« Ne vous inquiétez de rien » et mettez le cap sur le Seigneur !

24 juin 2022

« Ne soyez inquiets de rien. Priez, suppliez, et en toute circonstance rendez-grâce à Dieu. »

Écouter l’homélie

Texte de l’homélie de mariage :

Lors de la très sérieuse préparation au mariage que Charles et Charlotte ont suivie, est arrivé le moment de parler du choix des textes pour cette célébration. Vous le savez sans doutes, on dispose d’un livret dédié à la préparation au mariage qui donne quelques textes plutôt habituels, et je les ai conseillés ainsi :

Que ces textes soient pour vous comme une source à laquelle vous pourrez revenir dans cinq ans, dix ans, quinze ans. On le sait, la parole de Dieu est une parole vivante, et il est intéressant de voir comment elle éclairera votre vie matrimoniale et familiale dans une vingtaine d’années.
Et je dois dire que les textes que les fiancés ont choisi sont particulièrement inspirants.

Le texte de Saint Paul qui a été lu est un programme de vie : il parle de la joie et c’est de cela que les fiancés veulent témoigner aujourd’hui. C’est aussi le sens d’être le sel de la terre et la lumière du monde : ils veulent que la joie qui les habite puisse rayonner.

Je leur ai aussi demandé quel est le charisme de leur couple. Cette question peut être adressée à tous les couples :

Et Charles et Charlotte ont parlé de la joie : c’est l’image qu’on leur renvoie, un couple joyeux, ce qui est plutôt bon signe pour des fiancés, il faut le reconnaître ! Cela permet d’augurer le mariage avec un bon optimisme !

Chaque thème abordé par les lectures mériterait d’être médité encore, et il faudrait le refaire plus tard à l’aide du livret, cela peut interpeller chaque couple.

On peut reprendre ce point :

« Ne soyez inquiet de rien, mais en toute circonstance rendez-grâce à Dieu. Priez, suppliez… »

Dans le couple, on arrive avec sa psychologie, d’autant plus avec l’âge plus tardif auquel on se marie de nos jours. Et l’on remarque parfois des caractères plus anxieux que d’autres.
Et c’est pour cela que j’aime entendre Saint Paul dire :

« Ne soyez anxieux de rien. »

Cela s’adresse à chacun d’entre nous, car notre psychologie peut nous jouer parfois des tours et nous pousse à vouloir tout contrôler, et ces paroles de Saint Paul sont fortes : « lâchez prise… » comme on dirait dans un langage plus moderne.

Cela signifie aussi que la vie matrimoniale n’est pas un face à face de psychologies plus ou moins équilibrées, plus ou moins blessées ou de bons tempéraments, suivant les cas. Non, c’est d’abord la rencontre d’un homme et d’une femme sous le regard de Dieu.

Et Charles et Charlotte l’ont souligné au cours de leur préparation, ils ont le désir d’inscrire leur couple à l’intérieur d’un mariage à l’Eglise, à l’intérieur d’un sacrement. Ce choix est certainement mu par l’habitude familiale, et c’est honorable. ET tout le travail fourni par les familles trouve sa célébration en ce jour-là.

Mais Charles et Charlotte nous disent aussi qu’ils ne veulent pas se résumer à des questions purement humaines, de caractérologie.

« Ne soyez anxieux de rien. »

Cela veut dire qu’ils viennent auprès du Seigneur demander la grâce de la confiance. C’est une grâce dont nous avons tous tellement besoin… En effet, il y a de nombreuses choses qui peuvent nous inquiéter, notamment dans l’actualité. Et dans cinq ou dix ans d’autres choses nous inquiéteront.

Quand Saint Paul nous conseille de ne nous inquiéter de rien, ce n’est pas pour nous déresponsabiliser des choses de ce monde. Il nous conseille de mettre d’abord le cap sur Dieu, de faire une place toute simple pour le Seigneur au sein de leur couple.
J’invite tous les couples à adopter des rituels pour mettre cela en place. Cela peut être de dire le bénédicité, ou alors de tracer le signe de croix sur le front du conjoint avant de s’endormir, comme on le fait souvent sur le front des enfants, pourquoi pas ? Parfois on a trop de pudeur mal placée.

Il y a un certain nombre de rituels que le couple peut mettre en place pour la famille qui dit que le Seigneur est présent. Cela commence par accrocher une croix ou une icône dans le lieu de vie. Je suis partisan du fait que le contact avec le Seigneur n’a pas nécessairement besoin d’être long mais il y a des points de contact puissants avec Lui parce qu’il s’agit de Sa grâce.
Le bénédicité, le signe de croix et d’autres rituels familiaux en font partie, en plus de la messe dominicale. Le Judaïsme est plus enclin à les développer que nous le sommes dans notre tradition catholique.

Le fait d’affirmer la transcendance va être une raison pour mettre en pratique ce qu’a dit Saint Paul :

Nous pouvons suivre ce conseil car nous savons, nous comme Chrétiens, que le Seigneur marche à nos côtés. Le croyant n’est jamais seul ! et parce qu’il n’est jamais seul, il prend conscience progressivement qu’Il l’accompagne dans sa vie de Foi, dans sa vie humaine, vie de couple et de parents. Dieu nous accompagne. Et le fait d’avoir des rituels familiaux célébrés à l’intérieur du domicile rend le Seigneur présent.

