La vocation de la femme

L’Homme et la Femme sont le sommet de la Création : il n’y a rien au-dessus d’eux.
L’union de l’homme et de la femme est à l’image de Dieu : ensemble ils disent le Dieu Amour, mais chacun d’une manière différente.
Le Père Pierre-Marie nous invite à méditer sur leur vocation propre, et voir comment ils sont différents et complémentaires dans le plan d’amour de Dieu.


Sachons déjà délimiter ce qui est culturel (ce qui est donc amené à changer) et ce qui est de la vocation propre qui, elle, est stable.
D’où l’importance de l’anthropologie (science de l’Homme).
Ne pas confondre la vocation de la femme avec ses traits de caractère : douceur, tendresse, intuition, etc. (chez l’homme ce serait : rationalité, volonté, courage, audace, etc.). Ce sont des choses acquises, mais pas du domaine de la vocation.
Il est difficile de discerner ce qui est du domaine culturel : il y a des métiers autrefois réservés aux hommes qui sont aujourd’hui des métiers féminins : allons au cœur des choses. Ces deux mondes ne sont pas autonomes, loin l’un de l’autre.

Comme éléments objectifs, on peut s’appuyer sur le corps, et aussi sur la Parole de Dieu, lumière qui donne la manière dont chacun exprime l’amour de façon différente, complémentaire.

Homme et Femme : complémentaires et différents

Quand on regarde l’Ecriture, au départ dans le Genèse, Dieu crée d’abord l’homme, puis la femme. Or ce n’est pas l’expérience habituelle ; nous sommes tous nés d’une femme !
Homme et Femme sont appelés à dire l’Amour qui est en Dieu, et l’un sans l’autre est incomplet. Le Dieu d’Abraham n’est pas sexué (contrairement aux dieux de la mythologie), mais il se dit dans la différence sexuelle.
Cet amour sponsal (ie : des époux) renferme quelque chose du dessein de Dieu qui veut se dire de façon tout à fait gratuite, c’est un don de Dieu.
Si l’on perd la pratique spirituelle, la foi, on ne comprend plus la vocation de l’Homme et de la Femme, et du coup on veut prendre la place de l’autre. (domination, séduction)

Cette communion des personnes est rendue visible dans la différence des corps (le corps dit la personne). Voyons comment :

L’Homme a l’initiative du don

Adam donne d’abord un nom aux animaux, là il ne rencontre aucun être qui lui soit assorti. On en conclut que la personne est faite pour la personne, (quelle soit humaine ou divine), la communion d’amour n’est possible qu’entre les personnes.

Si la Femme est tirée de l’Homme (c’est-à-dire de la même humanité), ils sont tous deux image et ressemblance de Dieu. Cette « aide assortie » est tirée de sa vocation au don : sans la Femme, l’Homme ne peut pas ressembler à Dieu. Quand il voit Eve, Adam se dit : voici une personne avec laquelle je peux entrer en communion, enfin je peux entrer dans ma vraie vocation.
L’homme a d’abord été seul, il a donc besoin de solitude et de silence, il puise là sa capacité à se donner.
La Femme rappelle à l’Homme qu’il est fait pour la communion des personnes, pas uniquement pour l’efficacité ! Elle a pour mission de l’aider à prendre confiance en lui, lui montrer qu’il est capable de donner, capable de relation, de communion. Ce n’est pas seulement dans le « faire » qu’il va se réaliser, mais aussi dans l’ « être », dans la relation.

La Femme est accueil du don

Le sacerdoce de la Femme, c’est la vie. Tout son corps est ordonné à la vie. Voila pourquoi tout ce qui blesse la vie blesse si profondément la Femme.
La maternité, inscrite dans le corps de la Femme, est l’expression de son don. C’est aussi vrai pour les femmes consacrées qui portent du fruit en accueillant le Christ comme époux.
Elle a une capacité d’accueil ; elle va pousser l’Homme au fond du don, au fond de ce qui l’habite, elle l’aide à se découvrir.
La Femme ne prend pas « la place de », mais c’est elle qui conseille, qui inspire l’Homme à se donner. Tous deux sont complémentaires.
L’Homme qui ne se laisse plus éclairer par son épouse mutile sa propre vocation et inversement.
La Femme est réceptacle de l’amour de Dieu, elle est contemplative par nature.

