Cette prière contient tout le mystère de la sainte Eucharistie :
- le Christ est reçu en nourriture : c’est le présent
- le mémorial de sa Passion est célébré : c’est le passé
- la gloire à venir nous est déjà donnée : c’est le futur.
La messe dans son rite liturgique :
Six thèmes désignent les parties importantes de l’Eucharistie.
- Le Rassemblement
- L’Écoute de la Parole
- L’Action de Grâce
- L’Offrande de l’Eglise
- Le Notre Père
- L’Envoi
Le rassemblement :
Vous le savez la Messe n’est pas un rassemblement comme un autre, c’est le Christ lui-même qui réunit son peuple. Participer à la Messe est une réponse à son invitation. La Messe manifeste, rend visible et édifie l’unité du peuple de Dieu : enfants de Dieu dispersés par la vie quotidienne, qui se rassemblent à la Messe au nom du Christ et sont entraînés par l’Amour du Christ lui-même. Au cours de la Messe cette unité s’opère et se transforme en communion. Le baiser de paix qui a lieu avant la communion a pour but de manifester cette communion fraternelle.
Dieu rassemble son peuple parce qu’Il veut lui parler, Il veut lui communiquer la lumière et son amour, Il veut le nourrir de sa vie elle-même, et par son sacrifice en sa présence Il veut le guérir du péché.
L’assemblée Eucharistique est dans la ligne des rassemblements réguliers du peuple de Dieu avec Moïse, dans le désert. Le Seigneur convoquait son peuple par l’intermédiaire de Moïse, devant la tente de la rencontre où Dieu était présent, Moïse leur parlait de la part de Dieu, puis il y avait le Sacrifice sur l’autel qui se trouvait devant la tente de la Rencontre.
L’écoute de la Parole
À la messe, la Parole de Dieu est proclamée et reçue tout au long de l’année liturgique. La liturgie de la Parole dans la deuxième partie de la messe du dimanche comprend trois lectures.
La première lecture est toujours tirée de l’Ancien Testament. Elle est toujours en rapport avec la lecture qui sera faite du Nouveau Testament puisque le Nouveau Testament est caché dans l’Ancien et l’Ancien Testament est dévoilé dans le Nouveau. La Parole de Dieu proclamée sans cesse dans la liturgie Eucharistique est toujours vivante et efficace par la puissance de l’Esprit-Saint, elle manifeste la présence du Christ qui parle à son peuple.
Dans cette proclamation, Dieu communique sa parole et Il attend une réponse de son peuple qui consiste à une écoute attentive et une adoration dans l’Esprit et la vérité. Ainsi, les paroles entendues passent aussi dans notre vie, comme St Jacques en rappelle la nécessité : « mettez la Parole en application, ne vous contentez pas de l’écouter. »
Il nous faut avoir à l’esprit que la Parole de Dieu lue et annoncée par l’Église dans la liturgie conduit au sacrifice de la Nouvelle Alliance, c’est-à-dire à l’Eucharistie.
Nous en avons un bel exemple dans le récit évangélique des Pèlerins d’Emmaüs : Jésus expliquant aux deux disciples tout ce qui le concernait dans les Écritures, et aboutissant avec eux à la fraction du Pain (appellation chez les premiers chrétiens de l’Eucharistie).
La célébration de la Messe, où la Parole de Dieu est entendue et l’Eucharistie offerte et reçue, constitue un seul acte du culte divin.
La lecture de l’Évangile est le sommet de la liturgie de la Parole, les lectures précédentes y préparant.
L’action de grâce
C’est le cœur même de l’Eucharistie, car, dans la liturgie Eucharistique, nous célébrons le Salut donné par le Seigneur à l’Humanité. Dans la Cène du Jeudi Saint, où Jésus institue l’Eucharistie, Il rend grâce au Père du don qu’Il fait aux hommes. Toute la vie du Christ à été une action de grâce à son Père pour son amour pour le monde : « Dieu a tant aimé le monde - nous dit st Jean - qu’il a donné son fils unique ». Et Jésus réalise et accomplit totalement ce don, en donnant sa vie pour le monde. Par le sacrifice de lui-même qu’il offre à son Père, comme le témoignage d’un amour infini, il fait retourner le monde dans l’amour du Père. Il rend grâce au Père pour sa volonté de Salut pour les hommes.
