Homélie de la fête du baptême du Seigneur

13 janvier 2025

L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »

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Texte de l’homélie

Frères et sœurs, aujourd’hui il est question entre-autres de l’eau. Nous le savons, l’eau est essentiellement principe de vie. Nous sommes tous nés dans l’eau et notre corps en est constitué de plus de la moitié, et notre planète en est recouverte à environ 72%, ce n’est pas rien… et pourtant, paradoxalement, l’eau est aussi capable de provoquer la mort : les inondations et les tsunamis meurtriers nous le rappellent régulièrement et douloureusement.
Voyez, l’eau dans laquelle aujourd’hui Jésus est plongé porte ce double signe : celui de la mort à la Croix, mais aussi celui de la vie donnée à travers la beauté de Sa Création, mais surtout de Sa résurrection.

En méditant sur cette parole du baptême de Jésus, une image m’est venue, celle du plongeon des fous de Bassan. Avez-vous déjà vu ces oiseaux magnifiques qui planent sur les eaux, un peu comme l’Esprit-Saint, dans la Genèse : ils volent majestueusement au dessus des vagues, et, c’est extraordinaire, ils plongent de très très haut à une vitesse vertigineuse vers les profondeurs de la mer. Ils sont alors immergés vingt secondes dans l’eau. C’est impressionnant ! Puis, ils ressortent comme une flèche en volant dans le ciel. Cela mérite d’être admiré…
Les ayant vus ainsi, les premiers pécheurs leur ont donné le nom de "fou", par allusion à leur rapidité.

Par Son premier acte public, Jésus a choisi d’être plongé - bien plus en profondeur que les fous de Bassan – au plus bas de notre humanité la plus défigurée et la plus obscure. Oui, Il a manifesté cela le jour de Son baptême. Voyez, au lieu de rester au bord de la rive du Jourdain à nous regarder de l’extérieur, à inspecter ce que l’on fait de bien ou de mal, Dieu trois fois saint a décidé de nous rejoindre dans le concret de notre vie, de tous nos problèmes, de nos inquiétudes politiques et sociales, des échecs de nos vies, de nos malaises et de nos ruptures, de nos incompréhensions, de toutes nos morts….
Il a plongé dedans pour les embrasser et les vivre à Sa façon avec nous. C’est la Foi qui nous le dit. Frères et sœurs, par Son baptême, Jésus manifeste Son désir d’être comme noyé avec nous, en liant Son histoire à la nôtre, Son histoire sainte et divine à la nôtre qui est si malade, pour la vivre jusqu’à travers les tempêtes les pires de nos vies et de nous éviter la noyade. Sans Jésus, nous risquons de nous noyer.

Le Christ vient nous sortir des eaux profondes et nous offrir le salut et la libération - si nous le voulons bien – et Sa propre vie éternelle, au plus haut des Cieux !

Jésus fils de Dieu, manifesté par le Père dans le Saint Esprit, nous offre aujourd’hui cette folie d’amour de cette deuxième naissance que nous pouvons choisir chaque jour, alors que nous subissons plus ou moins notre première naissance avec notre humanité blessée. La deuxième naissance, c’est toujours lumineux, c’est Jésus qui nous la donne par le Saint Esprit qui nous rend fils et fille adoptif du Père éternel, héritiers même de la plénitude des dons de Dieu.

Frères et sœurs, par notre baptême qui n’est pas un jour passé, mais un jour "actué", un « aujourd’hui », où je suis, vous êtes plongés et nés à nouveau avec Lui.

En ce jour spécialement, mais aussi dans les jours prochains, n’ayons pas peur de dire à Jésus qui plonge avec nous : « Seigneur, ce n’est pas facile ! je coule… « Augmente ma Foi ! » comme le demandait Saint Pierre qui essayait de marcher sur les eaux. "Je veux bien que Tu plonges avec moi jusque là, au plus bas de ce que je ne sais pas faire, dans les eaux tumultueuses et troubles de ma vie." "Viens Seigneur, apprends-moi à plonger avec Toi ! »

Et en même temps, lorsqu’Il plonge, on voit la colombe et l’on entend la voix du Père. Cette parole est adressée à Jésus particulièrement, mais aussi à chacun d’entre nous aussi, par participation.