La Femme mariée (ou consacrée) doit d’abord se considérer comme épouse, l’enfant vient après.
Or dans la société d’aujourd’hui, c’est l’inverse : 45% des enfants naissent en dehors d’un engagement, d’une parole ; c’est quelque chose qui n’est pas respecté dans l’ordre de l’amour.
La Femme rappelle à l’Homme sa vocation de père. C’est dans le « oui » qu’ils se sont dit que naît l’enfant, il va pouvoir grandir dans cet amour.
La maternité est la réponse vivante de l’Amour de la Femme à l’Homme : don désintéressé d’elle-même. Tout est orienté dans la catégorie don désintéressé de soi, autrement on arrive à la manipulation, à la domination, à l’affrontement.
Cette œuvre de la maternité n’est pas spontanée. On apprend à devenir mère (ou père). L’amour n’est pas dans l’émotion, c’est dans la volonté. On n’est pas fait l’un pour l’autre, on se fait l’un à l’autre. Cela se construit. On découvre la maternité, la paternité au fur et à mesure.

Au regard de la Parole de Dieu

Scrutons la Parole de Dieu ; voyons la vocation de chacun, au-delà des lieux communs, dans le plan de Dieu.

  • Genèse 1,27 : « A l’image de Dieu il le créa, mâle et et femelle il les créa ».

Nuire à la relation Homme/Femme revient à porter atteinte à l’image de Dieu. Dans la Genèse l’Homme et la Femme sont créés sans une supériorité de l’un par rapport à l’autre.
Zarar en hébreu = homme, mâle, masculin, faire mémoire. C’est le prêtre qui fait mémoire. Il fait appliquer les 613 préceptes. Il est le guide spirituel de la famille. C’est le célébrant des merveilles de Dieu. Voilà pourquoi le sacerdoce ministériel n’est pas ouvert aux femmes. Rendre présent un acte du passé, faire mémoire ; c’est le rôle de l’homme. L’homme est donc pour la liturgie, il rend présent ce qui vient d’ailleurs, il a le rôle de chef spirituel.
Nekeva : en hébreu = la femme, réceptacle, accueil. Dans la tradition juive, la femme était dispensée de l’application des commandements de Dieu. Le sacerdoce de la femme c’est la vie. Cette fécondité est liée à la vie spirituelle. Dans l’Ancien Testament, les femmes stériles culpabilisaient.

  • Genèse 2, 21-22 : « Il prit une de ses côtes… le Seigneur Dieu construisit une femme et la conduit à l’homme ».

L’homme était endormi au moment de la création de la femme ; en la voyant il rend gloire à Dieu. L’œuvre du Seigneur lui a échappé, mais son épouse le pousse à rendre gloire.

  • Genèse 5, 12-18 : « Comme le soleil allait se coucher, une torpeur tomba sur Abraham… ».

On peut faire un parallèle avec Jésus dans le jardin au mont des oliviers, et son côté percé : naissance de l’Eglise. Adam forme la femme. L’Eglise est formée du Christ comme la femme est formée d’Adam.
Il faut être deux pour accueillir l’œuvre de Dieu.
La femme a été « construite » (l’homme, lui, a été modelé).
Construite : même mot que pour la construction du Temple. La femme est faite pour accueillir en son sein la présence de Dieu. Marie en est l’exemple parfait. La femme rappelle à l’homme que tout dépend de Dieu. Elle l’aide à faire mémoire de Dieu.

Relire le 2° récit où Dieu crée la femme dans la torpeur de l’homme. YSH (homme) et ISHAH (femme, tirée de l’homme) : la racine de ces deux mots est commune.