C’est pourquoi Il a cette parole si mystérieuse et en même temps si belle à quelques jours de sa Passion et de sa mort : « Père glorifie ton Fils, pour que ton Fils soit glorifié ». Pour Jésus c’est une gloire de mourir pour le Père, et l’Eucharistie est l’expression de cette gloire : est consommé et offert en sacrifice le Fils de Dieu qui dans cette gloire entraîne tous les hommes avec Lui vers le Père. Tout est redonné au Père, et le Père donne le Salut : c’est une action de grâce infinie.
L’offrande de l’Église
Au moment de présenter nos offrandes, nous reconnaissons que tout vient de Dieu.
La terre a été confiée à l’homme pour qu’il la cultive et la fasse fructifier. Dans le pain et le vin que nous présentons, il y a à la fois toutes la richesse de la nature et du cosmos, le travail des hommes présents et celui de tous les hommes. Le Seigneur ne veut pas agir seul, car il a fait l’homme libre. Aussi Il lui demande sa collaboration pour son salut. Sans le pain et sans le vin, le prêtre ne peut pas célébrer L’Eucharistie. Le pain et le vin représentent nos vie humaines, c’est nous que le Seigneur dans l’Eucharistie veut transformer. Seule la puissance de l’Esprit pourra transformer ce que nous offrons.
Cette offrande, l’assemblée ne la fait pas simplement pour elle-même, mais pour toute l’Église et pour toute l’Humanité. C’est tout le travail , mais aussi la souffrance, le bien et les prières que font les hommes qui sont ici représentés dans le pain et le vin et qui sont offerts à l’autel. Et le célébrant demande à l’Esprit de venir sur ce pain et ce vin afin qu’ils deviennent le Corps et le Sang du Seigneur qui sauve tout homme. L’Église n’offre pas seulement le pain et le vin au Père par l’intermédiaire du célébrant : lorsque le Corps et le Sang du Seigneur sont présents à l’autel, elle offre au Père le sacrifice de son Fils, et le Fils présente au Père l’offrande de l’Église qui est l’Église elle-même.
Et dans cette même offrande l’assemblée toute entière est invitée par l’Esprit à offrir sa vie comme un don.
Le Notre Père
Cette étape est centrée non sur la communion bien qu’elle la prépare, mais sur ce qui précède. Le Notre Père et le baiser de paix puisent leur sens dans la prière Eucharistique. Toute la prière Eucharistique s’adresse au Père, c’est l’Église qui prie le Père mais elle le fait par le Fils. La prière du Notre Père montre que dans toute l’Eucharistie c’est le Fils qui, pour nous et avec nous, s’adresse au Père. Le Notre Père oriente le regard vers la communion en nous faisant demander le pain qui nous fait vivre : « Donne-nous notre pain de ce jour ». « ce jour », c’est le jour de la Pâque, c’est le jour du Salut où le Fils s’offre en sacrifice pour le monde et ressuscite pour l’éternité. C’est le pain du salut, c’est le pain de la Pâque, c’est le Corps et le Sang du Christ devenus nourriture pour le monde. Ce pain est nécessaire pour la vie quotidienne de l’homme recréé par la Rédemption, cet homme nouveau, fils et fille du Père.
L’envoi
« Allez dans la paix du Christ » ne veut pas dire : la Messe est finie, rentrez chez vous, mais : allez vivre ce que vous avez reçu dans cette Eucharistie dans le monde où vous vivez, de manière à faire connaître aux hommes l’amour dont ils sont aimés par Dieu. C’est un envoi en mission et non une invitation à vivre dans la paix d’une vie tranquille. Les lieux ordinaires de la vie doivent être influencés par le rayonnement de la grâce Eucharistique reçue le premier jour de la semaine, qui commémore le premier jour du temps nouveau inauguré par la mort et la résurrection du Christ. Ce temps nouveau doit s’inscrire dans la vie quotidienne des hommes. C’est le sens de l’envoi en mission par le prêtre à la fin de la messe. Chacun de nous, fortifié par l’Eucharistie, est appelé à vivre de telle manière que la vie autour de lui est amenée à changer.
