Homélie du 3e dimanche de l’Avent

17 décembre 2018

« Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales.
Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. »

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Texte de l’homélie :

Une bonne trentaine de couples nous a accompagnés durant ce week-end pour suivre une retraite de discernement et savoir quelle destination va prendre leur relation amoureuse, et c’est assez providentiel que cet évangile nous soit donné en ce jour : il rappelle par trois fois « Que devons-nous faire ? ». Dans les enseignement, nous avons rappelé que ce n’est pas le conseil qui doit prendre la décision, mais qu’il faut être dans une attitude d’attente.
Le temps de l’Avent est précisément le temps de l’attente, où l’on dans une demande de voir le salut de Dieu.

Nous sommes dans le dimanche de la joie, et comme nous a l’avons vu, la joie est parmi les critères de discernement le plus puissant, car elle permet de voir l’œuvre de Dieu en nous.
Plus largement, cette joie provient du désir de Salut que nous ressentons, à l’inverse de la tristesse et du rempli sur soi, qui montrent que l’on est peu dans cette attente, qu’elle n’est pas vécue.

Chers jeunes, cette période de votre relation amoureuse est un temps d’attente, un temps d’Avent en quelque sorte. Et demander l’aide du Seigneur, pour grandir dans cette joie, c’est déjà se mettre à Son écoute et – en venant à cette retraite - Lui demander :

« Seigneur, que devons-nous faire ? »

Et c’est cette humilité qui fait que l’on a cette joie qui grandit dans le cœur. Demander, se mettre sous le regard du Seigneur, d’être comme ces foules qui venaient à Jean-Baptiste demander avec humilité ce qu’elles devaient faire, c’est une des conditions de la joie.
Le fait de vous projeter ensemble vous donne ou pas de la joie : voilà un critère qui permet d’agir dans un sens ou dans un autre.

Cet Avent que vous vivez dans votre relation amoureuse trouve donc un écho dans cette célébration liturgique. Dans ce dimanche de Gaudete nous est rappelé plusieurs fois :

« Pousse des cris de joie, fille de Sion !
Éclate en ovations, fille d’Israël ! »

Et Saint Paul nous dit :

« Soyez toujours dans la joie !
Je vous le redis, soyez dans la joie, le Seigneur est proche… »

La joie tient très fort à cœur à notre pape François. Il dit à ce sujet :

« C’est à travers la joie des Chrétiens que l’on perçoit déjà la bonne nouvelle du Salut. »

Cette conviction qui nous habite : nous ne sommes pas dans la pleine lumière, dans le face à face, mais nous avons déjà cette certitude du Salut car le Christ est venu à notre rencontre. C’est justement ce que nous célébrons pendant cette attente de l’Avent, cette « tension vers… »
Vous le savez, il y a dans la vie Chrétienne les notions de « déjà » et de « pas encore » : ce n’est pas encore dans la plénitude que nous sommes, mais déjà certains qu’elle va arriver.

L’Avent est le temps du désir : nous ne sommes pas en possession du Salut, mais nous sommes en marche vers. Toute notre vie est pour ainsi dire un Avent qui nous prépare à désirer ce face à face.

Ce qui est difficile, c’est quand il n’y a plus de désir, que l’on est plus en marche, plus tendus vers, que ce soit dans la relation amoureuse ou dans que ce soit dans la relation avec le Seigneur. La joie n’est alors plus au rendez-vous, car nous sommes comme repus. Et l’on voit bien que notre société vise beaucoup plus à nous gaver qu’à nous nourrir, répondant tout de suite à notre désir. Or, il faut être prudent : cela tue l’amour…
A l’inverse, le Seigneur nous demande la patience, avec ce temps qu’est l’Avent : patience avec nous-mêmes, patience avec le conjoint si nous sommes en couple, patience avec le Seigneur qui agit en son temps.
Et c’est parce qu’il y a cette dimension d’humilité que progressivement, la joie habite en nous.

Il est intéressant que nous ayons un temps liturgique dédié à la joie, un temps dédié au désir. Car, toute la vie chrétienne est basée sur ce désir qui vient précisément du manque, et de limites.
Et cette limite que l’on éprouve dans cette réalité terrestre nous met en route. Elle installe en nous l’idée qu’il y a un temps où le Seigneur viendra combler toutes nos demandes et répondre par bien plus que nous n’osons percevoir.
Pour reprendre les mots de Saint Paul :

« La paix de Dieu, qui dépasse tout ce que l’on peut concevoir, gardera vos pensées et vos cœurs dans le Christ Jésus. »

Profitons de la beauté de ce temps de l’Avent qui nous fait prendre conscience du désir dans lequel nous devons être.

Le temps de l’Avent est aussi un temps pénitentiel pendant lequel nous sommes invités à nous convertir., un temps de modestie, de sobriété dans nos manières de communiquer.
Ce temps nous met dans une disposition de demande, un rôle de pauvre. Et cette pauvreté nous met dans la joie car déjà, nous avons le Salut en ligne de mire…

Ainsi, c’est ce que nous pouvons demander au Seigneur les uns pour les autres, que nous ne soyons pas des rassasiés, des blasés, mais qu’au contraire, nous sachions nous émerveiller à l’image de la Vierge Marie face à cet amour de Dieu, face à un Dieu qui vient à notre rencontre et qui nous appelle à les témoins de la lumière qui vient nous sauver,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de Sophonie 3,14-18a
  • Cantique du livre d’Isaïe 12,2-3.4bcde.5-6
  • Première lettre de Saint Paul Apôtre aux Philippiens 4,4-7
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 3,10-18 :

En ce temps-là, les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient :
— « Que devons-nous faire ? »
Jean leur répondait :
— « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! »

Des publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) vinrent aussi pour être baptisés ; ils lui dirent :
— « Maître, que devons-nous faire ? »
Il leur répondit :
— « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. »

Des soldats lui demandèrent à leur tour :
— « Et nous, que devons-nous faire ? »
Il leur répondit :
— « Ne faites violence à personne, n’accusez personne à tort ; et contentez-vous de votre solde. »

Or le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ. Jean s’adressa alors à tous :
— « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu.
Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »

Par beaucoup d’autres exhortations encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.