YHWH = tétragramme qui dit la présence de Dieu. Chacun a une lettre de Dieu dans son nom, homme et femme, mais si l’on enlève ces lettres de leur nom il ne reste plus que les lettres SH = le feu, ce qui détruit l’amour.
Si l’on ne reconnaît pas l’œuvre de Dieu dans le couple, on va à la destruction.

  • Genèse 2,18 : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul »

Avant la création de la femme, même le travail du jardin, même la présence de Dieu ne paraissent pas combler le cœur de l’homme. La femme vient sauver l’homme d’un face à face avec lui-même, d’un enfermement. Seul, l’homme n’est pas le chef de la création, il n’est pas à l’image et à la ressemblance de Dieu.

sur le célibat des prêtres : il y a un manque objectif, mais ce manque vient indiquer qu’on n’est pas fait pour ici bas, mais pour la Terre Nouvelle et les Cieux Nouveaux. Ce célibat est prophétique. Il est une invitation à se laisser remplir par Dieu.
Ni l’homme ni la femme ne comblent leur conjoint. On est fait pour Dieu, il y aura toujours un manque parce que cette humanité, marquée par le péché, attend un renouveau.

  • « Créons une aide qui soit à ses côtés » ( = à côté : contre lui ou en face de lui) ; elle peut être son alliée ou son ennemie.

Il y a un très grand enjeu dans la vocation de la Femme. Voilà pourquoi le démon s’attaque à la femme dans la Genèse. C’est par la Femme que Dieu devait sauver l’humanité, c’est par la Femme que nous est venu le salut. De sa manière de faire va donc dépendre beaucoup de choses : soit une domination, soit une réalisation.
Dans les couples en difficulté, le rôle de la femme est primordial.
« L’aide qui lui est assortie ». Ce mot aide contient en hébreux la notion de salut : de quoi la Femme vient-elle sauver l’Homme ? D’un certain repliement sur lui-même, dans sa vie professionnelle, d’époux ou de père.

L’homme n’est pas la mesure de l’homme

Quand l’homme ne veut en faire qu’à sa tête, il prend des risques. La pollution extérieure est souvent le signe d’une pollution intérieure, on ne veut pas se limiter dans le confort et la consommation.
Nous aurons à rendre des comptes sur la manière dont nous gérons la création, dont nous nous occupons de nos enfants, de notre conjoint…

Dans le mariage homosexuel : l’Homme dit c’est moi qui met de l’ordre dans la relation amoureuse. Je ne reçois pas l’ordre dans l’amour que Dieu a créé quand il a créé l’homme et la femme. Ce n’est plus la Parole de Dieu qui sépare et me distingue. C’est donc la parole de l’homme qui veut mettre son ordre dans la création. Volonté d’être à l’origine de l’ordre des choses (=orgueil).
Demandons au Seigneur de voir dans la sexualité que tout est ordonné à la communion des personnes.

La vocation de la Femme d’aider l’Homme dans son accomplissement témoigne de l’amour de Dieu, de la force de vie de Dieu (« Je suis le Dieu des vivants, pas celui des morts »).
Attention à la tentation de vouloir tout créer : « Vous serez comme des dieux » dit le serpent.
La vie est un don, pas un dû…
Le croyant n’est jamais seul : si on oublie la présence de Dieu tout part à vau-l’eau, on n’a plus de références. On agit en opposition à notre nature humaine profonde.

Conclusion :

Voila pourquoi l’évangélisation est si importante ; c’est un réapprentissage de ce qu’est la personne humaine. Autrement on va vers la culture de mort.
C’est dans la prière que l’on peut incarner tout cela et en vivre.
Il faut donc tenir ce langage car il parle au cœur. On l’entend si peu.
Écoutons le pape au Brésil : il met en garde cette société en danger. Prions pour lui. Il y a un enjeu terrible là-bas… certains voudraient inventer un homme nouveau, une autre humanité, une race pure.
Attention : les questions de la vie sont toujours liées aux questions du mal !
Si l’homme se fait la mesure de l’homme, tôt ou tard il arrivera à se détruire. Or il y a une limite. Sinon c’est la porte ouverte à toutes formes de dérives.