Le psaume 84 que nous entendrons après la première lecture nous dit cette chance que nous avons de pouvoir nous réunir dans cet oratoire. »
Références des lectures de la messe du Christ, souverain prêtre :
- Livre de l’Apocalypse 4,1-11.
- Psaume 84(83),3.4.5-6a.8a.
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 21,29-33 :
En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples cette parabole :
« Voyez le figuier et tous les autres arbres. Regardez-les : dès qu’ils bourgeonnent, vous savez que l’été est tout proche.
De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le royaume de Dieu est proche.
Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas sans que tout cela n’arrive.
Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. »
Texte de l’homélie
En cette fin d’année liturgique et au début du temps de l’avent, l’Église propose à notre méditation des textes du genre apocalyptique. Ces lectures ne sont pas du tout dans notre culture. Nous avons souvent du mal à les comprendre et cela nous fait peur. Quand on parle d’une situation apocalyptique, cela évoque des catastrophes terribles, épouvantables. Il est toujours bon de nous rappeler que ce n’était pas du tout l’intention de leurs auteurs. Leur but, bien au contraire, était de fortifier l’espérance de leurs lecteurs qui se trouvaient aux prises avec des situations vraiment difficiles, des situations d’épreuve ou de souffrance.
Quelque part, la conception de cet oratoire part d’une intention similaire. Nous ne voulions pas quelque chose de trop disparate. Nous nous sommes orientés vers des icônes.
Dans cette homélie, je m’arrêterais d’abord sur la place des icônes qui sont essentiellement sur le mur du fond de cet oratoire, au-delà de l’autel ; ensuite, je vous donnerai quelques explications sur l’icône du Christ en gloire. Et enfin, je commenterai rapidement les autres icônes, en particulier celles des saints qui sont déjà dans la gloire.
La place de ces icônes n’est pas fortuite
Lorsque nous avons commencé à évoquer la Croix, les statues et les objets religieux pour cet oratoire, quelqu’un a proposé de mettre sur le mur du fond une grande croix avec la Vierge Marie au pied de la Croix. Un frère a réagi en disant :
J’aime beaucoup cette vision : l’autel est vraiment le lieu du sacrifice. C’est pourquoi il doit toujours y avoir une croix au niveau de l’autel. L’autel est vraiment central. C’est là que nous apportons nos offrandes. Mais c’est là aussi que nous unissons nos souffrances à celles de Jésus. C’est une étape importante.
Mais heureusement, tout ne se termine pas à la Croix. Il y a un au-delà. Par sa Croix, le Seigneur nous fait entrer dans son repos. Au-delà de la croix, il y a la gloire. C’est la gloire après cette vallée de larmes (Salve Regina). Nous sommes invités, par ces icônes, à regarder au-delà de ce qui est visible actuellement. Le but des icônes, c’est de dévoiler (c’est le sens du mot apocalypse) quelque chose du ciel. Les icônes nous dévoilent un petit coin du ciel.
C’est la foi et l’espérance qui nous conduisent de l’autel jusqu’aux icônes !
D’ailleurs, la prière après la communion évoque très souvent le Ciel. L’Eucharistie est le pain du chemin pour que, comme Élie, nous ayons les forces pour aller jusqu’au bout. C’est le pain de la route pour aller jusqu’au Ciel.
L’icône du Christ en gloire
L’icône du Christ s’inspire principalement de deux passages de la Parole de Dieu.
Le texte de l’apocalypse que nous avons entendu dans la première lecture
Nous avons pris cette lecture de l’apocalypse que nous avons lue dans la liturgie la semaine dernière (33e mercredi ordinaire). En effet, nous retrouvons plusieurs éléments de cette icône dans la lecture.
Jésus règne avec autorité et puissance. Celui qui est assis sur le trône est auparavant celui qui a donné sa vie pour nous, qui a souffert la mort. Il est passé du trône de la Croix à celui de la gloire. Le Christ est notre horizon, il est l’alpha et l’oméga. Tous ont les mains tendues vers lui car il est le Sauveur.
Dans cette lecture de l’apocalypse il est question d’un arc-en-ciel (Ap 4, 3). Le Christ en gloire est assis sur l’arc-en-ciel qui représente l’univers. Cet arc-en-ciel est d’abord le signe de l’alliance, de l’alliance entre Dieu et les hommes. Cela fait référence au signe donné à Noé après le déluge.
On y parle aussi des 4 vivants :
« Le premier Vivant est comme un lion ; le deuxième Vivant est comme un jeune taureau ; le troisième Vivant a comme un visage d’homme ; le quatrième Vivant est comme un aigle en plein vol. Ces Vivants ne cessent de répéter jour et nuit : "Saint, Saint, Saint, Seigneur, Dieu Maître-de-tout, Il était, Il est et Il vient." »
Ces quatre Vivants sont les symboles des évangélistes par lesquels il nous est donné de connaître Jésus.
L’évangile du soir de la résurrection
À un certain moment, Gilles Weissmann m’a appelé pour demander : qu’est-ce qu’on écrit sur le livre ? Certains ont d’abord pensé à une phrase comme « Je suis le chemin, la vérité et la vie », ou « je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir », … Finalement, la phrase qui a remporté l’adhésion est :
« La paix soit avec vous ! »
Je trouve que cela a beaucoup de sens. Le Christ de cet icône est aussi Jésus ressuscité qui apparaît le soir de Pâques à ses apôtres réunis dans le Cénacle.
« Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : ‘La paix soit avec vous !’
‘De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie.’ Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : ‘Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus.’ » (Jn 20)
Le Christ qui a traversé la mort est vraiment celui qui nous donne la paix. C’est grâce à sa mort et sa résurrection que nous est donnée la grâce de la paix. Nous sommes appelés à porter notre regard vers Jésus qui nous donne la paix.
