christ est mort pour nos péchés et Il est ressuscité pour nous communiquer Sa propre vie. Toutes les autres vérités de la foi dépendent de ce mystère essentiel, de cette réalité centrale : le fils de Dieu s’est fait chair et Il a donné sa vie pour nous. Il est ressuscité, à jamais victorieux de la mort, du péché et du pouvoir du démon.
Sans cette vérité vécue, défendue et proclamée, il n’y a pas de salut possible, nous avertit Saint Paul. Nous pouvons dire que toutes les religions manifestent le désir de l’homme d’être sauvé, ou du moins de donner un sens transcendant à une existence marquée par la finitude, voire par l’absurde.
Mais parce que l’homme est pécheur, il ne peut verser que dans l’idolâtrie, la tentative d’instrumentaliser à son profit les forces obscures et inquiétantes qu’il pressent, la réduction de Dieu à ce qu’Il peut en comprendre ou en saisir.
Seul le Christ rend à l’homme sa dignité en le sauvant et en lui faisant participer à Sa propre vie et à Sa propre sagesse, par la lumière de la foi. Il n’est pas donné aux hommes d’autre Nom par lequel ils puissent être sauvés, comme l’enseigne l’apôtre Saint Pierre au matin de la Pentecôte. C’est de cette vérité dont vivent les disciples du Christ depuis le commencement, qui les pousse à annoncer aux hommes l’évangile du salut.
L’obscurcissement de cet enseignement au nom d’un pluralisme mal compris explique pour l’essentiel la frilosité missionnaire, voire la disparition programmée du christianisme, spécialement dans notre Occident sécularisé.
L’Évangile nous rapporte ce propos de Jésus :
« Le Fils de l’homme, lorsqu’il reviendra, trouvera-t-il encore la foi sur la terre ? »
Ce divin et salutaire avertissement ne doit pas nous effrayer mais bien plutôt raviver notre espérance et nous renouveler dans le désir d’annoncer à tous le mystère du Christ mort pour nos péchés, ressuscité pour notre justification, notre sanctification, notre déification,
Amen !
Références des lectures du jour :
- Livre d’Isaïe 6,1-2a.3-8.
- Psaume 138(137),1-2a.2bc-3.4-5.7c-8.
- Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 15,1-11.
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 5,1-11 :
En ce temps-là, la foule se pressait autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu, tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth. Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets.
Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon, et lui demanda de s’écarter un peu du rivage. Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules.
Quand il eut fini de parler, il dit à Simon :
— « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. »
Simon lui répondit :
— « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. »
Et l’ayant fait, ils capturèrent une telle quantité de poissons que leurs filets allaient se déchirer. Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient.
À cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant :
— « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. »
En effet, un grand effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ; et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon.
Jésus dit à Simon :
— « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. »
Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.