Texte de l’homélie de mariage :
Frères et sœurs bien-aimés, quand, avec Hélène et Simon, nous avons préparé cette célébration, je leur ai donné un critère pour choisir les textes de la messe. Je leur ai dit :
Ils sont aussi comme un message que vous délivrez à l’assemblée qui vous entourera ce jour-là, décrivant ce que vous voulez vivre.
Ils seront aussi un soutien pour vous lorsque vous les relirez dans dix, quinze, vingt-cinq ans… »
La parole de Dieu est une parole vivante, et il est bon d’y revenir comme on se rapproche d’une source d’eau vive. On voit ainsi comment ils éclairent notre vie.
J’invite celles et ceux ici rassemblés et qui ont reçu le sacrement de mariage à faire mémoire des textes choisis pour leurs noces. Même si cela fait déjà quelques années et que l’on a pu oublier, il y a certainement un livret de messe de mariage pour pouvoir relire ces textes là et voir comment ils viennent éclairer leur vie.
Hélène et Simon ont choisi des textes vraiment splendides, car ils donnent un programme de vie. Et ce programme est bon pour nous tous, quel que soit notre état de vie, que nous soyons célibataires ou en couple, pratiquants réguliers ou occasionnels, Ces textes sont pour tous une lumière.
Pour commencer, le texte de Saint Paul Apôtre aux Romains dresse une manière d’être disciple de Jésus. Reprenons-en quelque mots :
« Ne prenez pas modèle sur le monde présent. »
Ce conseil a été prodigué il y a 2000 ans mais il est toujours aussi intéressant, d’une actualité extraordinaire : ne prenez pas modèle sur la mode, sur ce qui est passager, et Saint Paul poursuit :
« … mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser. »
Cela veut dire que le fait d’être en couple - et plus particulièrement avec un mariage à l’Église - cela demande forcément un travail sur soi-même. Et vous qui êtes en couple, chère Hélène, cher Simon, vous pouvez certainement en donner un témoignage.
Pour reprendre les mots de Saint Paul, cela demande de se renouveler, de changer sa façon de penser, de discerner la volonté de Dieu.
Oui, le discernement a une grande place car, ce n’est pas facile de mener toute une vie ensemble tous les jours, il y aura des moment plus difficiles que d’autres. Et dans le temps de vos fiançailles, vous avez connu des hauts et des bas, ce qui est assez logique et plutôt bon signe, comme chaque couple le vit.
Et, par la bouche de Saint Paul, le Seigneur nous dit que ce ne sont pas les hauts et les bas qui comptent, mais ce que vous avez discerné ensemble, cette certitude intérieure qui vous habite. Cela fait que le jour J, vous venez dire au Seigneur : Nous avons confiance en Toi, nous nous avançons vers Toi parce que nous savons que Tu es à nos côtés.
Certes, c’est un autre manière de penser, c’est une autre manière de voir les choses, loin de celle du monde présent qui, vous le savez, a peur de l’engagement. On pourrait se demander si ce que font Hélène et Simon aujourd’hui est bien raisonnable, n’est-ce pas un peu fou ?
Oui, admettons-le, c’est un peu fou ! Et avec l’allongement de la durée de la vie, cela pose question…
Mais, le croyant n’est jamais seul. Et c’est cela qui fait qu’il a une manière différente d’envisager les événements et les personnes. Cette manière de voir la vie et d’envisager les engagements au long terme, qui engagent toute la vie pour toute la vie, est possible parce que nous avons cette confiance d’être accompagnés. Et Hélène et Simon, dans leur vie de fiancés, dans leur vie de couple, ont fait cette expérience de cette présence du Seigneur. Ils se sont sentis accompagnés personnellement et en couple.
Ils ont ainsi renouvelé leur manière de voir les choses.
Il peut arriver que l’on ait cette tentation que j’appellerais « condensation du temps », avec expression bien connue : « vous en prenez pour cinquante ou soixante ans ! » et d’ajouter « ’est de la folie ! ».
Mais, nous ne disons pas cela car avons une manière différente de voir et nous renouvelons notre façons de penser, parce que :
« Demain n’existe pas, hier n’existe plus.
Pour aimer, je n’ai qu’aujourd’hui ! »
Et d’aujourd’hui en aujourd’hui, en vous tournant vers le Seigneur, vous direz :
Le Chrétien c’est celui qui compte en regardant en arrière. Il fait mémoire de la grâce de Dieu qui l’a accompagné ces années durant.