Le sacrifice du Christ introduit réellement les hommes dans la communion avec Dieu.
Nous avons le droit de nous approcher de Dieu et d’accéder à sa présence par le Sang du Christ. Le Baptême est la marque de ce privilège du Sang du Christ qui nous identifie à Lui et qui nous donne le droit d’entrer en la présence du Père.
Dans l’Eucharistie est manifesté le fait que nous sommes participants du sacrifice du Christ. Nous sommes appelés à participer à l’épreuve crucifiante de la Croix. Non que le baptême nous destine à plus de souffrances que les autres hommes, mais il nous dispose à souffrir avec Jésus en nous identifiant à son sacrifice sur la Croix. Tel est aussi le sens de l’Eucharistie, avec cette note majeure qu’elle manifeste dans son déroulement l’espérance de la résurrection. La vie chrétienne est ainsi préparée à rencontrer les souffrances car l’Esprit repose sur nous par la grâce de l’Eucharistie.
L’Eucharistie est signe et source de la transformation chrétienne de l’ existence.
Mais pour que cette transformation ait lieu, il faut que le cœur de chacun coïncide avec le don de Dieu dans l’Eucharistie. Il est vrai qu’on peut-être présent de corps à l’Eucharistie, mais absent de cœur et de pensée : en fait on est pas disposé à recevoir le don de Dieu.
Pour que nous soyons là en vérité à l’Eucharistie, cela suppose que la Parole de Dieu habite nos cœurs, c’est pour cela qu’elle est abondamment proclamée et commentée dans la deuxième partie de l’Eucharistie, juste avant que n’est lieu le changement du pain et du vin en Corps et en Sang du Christ. Il n’y a pas de culte eucharistique sans rumination profonde de la Parole de Dieu ; car la Parole s’est faite chair, et c’est elle qui nous conduit à la compréhension du mystère de Dieu manifesté dans l’Eucharistie.
Participer à l’Eucharistie c’est laisser le corps du Christ agir en nous et nous transformer.
Notre conscience elle-même doit être éclairée et enrichie par la vérité manifestée dans le sacrifice du Christ auquel nous participons. Car l’Eucharistie est actualisation et proclamation du Salut, sacrifice de louange offert à Dieu, et expression de la charité fraternelle. D’où la nécessité du rite du pardon au début de la célébration, et de l’accueil des frères et sœurs qui se trouvent avec nous à la messe.
Le sacrement de l’Eucharistie est le sacrement de la Résurrection, il nous fait participer à la vie du Ressuscité. Pourtant cette participation à la vie du Ressuscité passe par le sacrifice qui est dépossession de soi-même pour rencontrer le Christ ; le sacrifice nous fait nous quitter nous-mêmes dans ce qui en nous enferme et nous empêche de se donner ; il nous permet de dire oui à notre souffrance, à notre maladie, et même à notre mort pour ressusciter avec le Christ.
Le véritable adorateur c’est celui qui se met à suivre le Christ. Dans l’Eucharistie, nous manifestons au Seigneur cette volonté d’aller jusqu’au bout avec Lui, et professons l’espérance que le Seigneur est notre secours. Nous avons pour le comprendre l’exemple de nombreux martyrs d’hier et d’aujourd’hui.
L’adoration Eucharistique nous engage dans le mystère de participation à la Passion et à la mort du Christ, non dans le sens où cela nous promettrait à la souffrance et à la mort, mais dans un changement de regard sur la souffrance et sur la mort : la perception d’un sens nouveau de ces deux réalités, un sens ouvert à l’espérance qui nous relie de l’intérieur au Christ souffrant, mort et ressuscité pour notre salut.
