Homélie du 1er dimanche de l’Avent

3 décembre 2018

« Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »

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Texte de l’homélie :

Frères et sœurs bien-aimés, comme vous le savez, dans ce temps de l’Avent, nous sommes particulièrement invités à méditer sur la vertu d’Espérance.

On peut distinguer Espoir et Espérance sur ce point principal : l’un concerne cette terre, et l’autre concerne les promesses de Dieu, elle est une vertu.
Une vertu est une disposition permanente acquise par la répétition des actes, c’est à dire que, toute comme la foi et la charité, l’Espérance a été placée en notre cœur comme une semence le jour de notre baptême. Et c’est par la répétition des actes d’espérance et de confiance en les promesses du Seigneur que cette vertu grandit en nous.

Relevez-vous redressez la tête, car votre rédemption est proche…

Alors que tout s’effondre autour de nous, nous avons le regard pointé sur les promesses du Seigneur. Et cela demande une répétition : c’est ce que l’on appelle l’acte d’espérance. L’acte de charité, l’acte de foi, vous les connaissez bien. L’acte d’espérance lui, peut être posé lorsqu’autour de nous - ou en nous-mêmes - la réalité ne semble pas resplendissante.
L’acte d’espérance est ce qui me permet d’avoir un autre regard sur la réalité visible : mon horizon n’est pas que la réalité visible. Par ma foi, j’accède à d’autres réalités que sont les promesses du Seigneur :

Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.

Ainsi que ces promesses résumées par le Seigneur dans les Béatitudes. Il est intéressant de voir que l’on pointe dans l’au-delà. On voit cette réalité terrestre comme elle est, mais on ne se désengage pas pour autant, car nous savons que cette terre est faite pour nous préparer à l’Eternité.
Ainsi, de l’implication dont je fais preuve sur cette terre par mes actes, c’est quelque chose du Ciel que je goûte dès ici bas.

Dans sa très belle encyclique – document admirable sur l’Espérance que je vous invite à lire - le pape Benoît XVI dit :

« Si je ne suis pas mu par la grande Espérance des promesses de Dieu, je serai vite découragé dans les actions que l’entreprends, car elles sont frappées par le péché, par l’imperfection et la mort. »

« A quoi bon ? » Et l’on voit des personnes qui commencent à faire le bien, puis se découragent. Il y a différentes raisons : les critiques qui peuvent émerger, le manque de rapidité et de fruit que portent l’engagement, les autres façons de faire qui interfèrent sur le même champ d’action…
Dans ce cas là, on voit des personnes qui sont découragées et ne persévèrent pas.

Faire preuve d’Espérance, c’est aussi prendre conscience que je suis un signe, et non pas une solution. Ce point est extrêmement important :

Et Benoît XVI nous le rappelle : il n’est pas en notre pouvoir d’éliminer la faute et le mal. On ne peut pas transformer ce monde visible et en éloigner tout ce qui est de l’ordre du péché et de la mort. Un seul a pu le faire : Le Christ.
En revanche, il est en notre pouvoir de faire confiance dans les paroles de Jésus. Et ainsi, je peux entreprendre sachant que l’adversité sera au rendez-vous lorsque je déciderai de m’engager pour le bien.

Et c’est pour cela que l’Église, toute tournée vers les réalités d’en-haut - et c’est le rôle de la vie de foi, d’espérance et de charité – s’est engagée sur le plan social, éducatif et sanitaire. Dès les commencements, elles est allées aux frontières de l’humain, là où il était le plus dégradé, pour rappeler la dignité de la personne humaine, mue qu’elle était par l’Espérance.
Mère Térésa n’a d’ailleurs pas cherché à éliminer la pauvreté en Inde : elle voulait juste que des personnes puissent vivre – et mourir – dans la dignité, accueillies avec amour dans cette fin de vie.
L’un d’entre eux disait : « J’ai vécu comme un chien, mais je vais mourir comme un homme. »

