On peut définir le mot « communion » comme étant "ce qui habite le cœur de Dieu et les époux, à travers la vie commune, disent quelque chose de cet amour qui habite le cœur de Dieu.
Cette communion est appelée à grandir et la fidélité, loin d’être quelque chose de passif, doit être vue comme l’engagement à progresser dans l’amour. Selon cette conception, on peut donc être infidèle sans avoir d’aventure extra-conjugale, simplement en refusant de se donner, de progresser, d’accueillir l’amour de l’autre.
L’amour n’est pas une émotion, un sentiment en lui-même. C’est une décision. Aimer s’apprend !
Pour nous y aider, étudions ce que dit Jean-Paul II sur la spiritualité de communion. Son propos concerne l’Eglise mais est parfaitement transposable au couple, à la famille dite « petite Eglise domestique ».
La spiritualité de communion selon Jean-Paul II
- Protéger la communion
Il est primordial de faire de notre famille le lieu où la communion est protégée. En effet, nous savons bien que la vie commune fait ressortir les fragilités que chacun porte. Chacun, en face de l’autre, se découvre comme dans un miroir (et cela est vrai aussi dans la vie communautaire !). Nous avons donc à ne pas exposer l’autre à ses fragilités (il y a des « boutons » sur lesquels il vaut mieux ne pas appuyer) et à abriter notre amour de ce qui peut le mettre en danger. Soyons humbles car l’amour est fragile. « Que sommes-nous capables d’affronter ? » ; « qu’est-ce qui fait du bien (ou pas) à notre couple ? ».
Nos enfants rentrent dans cette communion, dans l’engagement mutuel qui leur permet de grandir en sécurité. Cependant ce ne sont pas les enfants qui sont sources de la communion. Ils ne sont pas le « ciment » du couple de leurs parents. Si non, c’est trop lourd à porter.
- Concrètement
La communion est-elle le principe premier qui nous guide, qui dicte nos choix ?
Demandons-nous si ce que nous entreprenons va nous faire grandir dans l’amour ? N’est-ce pas plutôt par désir de dominer, par souci de paraître ?
Par exemple, dans le célibat géographique que connaissent de plus en plus de couples, il est important de trouver des lieux de retrouvaille, de communion.
Dans l’éducation, voulons-nous réellement le bien de nos enfants ou cherchons-nous à ce qu’ils nous fassent honneur ?
En admettant que nous cherchions réellement la communion, nous nous rendons compte que ce n’est pas facile. Alors, où apprend-on à aimer ?
Amier s’apprend d’abord dans la famille, dans le couple, et puis aussi dans des mouvements extérieurs aussi (comme le scoutisme par exemple).
Nous avons également besoin de nous faire aider (par un père spirituel…). Nous rentrons dans un combat spirituel contre l’ennemi intérieur qui veut nous entraîner loin de la communion vers la domination.
- Une démarche de foi
Nous croyons en un Dieu trinitaire, de communion, dont nous sommes l’image. Dans la Trinité, la communion des personnes n’est pas la fusion mais l’unité dans la différence. En Dieu, la différence n’est pas une menace mais une nécessité pour que l’Amour circule. Ainsi en va-t-il de même pour nous. La vie même n’est possible que par la différence (à commencer par la différence sexuée !) .
- Un regard bienveillant
Gardons-nous la capacité de voir ce qu’il y a de beau dans l’autre ou n’est-il qu’une liste de défauts ?
Il est important d’avoir un regard de bienveillance, de foi en l’autre. Parfois, quelqu’un d’extérieur peut redonner la capacité à voir le bien chez l’autre en pointant telle ou telle qualité.
S’émerveiller de ce qu’est l’autre est une manière de retrouver la communion malgré la routine. Le dialogue en profondeur peut en être l’instrument.
- Des attentions
Aimer c’est être attentif, attentionné. Cette capacité vient en partie de l’éducation mais nous pouvons tous grandir dans cette voie.
Dans un couple, je ne peux pas dire « je » sans dire « tu ». La vie de l’autre me concerne. Elle m’est confiée comme un cadeau pour que je la rende plus belle. Ainsi, on n’est pas dans le domaine de la compétition mais du don.
- Dans les épreuves
Attention à la façon très romantique dont notre société voit l’amour ! Le mariage c’est d’abord l’union de deux pauvres !
Les difficultés font aussi partie de l’amour. L’épreuve au sein du couple va manifester à l’extérieur ce que le couple porte. Elle va révéler la capacité d’amour comme la violence intérieure ou l’égoïsme. Une épreuve peut être aussi une chance lorsqu’on la porte à deux. En portant les choses ensemble, on peut faire grandir la communion.
Portez les fardeaux les uns des autres et accomplissez ainsi la Loi du Christ."
Epître de saint Paul aux Galates (6, 2)
Quand les choses sont difficiles, il nous faut nous appuyer sur le Christ encore davantage. La grâce du sacrement de mariage et celle de l’Eucharistie, en permettant de puiser à la source de l’amour, sont des aides pour le chemin.