Dans l’adoration Eucharistique nous percevons que la puissance de Dieu est à l’œuvre, que Celui qui a crée le monde est là et qu’Il nous entraîne progressivement , graduellement (ce qui est signifié par les apparences humbles du pain) dans un face à face avec Lui.
Il faut nous laisser transfigurer par sa présence cachée et mystérieuse. Quand on regarde l’hostie, pensons que tout nous est donné par elle, tout depuis la création du monde jusqu’à la fin des temps.
La place de la Vierge-Marie dans le mystère de l’Eucharistie
Marie est la plus proche du Christ et la plus proche de nous, elle est la première chrétienne, en tête de l’assemblée célébrant le sacrifice du Seigneur. Marie est le modèle de l’attitude que doivent avoir ceux qui participe à l’Eucharistie.
J’ai l’habitude de dire que lorsque le prêtre monte à l’autel pour célébrer le saint sacrifice, Marie se tient à côté de l’autel, car l’autel représente la Croix. L’Évangile nous dit : « près de la croix se tenait Marie , sa mère ».
Elle est présente près de son Fils lorsqu’Il s’offre à son Père sur la Croix et elle-même prie avec lui.
Près de l’autel, elle invite chacun de nous à bien se rendre compte de l’importance du mystère qui se manifeste sans les humbles apparences du pain et du vin, œuvre du salut voilée à nos yeux mais qui est rendue présente par le rite sacramentel de l’Eucharistie.
Offrant son Fils au Père, Marie nous aide à comprendre que l’acte suprême de la vie est de rendre tout honneur et toute gloire au Père par son Fils mort et ressuscité. _ Cet acte suprême nous le vivons à l’Eucharistie.
Marie nous conduit à l’Eucharistie parce que l’Eucharistie est l’accomplissement du sacrifice de son Fils et de sa résurrection et elle veut nous offrir nous-même au Père avec son Fils et par lui.
A Lourdes, la Sainte Vierge a demandé, par l’intermédiaire de Bernadette, qu’on vienne à la grotte en Procession. Elle a aussi demandé que l’on construise une chapelle où sera célébré le Sacrifice de son Fils, elle conduit ainsi tous les pèlerins vers l’Eucharistie afin qu’ils soient nourris de la vie divine.
Marie est Mère de l’Eucharistie. Par sa maternité humaine et divine elle a donné au monde le Christ de l’Eucharistie. Nous pouvons noter que le fait qu’il soit né dans une mangeoire fait penser à la manducation, que le village de sa naissance s’appelle en Hébreu « maison du pain » : Beth-léem.
Dans le récit de l’Annonciation, Marie nous montre l’attitude spirituelle qu’il nous faut avoir lorsqu’il nous est demandé d’écouter dans la deuxième partie de la messe : la proclamation de la parole. Ainsi nous devons écouter cette Parole et y répondre par une décision, une conversion, un changement d’attitude, de façon de voir. La réponse de Marie à l’ange : « Qu’il me soit fait selon ta Parole » nous montre son désir de faire la volonté de Dieu. Ce désir doit habiter notre cœur lorsque nous entrons dans l’Eucharistie.
La belle prière de la préface avant la prière Eucharistique est plus intensément reconnaissante des bienfaits de Dieu. Elle nous fait penser au cantique d’action de grâce que la Vierge exprime chez sa cousine Élisabeth. Les préfaces commencent ainsi : « Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire , de t’offrir notre action de grâce toujours et en tout lieu, à Toi, Père très saint, Dieu éternel et Tout-Puissant ». Le Magnificat de la Vierge est une puissante expression d’action de grâce dans lequel les louanges à Dieu sont importantes et expriment une grande humilité.
Présente à Bethléem quand le Christ vient au monde, elle est aussi présente lorsqu’Il meurt sur la Croix au Golgotha. Lorsque le cœur de son Divin Fils est transpercé par la lance, son cœur de mère reçoit la même blessure et s’ouvre. Sa participation au Sacrifice Rédempteur de son Fils est toute particulière. C’est pourquoi au sein des quatre prières Eucharistiques les plus utilisées la Vierge a une place unique.