Texte de l’homélie de mariage :
Lorsqu’il s’est agit de choisir les textes de la Parole de Dieu pour cette célébration, j’ai donnés un ou deux critères à Christophe et Zénaïde pour leur choix. Je leur ai recommandé :
« Choisissez une parole à laquelle vous puissiez revenir. »
Car il ne s’agit pas de mots sortis d’un livre de sagesse comme un autre, si grand qu’il soit : c’est une parole vivante qui éclairera votre chemin, Christophe et Zénaïde, et d’une manière différente suivant les étapes de votre vie.
Le Cantique des cantiques
Dans la première lecture, celle du Cantique des cantiques, il se trouve qu’il est question de paroles et de voix. Ce texte splendide est tout à fait à propos pour une célébration de mariage.
« Mon bien-aimé parle, il me dit lève-toi mon amie ! »
Au fond, toute histoire d’amour commence par une parole. Comment êtes-vous arrivés ici, si ce n’est par l’échange – au début dans l’amitié – de ce que vous portez, de ce qui fait votre intimité, vos amitiés, de ce qui vous tient à cœur… vous avez beaucoup parlé. Et en parlant, vous avez réalisé que vous étiez plus que des amis : il y a quelque chose en vous que vous découvrez dans l’autre. La parole, c’est le lieu où Dieu se révèle, et c’est le lieu où vous vous êtes révélés l’un l’autre.
Vous avez révélé votre intimité, votre cœur, jusqu’à ce jour aussi, où vous allez vous donner cette parole du sacrement de mariage, sur laquelle vous allez fonder une vie.
C’est étonnant - et osons même dire que c’est imprudent, est-ce bien raisonnable ? Mais, ce n’est pas simplement une logique humaine. C’est d’abord sur la Parole de Dieu que vous vous appuyez.
Rappelons-nous la puissance de Sa parole, comme au tout début de la Genèse :
« Et Dieu dit, et cela fut. »
C’est par Sa parole que Dieu a tout créé. Et cette parole-là, il faut l’actualiser et la faire vôtre.
L’échange des consentements que vous allez dire dans un instant, il faut aussi l’actualiser. Mais, comment le faire dans le mariage ? Cette parole s’actualise lorsqu’elle se fait chair, dans le lieu même de l’intimité des époux. Cette parole donnée se fait chair.
Parole, corps, fécondité : si l’on regarde bien, c’est la structure de la messe.
La messe commence par la liturgie de la Parole, comme nous l’avons vu.
Le corps et le sang du Christ, reprend la communion et la fécondité.
Ainsi le corpus de la messe représente la forme de l’Amour de Dieu, et le Verbe, la parole de Dieu, Lui qui s’est fait chair et a habité parmi nous.
Il est important de bien faire le lien pour que cette parole que vous allez échanger rayonne tout au long de votre vie, et même au delà des enfants que l’on vous souhaite.
Comme l’a dit la prière d’entrée au début de la célébration :
« Qu’à travers le bien que vous ferez, on puisse vous reconnaître comme témoins de l’Amour de Dieu. »
Chère Zénaïde, cher Christophe, vous avez le désir de faire beaucoup de bien. Que cette parole que vous allez vous dire l’un à l’autre aujourd’hui rayonne dans votre vie.
Et c’est le sens de l’Evangile que vous avez choisi, qui est très beau : Le sel de la terre et la lumière du monde.
Le sel de la terre et la lumière du monde
Le sel est ce qui donne la saveur. Du temps de Jésus, c’est ce qui permettait de conserver les aliments.
La lumière, elle, nous fait sortir de l’obscurité.
Ainsi, cette parole est la saveur et la lumière de votre vie. Et elle sera la saveur et la lumière pour d’autres. Car, si le mariage est quelque chose de très personnel, ce n’est pourtant pas solitaire : d’autres sont « embarqués » dans votre oui. Bien sûr, il s’agit tout d’abord des enfants que vous aurez – nous le souhaitons - car cette parole donnera de la saveur à votre quotidien.
