Pourquoi ces icônes ?
(par Père Stéphane Joubert)
Au centre, le Christ en gloire
Sur le mur du fond, le Christ, dans la mandorle, assis sur l’arc en ciel de l’Alliance, Principe et Fin de l’univers, nous attire en sa gloire… Bénissant de sa main droite dont les doigts nous rappellent le mystère de notre foi des Trois personnes de la Trinité et les deux natures du Christ. De l’autre, il nous ouvre à l’intelligence des Écritures, lui le Verbe de Dieu. Entouré des « Quatre Vivants », il se révèle homme (ange), prophète (aigle), prêtre (taureau), et roi (lion) et présent dans l’Évangile quadriforme.
A la droite et à la gauche du Christ en gloire la Mère de Dieu et Jean-Baptiste
La Vierge Marie en geste d’hodiguitria (celle qui montre le Chemin) et en même temps priante et offrante (les deux mains ouvertes). La triple étoile sur le manteau de Sainte Marie symbolise la virginité « avant, pendant et après l’enfantement ».
Jean-Baptiste, lui, désigne le Christ comme Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde. Saint Jean-Baptiste porte la tunique des ascètes en poil de chameau invite à la conversion en vue du Royaume de Dieu.
Ainsi sont représentés deux axes de la spiritualité du Père Lamy qui l’ont marqué dès l’enfance : la Mère de Dieu et le sacerdoce de l’Agneau…
Derrière eux saint Joseph et saint Jean, les deux ‘premiers’ Serviteurs de Jésus et de Marie…
Saint Joseph porte un bâton fleuri de Nard, son emblème, qui symbolise l’amour infini.
Saint Jean, le disciple que Jésus aimait, porte l’Évangile du Verbe de Dieu fait chair.
Sur le côté, l’ange gardien et le lavement des pieds
L’ange gardien, si présent dans la vie du Père Lamy nous rappelle qu’ « entre le ciel et nous la distance n’est que celle d’une feuille de papier à cigarette » selon son expression…
Le lavement des pieds des apôtres est le signe du Christ Serviteur dans lequel nous voulons vivre notre vie consacrée. École pour vivre un apostolat d’humilité et de charité à la suite du P. Lamy.
Présentation « technique » des œuvres
(par Gilles Weissmann)
Ces icônes – le « polyptyque d’autel », avec le Christ en Gloire, la Vierge Marie, Saint Jean Baptiste, Saint Joseph, Saint Jean l’évangéliste, le « Lavement des pieds » et l’« Ange gardien » – ont été créées spécifiquement pour l’oratoire de l’Abbaye d’ Ourscamp, grâce à la confiance radieuse des Serviteurs de Jésus et de Marie. La conception et la réalisation de ces images s’est faite dans le respect des principes de l’iconographie traditionnelle byzantine, c’est-à-dire qu’elles sont théologiques et ecclésiales ; les moyens artistiques sont mis au service de l’Église. La figuration du Christ et des saints obéit aux canons établis aux débuts du christianisme et dont le but est de témoigner de la Présence divine dans la création. Le mode bien particulier de représentation de l’espace et du temps est conçu pour favoriser l’unification des fidèles en tant que corps du Christ.
En même temps ces icônes françaises ont reçu les influences de la fresque, de la miniature et de la sculpture romanes, notamment en ce qui concerne les drapés.
Elles sont peintes sur des planches de tilleul avec des pigments : Ocres, Terres, Lapis-lazuli, Malachite, Épidote, Hématite… liés par du jaune d’œuf. Pour incarner des êtres ayant retrouvé la beauté originelle de l’être humain, la peinture s’exécute en couches superposées en montant des ‘ténèbres’ vers la ‘lumière’. Cette technique permet aussi aux œuvres de durer plus de mille ans.
Les cinq icônes composant le polyptyque d’autel représentent la prière d’intercession pour l’humanité. Le Christ dans la mandorle est entouré des Quatre Vivants qui rappellent qu’il est homme (ange), prophète (aigle), prêtre (taureau) et roi (lion).
Les couleurs des icônes de l’oratoire ont été choisies pour s’harmoniser avec la blondeur de la pierre. L’or, sur les auréoles et les drapés, symbolise les énergies divines. Le blanc, signifie puissance de la lumière, virginité. Le bleu : foncé il représente le mystère, la transcendance, l’immortalité, le cosmos ; plus clair il incarne l’air, le calme, la fraîcheur et la profondeur. Le jaune : clair il manifeste la joie, les nuances d’ocre évoquent la terre. Le rouge symbolise l’amour divin, le sang et le feu, tirant vers le pourpre il signifie humilité et dignité, les roses incarnent le feu divin adouci par le blanc. Le vert, évoque l’eau, la vie végétale, la croissance et la fertilité.