Nos grands frères et sœurs
Jésus est entouré de quatre saints. Ils nous disent l’importance de nos frères et sœurs aînés qui ont déjà rejoint le terme de leur vie terrestre. Le vert du bas des icônes indique la vie à la surface de la terre. Ils sont enracinés dans notre humanité : le vert de la Picardie !
Ces saints sont tous tournés vers Jésus. Leurs regards et leurs êtres sont tournés vers Jésus en gloire. Leurs mains sont orientées vers Jésus. On peut comprendre leur geste d’abord comme un geste d’accueil : ils ont tout reçu de Jésus ; c’est lui qui les a sauvés. Les saints attendent et ont besoin de la miséricorde de Jésus. « sa miséricorde s’étend d’âge en âge ». Et en même temps, c’est un geste d’offrande : ils se donnent à Jésus. Quelque chose est reçu et offert en direction du Christ.
Ces saints sont tous différents. Ils nous appellent à répondre à la vocation personnelle qui est la nôtre.
Marie
Marie montre le chemin : « faites tout ce qu’il vous dira ».
Le manteau bleu est la couleur habituelle par laquelle on parle de Marie. Le bleu indique l’immortalité, l’infini. Marie est liée à Jésus par ce bleu.
La robe rouge indique la royauté de Marie (le rouge indiquait la royauté dans l’antiquité. Marie est reine immaculée. Nous pouvons tout lui demander ; son intercession auprès de Jésus est puissante.
Ce manteau porte des franges d’or qui . Au début, Gilles n’avait pas l’intention d’en faire. Mais c’est constant dans la tradition. Cela exprime un rayonnement qui va vers le bas, comme une pluie.
Jean-Baptiste
À gauche de Jésus, nous voyons Jean-Baptiste. Le vêtement en poils de chameau de prophète est représenté ici en brun-violacé. Il a un manteau vert, la couleur de l’Esprit Saint. C’est l’esprit Saint qui lui a fait reconnaître Jésus.
Jean-Baptiste invite à la conversion. Il est légèrement incliné conformément à son attitude :
« Qu’il croisse et que je diminue. »
Saint Joseph
À droite de Marie, nous voyons saint Joseph. Il est fréquent dans la tradition que Jésus soit entouré de la Vierge Marie et de Jean-Baptiste ; il est plus rare d’avoir un polyptyque avec saint Joseph et saint Jean. Ils sont importants pour nous les Serviteurs de Jésus et de Marie, car ce sont eux les premiers qui se sont mis au service de Jésus et de Marie.
Saint Joseph est en mouvement. Ce n’est pas quelqu’un qui parle mais qui agit.
Il tient délicatement un bâton en fleur, non de lys, mais de nard. Une tradition dit que lorsqu’on a voulu désigner le fiancé de Marie, c’est celui de Joseph qui a fleuri et l’a ainsi désigné. Cette fleur de nard a été choisie par le pape François dans les armoiries de son pontificat qui a commencé le 19 mars 2013. Le nard indique l’amour éternel. L’amour de Joseph travers les épreuves de la vie, et notamment tous les imprévus. Il continue à parfumer plutôt qu’à exhaler la puanteur de l’amertume.
Saint Jean
À gauche de Jean-Baptiste, et plus statique que lui, nous trouvons saint Jean. Il est davantage dans la contemplation.
Dans beaucoup de représentations du Moyen-Âge, il est représenté avec un manteau rose. Le rose indique une certaine douceur : un feu adouci par le blanc.
Il tient précieusement un livre qui est son évangile – les évangélistes sont représentés avec un livre. Il a une forme de tendresse à l’égard du livre. Il est représenté vieux – symbole de sagesse – quand il est représenté en tant qu’évangéliste. Quand il est avec les autres apôtres, comme dans l’icône du lavement des pieds, il est représenté jeune.
L’ange gardien
En plus de ces saints, nous avons voulu une icône de l’ange gardien pour nous rappeler tous les êtres invisibles qui nous entourent et auxquels le Père Lamy, notre fondateur était très attaché.
L’ange est infiniment plus grand que l’enfant. Cela montre l’ange gardien comme un véritable protecteur. L’ange gardien est habillé comme un dignitaire de la cour byzantine. Il a de belles plumes ! Il guide l’enfant avec douceur : il ne le pousse pas, ne le précède pas ; il l’influence de l’intérieur. Il faut certainement avoir une attitude d’enfance spirituelle pour se laisser guider par les anges. Le petit enfant est un pèlerin : il a un bâton et une pèlerine. Il est en mouvement.
Le lavement des pieds
Un dernier mot sur l’icône du lavement des pieds. Vous repérerez assez facilement Judas. Tous les regards convergent vers la scène du lavement des pieds sauf celui de Judas. Judas regarde ailleurs ; il regarde vers la sortie. Judas n’est pas seulement distrait – ce qui nous arrive tous dans la prière – mais son cœur est ailleurs. Normalement les personnages des icônes nous regardent parce qu’ils entrent en relation. Ce n’est pas le cas de Judas qui est de profil.
À la suite de Jésus et du Père Lamy, nous sommes appelés à nous mettre au service des autres et à y être vraiment, pas en regardant ailleurs.
Conclusion :
Encore merci pour cet oratoire qui nous aide dans la prière et qui j’espère aidera tous nos retraitants à se retremper dans la prière.
Que les gens n’aient pas peur de déposer leurs souffrances et épreuves et que quelque chose du ciel leur soit donné.
Qu’ils reçoivent la grâce d’une paix profonde, que ce soit dans la prière ou le sacrement de la réconciliation.
Amen !