Valérie
Pourtant seule femme au milieu de 15 messieurs, Valérie se sent bien sur le chantier.
— « Avant je travaillais dans la vente mais ça ne me plaisait pas. J’aime être dehors, que ça bouge. Je ne connaissais rien à la maçonnerie mais j’apprends le métier et ça me plait parce que c’est varié ».
— Est-ce que ça n’est pas trop dur, physiquement ?
— Certains blocs sont lourds, c’est vrai mais j’y arrive ! »
Valérie est bien décidée à trouver du travail dans le domaine de la taille de pierres et de la réfection de monuments. Elle est accompagnée dans ses recherches par une chargée de mission et ses démarches, comme celles de ses compagnons, sont évaluées par un comité de suivi qui se réunit toutes les six semaines.
— « J’ai déjà été convoquée à cinq entretiens mais beaucoup de patrons pensent encore que la place d’une femme n’est pas sur un chantier. Pourtant, je suis bien décidée à trouver du travail ! Comme nous avons un jour et demi de congé dans la semaine (en plus du week-end) j’ai le temps de chercher.
— Que vous apporte ce chantier ?
— C’est un coup de main. Cela donne des repères d’avoir un travail, ça libère. »
Alain
Alain a signé pour six mois renouvelables avec l’association. Au bout d’un an chacun doit avoir retrouvé du travail sinon :
« C’est le retour à la case départ. »
Travaillant autrefois dans la mécanique, Alain a découvert, lui aussi, le métier de la pierre. Il est intéressé mais aimerait trouver un stage en menuiserie pouvant déboucher sur une embauche.
— « L’ambiance ici est sympa, c’est une bonne équipe. Nous travaillons vingt-quatre heures par semaine. J’ai loué un scooter pour pouvoir venir de chez moi, à quinze kilomètres, et j’ai le projet de m’acheter une voiture. »
— Que pensez-vous de cette expérience de chantier de réinsertion ?
— Ça m’a remis sur les rails. C’est une aide parce que chercher tout seul, c’est dur ! »
Edward
Edward, lui, est encadrant technique. Compagnon maçon et maître ouvrier en miroiterie, il désirait transmettre son savoir, sa passion. Recruté il y a un an et demi par l’association il encadre les seize ouvriers de l’équipe, leur apprend le métier, règle les éventuels conflits.
« — Un Château pour l’Emploi ne travaille que pour les monuments historiques. Nous assurons la formation de personnes au RMI dans les domaines de la maçonnerie ou des espaces verts. Il y a aussi un petit atelier couture. Nous accompagnons ces personnes dans leurs recherches d’emploi (transmission des offres de l’ANPE, aide à la rédaction de CV et lettres de motivation…).
— Quels sont vos projets ?
— Je vais entreprendre, avec ceux qui le veulent, une sculpture de saint Éloi, évêque de Noyon qui fonda, au VIIe siècle un oratoire là où se trouve aujourd’hui l’Abbaye. C’est un travail bénévole qui me tient à cœur. Une manière aussi de remercier les frères qui nous accueillent. »