Homélie du 4e dimanche de l’Avent

22 décembre 2015

Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte :
« Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. »

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Texte de l’homélie :

Frères et sœurs bien-aimés,

Nous venons d’entendre le récit de la visite de Marie à sa cousine Élisabeth. Qu’est-ce qui a permis à Élisabeth de savoir que Marie était mère du Seigneur ?

Vraisemblablement, la salutation de Marie était tout ordinaire. Et pourtant, Élisabeth a su immédiatement que Marie était la mère du Seigneur. Saint Luc nous le dit bien : « Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint  ». Le protagoniste principal de la scène de la visitation, même s’il est discret, est bien l’Esprit Saint. Si la salutation de Marie a produit un effet extraordinaire, c’est parce qu’elle était portée par l’Esprit Saint.

Pour aller un peu plus loin : quels sont les facteurs qui ont permis à l’Esprit-Saint d’agir ? Quel est l’écosystème propice à l’action de l’Esprit-Saint ?

Il me paraît important de connaître les différents éléments afin de nous ouvrir, nous aussi, à l’action de l’Esprit-Saint qui nous permettra de reconnaître dans l’enfant de la crèche non pas un simple bébé comme les autres, mais Dieu fait homme, le Verbe fait chair. Et qui nous permettra également de reconnaître la présence du Christ dans les autres, et en particulier dans les pauvres ?

Je retiendrais 5 éléments qui à la fois favorisent l’action de l’Esprit-Saint et manifestent qu’il est à l’œuvre. Deux éléments concernent davantage Marie et trois éléments nous sont révélés par l’attitude d’Élisabeth.

1 - La foi confiante de Marie

Ce qui est premier, c’est la foi de Marie. Comme l’exprime très bien Élisabeth :

« Heureuse, celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ! »

Elle ne dit pas : « Bienheureuse toi qui as vu un Ange » ou « Toi qui as entendu un messager de Dieu ».
Élisabeth nous éclaire sur la foi de Marie. Au don de Dieu, Marie a répondu par la foi. Il est beau de voir les fruits d’un acte de foi. Quand Pierre obéit à Jésus et marche sur l’eau, de beaux miracles s’opèrent.

Il ne s’agit pas d’une foi purement intellectuelle : Marie s’abandonne totalement à Dieu. Elle lui fait totalement confiance et le laisse disposer d’elle-même.

2 - La charité de Marie

Le don total que Marie a fait d’elle-même à Dieu, la pousse à se mettre au service de ses proches. Personne ne l’oblige à rendre ce service. Après l’Annonciation, Marie aurait pu rester chez elle pour goûter cette joie d’être la mère du Seigneur. Mais, interprétant l’indication de l’ange : « Élisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois. » comme une suggestion d’aller lui apporter son aide, « Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. »

Marie ne traîne pas : elle part en hâte chez Élisabeth. C’est son amour qui la presse. Comme le dit saint François de Sales :

« C’est le propre de l’Esprit Saint, lorsqu’Il touche un cœur, d’en chasser toute tiédeur. Il aime la promptitude, Il est ennemi des délais, des retards dans l’exécution de la volonté de Dieu… »

Rapidement comme pour les bergers ou les disciples d’Emmaüs.

Cet amour de Marie est comme un feu qui se communique à Élisabeth. La foi et la charité de Marie amènent la bénédiction sur Élisabeth : elle perçoit la présence du Seigneur, entre dans la louange et est remplie de joie.

3 - La perception de la présence de Dieu

Le fruit immédiat de l’action de l’Esprit-Saint, c’est cette perception de la présence du Christ. Élisabeth reçoit ce don d’un regard pénétrant (cf. prophète Balaam) qui lui permet de voir ce qui est invisible aux yeux de chair. C’est l’Esprit-Saint qui lui permet de reconnaître la présence de Dieu.
Comme le dit saint Paul :

« Nul, sinon par l’Esprit Saint, ne peut dire : Jésus est Seigneur » (1 Co 12,3)

Élisabeth est la première à dire : « La mère de mon Seigneur ! »
Reconnaître, dans l’exultation, Jésus comme Seigneur qui vient est le premier fruit de l’effusion de l’Esprit sur le monde, sur les croyants, en chacun de nous. C’est le moment où nous passons d’un Dieu plus ou moins lointain (« le Seigneur ») à la reconnaissance de Jésus comme « mon Seigneur et mon Dieu » venant me visiter.
L’Esprit Saint est celui qui nous permet de découvrir dans nos vies et celle des autres, tous les autres, la trace de l’œuvre de Dieu.

4 - La louange

Élisabeth s’écrie :

« Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. »

La louange est le chant de la foi qui voit plus loin, plus profond, que le mal et la mort. Au passage, on ne peut pas s’empêcher de comparer la force de parole d’Élisabeth au mutisme de Zacharie !
Élisabeth a cette réaction d’émerveillement, de reconnaissance en présence du mystère qui s’accomplit. C’est tout le contraire d’une forme d’habitude, de lassitude d’âme, voire d’une certaine incrédulité.

5 - La joie

Avec la louange vient aussi la conscience d’être aimé, d’être favorisé par Dieu :

« Comment m’est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur ? »

Il en va toujours ainsi du don de Dieu : je n’y ai aucun droit ; qui suis-je pour recevoir une telle visite ? Je ne suis pas digne de la recevoir. Mais cette venue m’emplit de bonheur.

Conclusion

J’imagine que vous préférez cette ambiance de la Visitation à l’ambiance qui règne quelquefois dans certains lieux ou certaines situations où l’ambiance est lourde, pesante : on y entend des paroles de critique plutôt que des bénédictions, des plaintes plutôt que des louanges, une certaine tristesse plutôt que la joie, …

Demandons à Marie et Élisabeth de nous aider à entrer dans ces dispositions de foi, de charité, d’intelligence, de louange et de joie. Alors notre fête de Noël sera vraiment belle,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de Michée 5,1-4a.
  • Psaume 80(79),2ac.3bc.15-16a.18-19.
  • Lettre aux Hébreux 10,5-10.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 1,39-45 :

En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte :
« Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »