Texte de l’homélie du mariage :
Frères et sœurs bien-aimés,
lorsqu’il s’est agit avec Cyril et Hortense de choisir les textes de cette célébration, je leur ai donné un critère : que les textes de la célébration de cette messe de mariage soient une lumière pour votre vie matrimoniale et familiale, qu’ils éclairent votre chemin et disent aussi le charisme de votre couple et ce que vous voulez vivre.
Nous savons que la Parole de Dieu n’est pas simple parole de sagesse humaine, mais la une Parole vivante, qui accompagne la vie du croyant dans ses différentes étapes.
Vous qui êtes ici et qui avez reçu il y a quelques années ce sacrement du mariage, vous pourriez faire mémoire des lectures qui vous aviez choisi.
La Parole que nous avons écouté est étonnante.
Dans la première lecture, avec la parole de Saint Paul, c’est un véritable programme de vie que vous dessinez Cyril et Hortense.
« Autant que possible, pour ce qui dépend de vous, vivez en paix avec tous les hommes. »
Rien que cela donne une lumière pour votre vie matrimoniale et familiale.
« Pour ce qui est possible, vivez en paix. »
C’est ce que nous dit l’apôtre Saint Paul. Cette paix qui n’est pas simplement une absence de conflit.
Saint Paul nous dit :
« Le Christ est notre paix. »
La paix ce n’est pas simplement une négociation à l’intérieur des conflits qui vont parsemer la vie de couple et la vie professionnelle. La vie sans tension n’existe pas.
« Pour ce qui dépend de vous, choisissez la paix avec tous ceux qui vous entourent. »
Cela veut dire vivre une dimension contemplative. Si le Christ est notre paix, alors nous sommes invités à descendre à l’intérieur. Tous nous avons un océan de violence qui peut se réveiller pour un rien, mais ce n’est pas de cela que vous voulez vivre.
Vous voulez vivre de l’Esprit du Seigneur, vous voyez aussi comme nous tous votre violence, mais nous écoutons cette parole de Dieu autant que possible :
« Pour ce qui dépend de vous, vivez en paix avec tous les hommes. »
C’est un choix de vie. Le mariage est un état de vie, un choix de vie, la réponse à un appel, mais cette persévérance dans la paix est quelque chose de profondément évangélique. Cela va aussi dans la vérité : ce n’est pas ne pas voir la difficulté qui nous entoure, mais nous choisissons de répondre au mal par le bien. C’est une grâce que nous pouvons supplier tous les jours dans la prière et d’une façon particulière au moment de la communion eucharistique.
Cette paix vient de votre amour et va rayonner. Le bien est diffusif de lui-même, comme un caillou qu’on jette dans un lac et qui forme des cercles concentriques jusqu’aux berges les plus lointaines. vous voulez que votre amour retentissent sur les autres, donne la paix profonde d’aimer et de se sentir aimé.
Bien sûr c’est un geste éminemment personnel que vous posez aujourd’hui, Cyril et Hortense. Mais ce n’est pas un geste solitaire. Rien dans la vie du croyant n’est solitaire, même si c’est très intime, comme par exemple sceller une union devant le Seigneur. Vous portez dans votre oui vos amis, vos familles, les enfants qui naîtront de votre amour, vos voisins.
Cette paix qui jailli de l’amour s’étend et c’est là la vrai fécondité d’un couple et d’une vie. Bien sûr qu’il y a la fécondité charnelle, mais elle n’épuise pas la fécondité d’un couple. La fécondité d’un couple c’est aussi qu’il puisse rayonner dans la vie quotidienne, par les sourires, par la patience dans les épreuves, par la bonté, tout cela fait que la paix progressivement gagne du terrain.
On le sait bien, un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse, mais nous croyons que la forêt qui pousse a plus d’avenir que l’arbre qui est tombé. Chaque passage est un vrai programme de vie, pour vous mais aussi pour nous tous ici présents, quelle que soit notre situation, notre état de vie.
L’évangile est extraordinaire. A plusieurs reprises Jésus nous dit :
« Ne vous faites pas de souci. »
C’est vrai qu’à l’aube d’une vie matrimoniale on peut se demander si l’on tiendra.
D’autres ont voulu tenir aussi et n’ont pas abouti, ou a abouti à des séparations. On peut être préoccupé de cela, de cette fidélité sur le long terme, qui avec l’allongement de la durée de la vie peut être vraiment long. En même temps comme c’est beau de voir des couples qui sont déjà dans le grand âge et qui cheminent ensemble dans la fragilité de leurs corps mais la force de leur amour !
« Ne vous faites pas de souci. »
Il y a la tentation de condenser le temps. Parfois le démon nous tente en nous montrant le sannées devant nous et nous avons le risque de la panique. Mais dans toute tentation il y a le mensonge : 50 ans, 10 ans, 20 ans n’existent pas, hier n’existe plus, seulement aujourd’hui existe.
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus nous dit :
« Pour aimer, je n’ai qu’aujourd’hui. »
D’aujourd’hui en aujourd’hui vous arriverez à 10 ans, 20 ans, 30 ans, et vous retournant vous constaterez comment l’oeuvre de Dieu est là dans votre vie. C’est comme cela que compte le chrétien, en faisant mémoire de quelque chose qui a eu lieu avant, mais qui est toujours présent. C’est pour cela que vous célébrez vos noces à l’intérieur de l’eucharistie, le mémorial présent, vivant, de la passion, de la mort et de la résurection du Seigneur.
Vous pouvez vous engager sur cet amour au long cours contre vents et marées, mais pas seuls. Votre amour rayonne mais vous avez besoin aussi d’être aidés : vos amis, vos parents qui sont autour de vous vous montrent combien vous comptez pour eux, soutenus par votre prière les jeunes fiancés avanceront dans la vie. Nous avons aussi cet engagement à porter dans la prière ceux qui se marient devant le Seigneur, ce n’est pas seulement pour un jour, même s’il est magnifique, mais notre présence nous engage auprès d’eux.
Il y a aussi la tentation de céder à cette mentalité sécuritaire, au risque zéro et tomber dans le perfectionnisme, le principe de précaution. Ce n’est pas le contrôle qui a le premier mot, mais la confiance. C’est cela que vous nous dites à travers ce choix de cet évangile :
« Regardez les lys des champs, regardez les oiseaux du ciel. »
On peut êre aveuglé par ce désir de tout contrôler, de tout dominer, nous dit Jésus. La confiance est un combat, lâcher prise est un combat. Vous vous engagez par cette célébration Cyril et Hortense, dans un combat spirituel. C’est un combat spirituel de voir aussi en moi quelles sont les idolâtries, quand je prends quelque chose ou quelqu’un, ou moi-même à la place de Dieu.
« Nul ne peut servir deux maîtres. »
Vous voulez dire aujourd’hui au Seigneur combien vous voulez vivre dans cette confiance, dans ce lâcher prise qui n’est pas irresponsabilité, mais qui est la vraie manière de vivre responsable comme époux et comme parents. Là vous dites quelque chose du charisme de votre couple, vous montrez à travers cette lecture cette manière d’être à deux au milieu d’un monde bouleversé et malade. Beaucoup attendent votre témoignage de confiance et de paix.
Puissions-nous par l’intercession de la Vierge Marie demander cette grâce. Nous affirmons le primat de la confiance et de la grâce qui nous emmène plus loin de nous-mêmes. C’est cela un sacrement, c’est aller au-delà de soi-même dans l’infini que Dieu nous propose et que nous accueillons dans l’humilité.
Puisse la Très Sainte Vierge nous enseigner ce chemin.
Amen !