Le Chrétien est signe d’une autre réalité. Ainsi, une société comme la nôtre qui n’a plus d’espérance chrétienne, une personne qui n’a plus que l’horizon de ce monde visible pour se mouvoir et entreprendre risque de se laisser gagner par la violence : je n’ai que ce monde visible comme horizon, et ce monde visible est frappé par l’imperfection, le péché et la mort.
Ce quelque chose en moi qui aspire à l’accomplissement et à la perfection n’est pas au rendez-vous. Cela ne peut pas être reçu par ce monde.
On voit bien que cette société qui ne croit plus dans les promesses de Dieu devient violente : il y a quelque chose qui se révulse en nous, qui vient contredire cet appel à la plénitude au fond de nous que l’on ne voit pas se réaliser sur cette terre.

Il est intéressant de voir que le Seigneur nous encourage : "quand vous verrez que tout va mal, que les puissances des cieux seront ébranlées, relevez la tête, car votre rédemption approche."

C’est pour cela que quand on a la foi en Jésus et dans ses promesses, on ne laisse pas le découragement nous gagner. Cela peut être notre pire ennemi, et nous pouvons nous impatienter que les choses n’avancent pas.
A commencer par soi-même : les bonnes résolutions que l’on prend et que l’on n’arrive pas à tenir. C’est vrai aussi des situations qui nous entourent. Et c’est la tentation du découragement qui fait surface.
Et Jésus nous dit l’inverse : c’est quand vous voyez que rien n’avance au plan humain que vous devez relever la tête, car votre rédemption est proche.

C’est pour cela que le Chrétien ne se laisse pas entamer par l’échec ni par la difficulté, car il sait qu’il peut la vivre avec d’autres : dans la communauté chrétienne certes, mais surtout avec le Seigneur.

C’est une belle parole que le Seigneur nous donne là.
De même quand le prophète Jérémie dit, alors que la situation est désespérée et que tout s’effondre autour :

« Jérusalem habitera en sécurité, voici comment on la nommera : " Le Seigneur est notre justice." »

Ainsi, nous pouvons nous interroger : où en sommes-nous de cette vertu d’espérance ? la pratique-t-on par la répétition des actes ? pose-t-on des actes d’Espérance, comme par exemple de continuer d’agir en faisant le bien, alors qu’il y a des contre temps, des oppositions et des jalousies ?
C’est cela mettre en actes la vertu d’Espérance.

Et pour nous-mêmes, lorsque nos accès de colère, nos impatiences, nos addictions ne s’éloignent pas de notre cœur alors qu’on en a demandé la grâce, que l’on a supplié, que l’on a eu confiance ?
Continuons à persévérer dans la prière, car elle est le grand atelier de l’Espérance.

Voici des exemples concrets pour nous aider à garder la paix et à être convaincus que nous ne sommes pas réduits à nos psychologies blessées.

Nous aspirons à quelque chose de grand, là où Dieu sera tout en tous.

Ainsi, nous pouvons demander l’aide de la Vierge Marie pour nous préparer, Elle qui est cette grande figure de l’Avent. Il nous faut progressivement revenir, reprendre conscience de tout cela même si on le sait déjà, et c’est toute la richesse du cycle liturgique, avec ces quatre semaines, ces quatre bougies jusqu’à Noël pour nous aider à changer de cœur, à rentrer dans cette dimension profondément chrétienne de l’Espérance, et être les témoins d’un Dieu qui nous appelle des ténèbres à son admirable lumière,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de Jérémie 33,14-16.
  • Psaume 25(24),4bc-5ab.8-9.10.14.
  • Première lettre de Saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 3,12-13.4,1-2.
  • Évangile de Jésus Christ selon Saint Luc 21,25-28.34-36 :

En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue :
« Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots.
Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde, car les puissances des cieux seront ébranlées.
Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire.

Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche.
Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste comme un filet ; il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière.

Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »