Parce que nous sommes incarnés
Cela peut paraître paradoxal : comment quelqu’un d’extérieur pourrait-il m’enseigner ma propre vocation ?
Il faut préciser dès le départ qu’avoir un directeur spirituel ne me confisque pas ma liberté, au contraire.
Le rôle du directeur est d’être témoin, révélateur de l’action de Dieu en moi. C’est une constante, depuis que le Verbe de Dieu s’est fait chair en la personne de Jésus, que le Seigneur confirme son action en se remettant à la parole des hommes.
« Dieu aime tant à voir l’homme gouverné et dirigé par un autre homme semblable à lui, et selon la raison naturelle, qu’il veut absolument que ce qu’il nous communique surnaturellement nous ne le donnions à comprendre, ou nous n’y donnions entière créance, ou n’ait de force et de sécurité en nous, qu’après avoir passé par ce canal humain de la bouche de l’homme. Chaque fois qu’il dit ou révèle quelque chose à l’âme, il le fait en inclinant cette âme à s’en rapporter à qui il convient. Jusqu’alors il n’a pas coutume de lui donner une pleine assurance sur la révélation ; il veut que l’homme la reçoive d’un autre homme semblable à lui. »
Saint Jean de la Croix - Montée du Carmel livre II, chap 20
Saint Jean de la Croix en renvoyant à un « canal humain » pour comprendre les communications surnaturelles fait preuve de sagesse parce qu’un observateur impartial est plus à même de juger des mouvements de l’âme ; mais il fait surtout preuve de foi : l’homme auquel il fait référence est témoin de l’Église, à laquelle le Christ a donné les clefs du Royaume des Cieux. Sainte Jeanne d’Arc disait :
« M’est avis que l’Église et le Christ c’est tout un. »
À qui demander de remplir ce rôle de direction ?
À quelqu’un qui ait reçu cette mission. Ce peut être un prêtre, une personne consacrée, un laïc.
On voit par exemple que le jeune Karol Wojtyla (futur Jean Paul II) a été introduit dans la vie spirituelle par un laïc qui exerçait la profession de tailleur.
Dans tous les cas, est directeur celui qui est reconnu comme tel dans l’Église.
Sainte Thérèse d’Avila insiste sur le fait que le directeur doit être instruit dans les voies de Dieu par l’étude de la théologie :
« Mon avis a toujours été et sera que tout chrétien doit s’appliquer, quand il le peut, à communiquer avec un guide instruit, et le plus éclairé sera le meilleur. Celui qui suit la voie de l’oraison en a plus besoin que tout autre : et plus on est avancé dans la spiritualité, plus il faut y avoir recours. » (Vie chap 13)
La science doit être accompagnée d’expérience, de prudence, d’humilité et de charité… Plus le directeur sera saint, plus il sera à même d’être un bon instrument entre les mains du Seigneur pour m’aider à discerner sa volonté.
En lisant ces lignes, peut-être penses-tu que trouver un bon directeur c’est trouver une perle fine ! Et tu as raison, tous les auteurs spirituels estiment qu’il faut en choisir un entre mille ! Si tu désires avancer dans les voies de la vocation chrétienne, commence par demander à Dieu qu’il mette la personne adéquate sur ton chemin et mets-toi en campagne pour la rencontrer. Dieu ne manquera pas de t’exaucer si c’est là son désir.
- Pour approfondir sur le sujet : L’accompagnement spirituel, par le Père Stéphane-Marie