Aujourd’hui, vous lui demandez la grâce comme deux pauvres. Voilà ce qu’est la célébration du mariage. Nous n’arrivons pas à grand chose, livrés que nous sommes à nos psychologies plus ou moins équilibrées. Mais parce que vous prenez conscience que sans la grâce de Dieu, vous n’y arriverez pas, vous venez supplier Dieu au pied de l’autel.

C’est pour nous tous une invitation à remettre notre vie spirituelle dans le bon cap, en couple. C’est un des points les plus difficiles et on le comprend car il y a cette pudeur qui peut empêcher d’exprimer sa Foi devant l’autre. Ce n’est pas simple car c’est un langage très fort, qui nous dévoile peut-être même plus que l’intimité physique entre les époux. Mais c’est tellement puissant et cela exprime tant de choses de se tourner ensemble vers le Seigneur.

Charles et Charlotte, vous avez fait le choix aujourd’hui de la lettre de Saint Paul aux Philippiens pour dire que vous savez qu’il y aura parfois des choses inquiétantes et que vos tempéraments réagiront différemment, mais ce n’est pas cela qui compte en définitive. Ce qui compte, c’est ce jour où vous serez unis devant Dieu, ce jour où vous aurez célébré vos noces et aurez fait le choix de rentrer dans la confiance. Alors oui, comme il est dit ensuite :

« La paix de Dieu qui surpasse tout ce que l’on peut concevoir gardera vos cœurs et vos pensées. »

Cette paix vient justement de la confiance. C’est comme une conséquence de ce lâcher prise, de cette certitude que, comme croyants, nous ne sommes jamais seuls, nous avons cette présence qui nous accompagne. C’est tellement important, surtout dans notre société où l’absence de Dieu est de plus en plus forte, c’est ce que l’on appelle la sécularisation, l’absence de Dieu dans la société. Cela entraîne comme par balancement le besoin de contrôle, la recherche du risque zéro, tellement développé dans notre société. La personne humaine ainsi livrée à elle même éprouve le besoin de verrouiller de tous les côtés pour éviter les risques.

Pourtant, les risques font partie de la vie, mais ce n’est pas cela qui compte : c’est d’abord la présence du Seigneur dans nos cœurs, et c’est ce que nous disent Charles et Charlotte.

Vous qui êtes en couple ou qui vous orientez dans cette voix, reprenez conscience de la grâce qui nous a été donnée qui nous permet de découvrir l’autre comme un don de Dieu. C’est une grâce faite pour votre vie spécialement pour avancer dans la confiance. Découvrir l’autre comme un don de Dieu, comme une grâce qui est faite pour votre vie, précisément pour avancer dans la confiance, regarder l’autre comme un cadeau, comme une miséricorde qui est faite pour votre vie.

Ainsi, quand on a cette manière de voir les choses, on devient lumineux ! C’est de là que vient la lumière et non d’un charisme personnel – tant mieux si on en a – elle vient du cœur. Elle vient de l’intérieur. C’est comme le sel qui donne de la saveur, qui rehausse le goût. De même, c’est précisément la Foi qui permet de donner du goût à chaque chose. Et à travers ce jour d’aujourd’hui, chaque jour prendra un goût différent car vous avez choisi en ce jour le Seigneur qui rehausse la densité de votre vie.

Certes, ce sont des choses que nous connaissons par cœur, mais comme il est bon de nous les rappeler puisque vous avez choisi ces textes, Charles et Charlotte, car ils nous concernent tous, comme baptisés, et moi comme baptisé et comme prêtre. Ils nous permettent de refaire mémoire de quelque chose.

Faire mémoire est une démarche importante, et c’est ce que faisons aujourd’hui avec cette célébration de l’Eucharistie, mémorial de la mort et de la résurrection de Jésus par la messe.
Et il est bon que toute votre vie vous fassiez mémoire de ce jour, non pas comme quelque chose du passé, mais comme quelque chose d’actuel. Dans cinq, dix ou vingt ans, cette présence de Dieu dans votre couple, cette confiance seront actuelles.

Le fait de cheminer avec le Seigneur contre vents et marées, le fait de transmettre est le propre même du mariage : transmission des gènes, transmission du patrimoine, mais aussi de la Foi. Et la transmission de la Foi vient de l’expérience des parents qui grandissent dans la confiance : voilà le principe même de cette transmission. Certes, le passage par la catéchèse est important, mais en famille, la Foi est l’expérience de la confiance.

Ainsi, nous allons demander cette grâce les uns pour les autres, chers amis, et pour que Charles et Charlotte puissent vivre au quotidien cette confiance, ce lâcher prise, cet abandon dans les mains du Seigneur,

« Ne soyez inquiets de rien, priez, suppliez, et en toute circonstance rendez-grâce à Dieu. »

Amen !