Ainsi, il y a une intensité de vie, comme le dit la Petite Thérèse avec cette phrase : « Pour aime, je n’ai qu’aujourd’hui ! », et vous le savez car la vie terrestre nous le rappelle. Et c’est d’aujourd’hui en aujourd’hui que vous pourrez vous interroger si vous avez transformé votre manière de voir l’autre.
Et il faut s’aider de toutes ces choses qui nous permettent de fuir la manière d’être du monde. A ce sujet, Saint Paul déclare :
« N’ayez pas le goût des grandeurs, laissez-vous attirer par ce qui est simple. »
Cette sobriété est aussi très chère à notre pape François : ce n’est pas d’abord le matériel qui va faire l’union, et on le sait très bien. Et Saint Paul continue en conseillant de se défier de soi-même :
« Ne vous fiez pas à votre propre jugement, mais soyez humbles. »
Dans le couple, l’autre est comme un miroir et vous aide à vous corriger, à vous réformer intérieurement. On n’est pas fait l’un pour l’autre, on se fait l’un à l’autre ; ça n’a rien à voir !
Et c’est ce travail patient de notre nature humaine qui est difficile à certaines heures, car ce n’est évidemment pas spontané. Mais, parce que vous venez auprès du Seigneur pour supplier la grâce, vous êtes comme des pauvres.
Le mariage, c’est l’union de deux pauvres. Avec humilité, vous venez auprès de Jésus et vous lui demandez d’être de vos joies, de vos combats, de vos peines, chaque jour pour avancer toujours plus vers Son royaume.
Oui, cette parole de Saint Paul est vraiment extraordinaire, car c’est elle qui nous invite à réformer notre cœur.
Ainsi, on peut demander à Jésus de nous aider à fonder notre maison sur le roc, comme Saint Matthieu nous le rapporte.
On voit bien que la Foi n’est pas une assurance vie. Cette célébration n’a pas lieu pour que rien de grave ne se passe dans la vie d’Hélène et Simon, que tout aille bien et pour se rassurer… pas du tout ! Ce n’est pas ça la Foi.
Il faut remarquer que, dans cette parabole, quelque soit la fondation de la maison – sur le roc ou pas - les torrents ont dévalé, la pluie est tombée, la tempête a sévi. Et ce qui est important, c’est de dire que l’on ne remet pas en cause pendant la tempête ce que l’on a discerné en pleine lumière. Au contraire : quand on est disciple de Jésus, quand survient la tempête, on refait mémoire du « oui », de cette certitude intérieure que l’on a pu prononcer au pied de l’autel.
Alors, certainement, chère Hélène, cher Simon, c’est pour nous tous une invitation à renouveler notre cœur et à faire nôtre – chacun selon notre état de vie, chacun selon où l’on en est de notre vie de Foi ou de manque de foi, peut-être.
Mais ce que nous rapporte Saint Paul des paroles du Christ est valable pour tous : on sait bien que si l’on se calque sur le monde présent, si on se laisse mener par la mode, par le matérialisme ou l’individualisme, et tout ce qui anime notre société, ça ne rend pas heureux, ça n’aide pas le couple à avancer.
En revanche, si on rentre dans une dimension de pardon, d’humilité et de simplicité, il y a un avenir possible.
Tout ceci est vertigineux car, on peut se demander comment ces quelques paroles prononcées un beau jour en plein cœur de la Picardie vont pouvoir engager pour la vie ? C’est de la folie ! _ Mais nous le savons, chers amis, notre religion est la religion du vertige et de la disproportion. Il n’y a pas de commune mesure entre un peu d’eau versée sur le front d’un enfant, un peu de pain et de vin, quelques paroles entre un homme et une femme au jour de leurs noces et la grâce de Dieu abonde, le Ciel s’ouvre !
C’est pour cela qu’aujourd’hui, non seulement Hélène et Simon, mais nous allons tous demander des grâces. Et je suis convaincu que des grâces sont données dans des moments clef d’une vie comme celui-ci. Ce sont des moments clé car ils appellent à la puissance de l’Amour de Dieu, à l’Amour de Dieu dans tout ce qui nous rejoint intérieurement, simplement, humblement..
Puissions-nous nous tourner vers la Vierge-Marie, celle qui e eu confiance, celle qui a fait confiance. Vous le savez, le mariage c’est d’abord une histoire de confiance. Demandons-Lui qu’Elle nous aide à devenir – au cœur de ce temps pascal, les témoins d’un Dieu qui nous appelle des ténèbres à Son admirable lumière,
Amen !