Et c’est pour cela que ça fait du bien de la redire, et j’encourage les époux à redire la prière des époux qu’ils avaient prononcée le jour de leur mariage. Ce n’est pas une parole du passé, comme on fait mémoire du 14 juillet ou de l’Armistice. Non, la mémoire pour le Chrétien, c’est une parole vivante, car on fait mémoire de quelque chose d’actuel, on rend présent ce qui est du passé.
Qu’est-ce que l’Eucharistie si ce n’est faire mémoire de la Passion, de la mort et de la Résurrection de Jésus, avec cette présence réelle ?
Et chaque fois que vous vous remettrez face à cet échange des consentements, face à cette parole, elle sera là, présente. Et c’est cela qui nous aide à franchir les étapes.
On pourrait se demander comment traverser toute une vie ? on sait bien qu’il y a des écueils…mais, le Chrétien ne regarde pas comme les autres : il compte en arrière Parce qu’il a fait mémoire, il se retourne et dit : « Déjà 10 ans… », « Déjà 20 ans », « Déjà 30 ans… », parce que la parole vous a accompagnés, celle que vous avez choisi pour vos noces, celle qui vous révèle.
Et cette très belle parole dans le Cantique des cantiques : « Lève-toi mon ami, montre-moi ton visage » me fait penser à la cérémonie du voile, que vous avez peut-être vue dans certaines liturgies de mariage. Après l’échange des consentements, le mari lève le voile de son épouse, et par ce geste, il révèle son visage.
Ainsi, cette parole que vous allez échanger révèle votre cœur, le cœur de celui ou celle que vous aimez, il vous révèle. A la fois, cette parole nous relève.
Et cette parole du Cantique des cantiques a toute sa place dans le temps pascal, avec le bien-aimé qui appelle à se lever.
Vous le savez sans doutes, se lever utilise la même racine que ressusciter. Cela nous appelle à ne pas laisser la mort, la tristesse et les contrariétés ensabler cette source de saveur et de lumière qui nous unit. Et c’est ce que vous dites au Seigneur : ne nous laisse pas à nous mêmes, car nous nous laissons souvent envahir par les troubles du quotidien, quand il faut supporter les défauts des uns et des autres. Si cette source vient à s’ensabler, en redisant la parole de Dieu, en redisant la parole qui vous unit, vous voulez désensablez la source, et vous lui redites que vous êtes cet amour qui a du goût et qui donne du goût à nos vies, nous sommes une grâce l’un pour l’autre, une bénédiction d’amour, une miséricorde l’un pour l’autre.
Redire chaque jour que l’autre est pour moi une miséricorde, un cadeau, un don cela se vit chaque jour.
C’est pour cela qu’il faut se laisser éclairer. Et vous avez très justement choisi cet évangile de Saint Matthieu où il est question de cette lumière, et cette lumière doit être visible.
Je suis témoin de la très sérieuse préparation au mariage que vous avez faite, combien vous vous êtes impliqués, combien vous vous êtes donnés de tout votre cœur, chacun avec votre chemin spirituel singulier. Vous êtes partis d’un certain point et vous avez fait du chemin ensemble.
Et l’on sent que l’échange des consentement que nous allons célébrer, cette parole que vous allez prononcer, a déjà travaillé votre cœur en amont pour que vous puissiez vraiment vous dire un « Oui » librement et sans contrainte. Il y a quelque chose de lumineux qui va au-delà de vous-même, qui porte en lui-même plus grand que lui-même. C’est bien ça être Chrétien.
Et à travers l’échange des consentements, ce mariage, vous vous situez comme des pauvres face au Seigneur, car le mariage, c’est l’union de deux pauvres qui admettent leurs défauts, leurs impatiences, leurs égoïsmes, leurs colères qui nous habitent et sont des obstacles à la communion. Et nous redisons au Seigneur que nous ne voulons pas que cela ait le dernier mot, que la parole que l’on s’est donnés au premier jour soit lumière et dure pour la vie.
Oui, frères et sœurs bien-aimés, demandons au Seigneur qu’Il nous soutienne, qu’Il nous aide. Nous aussi, nous sommes fragiles et nous avons besoin de Sa grâce. Prions pour Christophe et Zénaïde, et demandons que cette lumière dont ils veulent être les témoins, brille autour d’eux,
Amen !