« Aujourd’hui, tu es mon fils bien-aimé, je t’ai engendré. »

Entendre le Père du Ciel susurrer au plus intime, c’est possible !

« Tu es mon fils, tu es ma fille ! Je t’engendre, je suis avec toi ! Tu es ma bien aimée, tu es ma joie ! J’ai confiance en toi… j’ai besoin de toi ! »

Par notre baptême, frère et sœurs, plongés et re-nés avec Lui, nous le sommes ! Et nous pouvons le vivre plusieurs fois par jour si nous le voulons dans la Foi ! Je pense entre autres à tous les peuples mariés qui traversent des épreuves dans un monde pas facile. Rester fidèles dans la Foi en demeurant accrochés à Jésus, en plongeant avec Lui dans le sacrement du mariage… C’est ce que vous tentez de faire, vous qui faites partie des équipes Notre-Dame. Se plonger dans le cœur de Dieu pour rester fidèles, c’est possible, j’en suis témoin !

Je pense aussi aux personnes en fin de vie que plusieurs peut-être parmi vous accompagnent. Ceux qui offrent, dans la douleur, leur dernier souffle à Dieu, qui plongent avec Lui dans leur souffrance en Le louant, en attendant de Le voir.

Je pense à tous ces jeunes qui, aujourd’hui, témoignent joyeusement de leur Foi, qui s’engagent même au milieu d’un monde hostile. Ce sont des sacrées plongées dans la Foi, dans le Saint-Esprit.

Et tous les Chrétiens qui se reconnaissent pécheurs et qui acceptent que Jésus vienne les rejoindre dans ce qui est cassé en eux pour ressortir régénéré, et réconcilié par le Seigneur. Il y a mille et une façons dans le quotidien où nous pouvons plonger avec Jésus dans la nuit de notre obscurité pour renaître à nouveau dans la lumière. À vous de vous laisser inspirer…

Quoique nous vivions, petits et grands, où que nous soyons, en reprenant l’image des fous de Bassan, demandons à l’Esprit-Saint de nous apprendre, par nos prières et notre action, notre charité, au bon moment – ce n’est pas à n’importe quel moment que l’oiseau plonge – de la bonne manière, à plonger avec Jésus, à nous laisser rejoindre par Lui au plus bas, à nager avec Lui tant qu’il faudra, et à ressortir avec Lui un peu plus victorieux du mal. Et pourquoi pas déjà nous élancer comme les Saints nous le montrent haut les cœurs vers le Seigneur, dans le cœur de Dieu.

Alors, frères et sœurs, désormais, dans l’océan de nos vies, qui contient des bonnes choses mais aussi d’autres qui ne le sont pas, nous savons qu’au point le plus bas, Dieu trois fois saint est avec nous. Nous ne sommes jamais seuls, Lui est toujours avec nous. Et au plus haut aussi, et j’y crois, les portes du Ciel sont ouvertes à jamais. J’espère que cette révélation par cette solennité d’aujourd’hui, vous apporte un peu de bonheur spirituel, un baume dans votre vie, que ça vous bouleverse au plus profond de votre cœur.

Oui, frères et sœurs, soyons heureux, fiers, d’être des fous de Bassan, des bien-aimés de Dieu qui osent plonger au plus bas pour monter au plus haut dans les Cieux avec Marie, spécialement en cette année jubilaire 2025, nous avons de quoi nous y entraîner, frères et sœurs, et de nous en réjouir,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre d’Isaïe 40,1-5.9-11.
  • Psaume 104(103),1c-3a.3bc-4.24-25.27-28.29-30.
  • Lettre de saint Paul Apôtre à Tite 2,11-14.3,4-7.
  • Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 3,15-16.21-22 :

En ce temps-là, le peuple venu auprès de Jean le Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ.
Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. »

Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit.
L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »