Le sacrement de mariage invite à porter un regard neuf sur l’autre

14 août 2023

« Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! »

Le mariage nous permet de découvrir un nouveau chemin pour aller vers Dieu : tout l’enjeu est de parvenir à cheminer à deux, avec nos différences et notre histoire personnelle. Pour y parvenir, il faut demander au Seigneur cette grâce de l’unité le jour du mariage et tous ceux qui suivent…

Écouter l’homélie

Texte de l’homélie de mariage :

Lorsqu’à l’issue de la très sérieuse préparation au mariage que Théo et Mathilde ont faite je leur ai demandé de choisir les lectures, je les ai conseillés ainsi :

« Choisissez des paroles qui disent ce que vous vivez : ce que vous avez vécu pendant ce temps de fiançailles mais aussi ce vers quoi vous voulez aller. »

Dites ce que vous vivez à l’assemblée qui vous entourera le jour J – à vous qui êtes ici présents en ce jour – et l’objectif auquel vous vous destinez. Toute la Bible vous est ouverte.
Ainsi, Mathilde et Théo ont fait des choix assez singuliers qui nous interpellent, car ce ne sont pas celles que l’on entend habituellement.

Sans doutes êtes-vous habitués à entendre Fonder sur le roc, Les noces de Cana, L’amour prend patience de Saint Paul… et aujourd’hui, c’est tout à fait autre chose. Avec leur chois, c’est une très belle couleur qui est donnée à cette célébration.

Changer de regard sur l’autre

Il y a tout d’abord le récit de Joseph, lui qui a été vendu par ses frères à une caravane de marchands après le premier projet de le tuer… Son père le croyant mort, le voici en Égypte, bras droit du Pharaon, il gère ses biens. C’est un poste considérable à tel point que quand les frères viennent mendier du blé plusieurs années après, ils ne le reconnaissent pas, ne voyant même pas que c’est un hébreux. Lui fait venir un interprète alors qu’il les a parfaitement reconnus.

Et dans l’histoire de Joseph et de ses frères, même si ce n’est pas intuitif, il y a quelque chose qui nous parle du mariage. Car le mariage, c’est rencontrer l’autre sous un autre aspect, opter pour un changement de regard. En effet, quand vous étiez ami, plus jeunes, vous aviez un certain regard l’un sur l’autre. Puis, le regard a changé car votre relation est passée de l’amitié à l’amour.

Puis, dans cet amitié changée en amour, comme pour Joseph et ses frères, vous faites l’expérience du pardon. Et toutes celles et ceux qui sont en couple peuvent en témoigner : pardonner, c’est précisément avoir un autre regard sur l’autre. Il s’agit de ne pas le réduire à sa faute, à son manque d’empathie. Pardonner c’est regarder autrement.

Joseph est pour nous le disciple de Jésus. Il est l’anticipation du Christ qui, abandonné par ses frères, leur a pardonné avec ces mots :

« Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. »

Joseph nous apprend à être généreux avec l’autre, avec le conjoint, et de découvrir en lui une beauté que l’on avait peut-être pas entrevue car on avait l’esprit fermé, un regard modifié par la colère et la dureté de cœur.

Rechercher la paix

La deuxième lecture est vraiment très belle elle aussi, elle parle également de cette question du pardon qui tient à cœur aux fiancés, car pour durer, il faut savoir se pardonner, depuis les petits agacement de tous les jours aux choses plus grandes, jusqu’aux vraies offenses, comme le manque de fidélité par exemple. Et lorsque l’autre le reconnaît et demande la pardon, il faut pouvoir le lui accorder.

Le plus fréquent est de pardonner les agacements et les exaspérations. A ce sujet Saint Paul nous donne ce conseil :

« Pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. Que dans vos cœurs règne la paix à laquelle vous avez été appelés. Vivez dans l’action de grâce. »

Ce qui aide au pardon, c’est de voir l’autre comme un grâce pour ma vie : Mathilde est une grâce pour Théo, Théo est une grâce pour Mathilde.

Chers fiancés, puissiez vous avoir ce regard tout au long de votre vie. Et vous tous qui assistez à cette célébration et qui êtes unis par le sacrement de mariage, puissiez vous avoir cette grâce particulière d’un regard neuf sur l’autre, d’un regard de bienveillance et d’émerveillement sur l’autre.

Sans doutes direz-vous que cela dépend des jours, en fonction de ce que nous avons dans le cœur, mais nous pouvons suivre ce conseil de Saint Paul :

« Vivez dans l’action de grâce, chantez à Dieu votre reconnaissance. »

Voilà qui est intéressant : remercier et rendre grâce pour le cadeau de Dieu qu’est l’autre, c’est adopter un regard de Foi. Ce n’est pas juste un regard forgé par la psychologie, un regard horizontal, « il est sympa », « elle est jolie », car cela ne dure pas. Ce qui dure, c’est le regard de Foi qui permet de voir l’autre comme un don de Dieu. Et si je vois l’autre comme un cadeau du Seigneur, je découvre en l’autre un chemin pour aller vers Dieu. Voilà ce qu’est le sacrement du mariage. Ce n’est pas juste pour sacrifier à des traditions familiales. C’est un chemin que Dieu nous donne pour nous rapprocher du Christ.

Le sacrement du mariage c’est l’union de deux pauvres

Et c’est pour cela que le sacrement du mariage c’est l’union de deux pauvres. Mathilde et Théo, vous êtes deux pauvres qui vous approchez du Seigneur pour demander Sa grâce. Vous la demandez car vous prenez conscience de vos fragilités – il y a des jours « avec » et des jours « sans » - et que ce n’est pas juste tout seuls que vous allez vous en sortir.

C’est une question d’humilité que vous avez tous les deux, avec ce chemin spirituel qui vous appartient. Vous êtes au début de ce chemin qu’est la vie matrimoniale. Puissiez-vous continuer ce chemin vers Dieu, que le sacrement du mariage ne soit pas la fin du chemin spirituel mais son commencement.
Et vous dites aujourd’hui au Seigneur que c’est bien parce qu’Il est avec vous que vous pouvez avancer. Car s’Il est là au milieu de nous, on peut se redonner une chance, on peut avoir un regard différent et témoigner qu’on peut à la fois être différents et compatibles avec l’amour. Vous avez vos familles propres, avec leurs différences, très unies sur un certain nombre de choses mais avec un parcours particulier, comme c’est le cas de chaque famille. Et vous faites une richesse de ces différences. Cela n’est pas juste dicté par la bonne volonté, la générosité de cœur, on se tromperait si on réduisait cette unité sous cet angle là. C’est vraiment donné par un regard porté vers le Seigneur.

Vous êtes en chemin et le mariage est le début de ce chemin. Puissiez-vous avancer jour après jour vers le Seigneur, à travers les tempêtes, car c’est aussi ce que vous avez choisi comme texte. Voici un autre texte exigeant que vous avez choisi où l’on voit Jésus qui demande à Pierre de le rejoindre sur les eaux : il est magnifique ! quelle vie n’a pas sa tempête…

Quelle vie n’a pas sa tempête ?

Vous qui êtes jeunes, Mathilde et Théo, vous nous dites que ce n’est pas parce qu’il y a des tempêtes dans notre vie que le Seigneur n’est pas présent, qu’il n’y a pas une espérance. Voilà qui est magnifique ! vous nous dites de ne pas baisser les bras dans les relations, même si elles sont difficiles. Les relations avec les prochains proches – à plus forte raison les relations matrimoniales – peuvent être difficiles, mais ne baissez pas les bras, soyez dans l’Espérance. Le Seigneur nous tire de l’abîme par le sacrement du mariage.

Le sacrement du mariage est une main tendue pour sortir de l’abîme de nos indifférences et de notre orgueil. C’est bien là le bénéfice du sacrement du mariage. Quelle chance d’avoir la Foi, quelle grâce !

Il n’est pas forcément meilleur qu’un autre, mais il n’est jamais seul, il y a toujours une espérance, il y a toujours une deuxième chance. Et ce texte de la tempête apaisée avec Jésus qui rejoint les disciples sur la barque – la barque qu’est l’Église, vous avez fait le rapprochement – et dit à Pierre :

« Pourquoi as-tu douté ? »

Il dit encore à Thomas dans après la Résurrection :

« Sois croyant ! »

Où que vous en soyez dans votre chemin de vie, et dans votre vie intérieure et spirituelle, ce texte peut apporter une lumière précisément parce que, quand on s’approche du Seigneur, ce n’est pas une assurance vie. On peut couler comme Pierre, lui qui appelle le Seigneur au secours car il a peur… Et ce texte montre que dans cette peur, le Seigneur nous rejoint et nous tire de l’abîme, il nous emmène plus loin, vers un ailleurs, vers une joie, vers un réconfort. Voilà la grâce d’être croyant ! C’est avoir cette certitude qu’auprès du Seigneur est ma force.

C’est ce que nous demandons pour vous, chère Mathilde et cher Théo. C’est ce que nous demandons pour chacun d’entre nous. Que ce mariage ne soit pas une dernière étape, c’est au contraire une première étape. Que vous puissiez grandir pour que, de jour en jour, d’année en année, vous puissiez vous dire que la qualité de votre relation est de plus en plus profonde. La qualité de relation avec Dieu va s’approfondir aussi.

Vous êtes des enfants de votre génération, et l’on voit bien que notre société s’éloigne du Seigneur assez souvent, et si vous n’êtes pas très soutenus dans vos amitiés – peut-être que peu de vos amis se marient à l’Église – vous vous faites ce choix. C’est courageux, car c’est un engagement pour toujours, une confiance. C’est beau, ça nous fait du bien !

Puissiez-vous, chère Mathilde, cher Théo, être des témoins d’un Dieu qui nous appelle des ténèbres à Son admirable lumière,

Amen !