Homélie du 11e dimanche du Temps Ordinaire

21 juin 2013

« Je te le dis : si ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, c’est à cause de son grand amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. »
Puis il s’adressa à la femme : « Tes péchés sont pardonnés. »

Écouter l’homélie

Texte de l’homélie :

L’autre jour, après avoir célébré baptême, un jeune homme s’est approché et m’a dit :
« Mais c’est bizarre ! je n’ai jamais entendu cela… En baptisant, en faisant entrer dans l’église, vous avez parlé de liberté, de libération… comment est-ce possible ? parce qu’on le sait bien, l’Église est là sans cesse pour nous culpabiliser, pour nous dire ce que nous devons faire et ce que nous ne devons pas faire… »

Et, dans l’Évangile d’aujourd’hui, on se retrouve dans la même situation, avec Simon et la manière pharisienne de prendre l’évangile, de regarder notre rapport à Dieu, où la loi, comme dit Saint Paul, risque de nous surprendre. Et tout se résume là.

Et l’on voit Jésus pris par le Pharisien en flagrant d’ignorance, d’inconvenance, parce que, « tout de même », s’il était un prophète, il saurait qui est cette femme, Il se laisse toucher par elle et devient impur etc…

Comme un voile devant nos yeux

Les lectures de cette semaine, avec la deuxième épître aux Corinthiens traitait du même sujet, en nous disant : quand nous lisons l’Écriture – il parle des fils de Moïse, et nous le sommes tous aussi quelque part, ce qui rend cette parole très actuelle – il y a comme un voile qui demeure sur nos yeux.

Et nous demeurons aveugles, et nous ne comprenons pas, et, comme Simon ici, nous ne savons pas voir cette bonté, cette miséricorde, cet amour extraordinaire du Seigneur, cette soif qu’Il a de nous relever, de nous pardonner, de nous faire avancer. Pourtant, la première lecture est assez forte avec le péché de David, lorsque le Seigneur, de manière incroyable lui dit . « Je t’ai donné les épouses du Roi les maisons d’Israël, et si ce n’est pas assez, je te donnerai encore ». Dieu n’est pas chiche dans ses dons. Et Il veut en plus nous relever.

Il y a simplement David ici, et le Seigneur lui pardonne, car il a le cœur brisé. Cette femme arrive parce qu’elle a le cœur brisé, et Il les relève :

« Femme, ta foi t’a sauvée. »

Pourquoi et comment écarter ce voile ?

Saint Paul dit : « Or, le Seigneur est l’Esprit, et là où est l’Esprit, est la liberté. » Et nous faisons tomber ce voile quand nous nous tournons vers le Seigneur, quand nous acceptons de Le regarder, de voir cet amour. Dans l’Évangile, et dans celui-ci particulièrement, c’est tellement lumineux ! Le Seigneur qui vient non pas pour les justes, mais pour les pécheurs. Pas pour les bien portants, mais pour les malades. Et l’Évangile en est plein.

Et même si Jésus vient, dans le sermon sur la montagne que l’on avait aussi dans les lectures de semaine et nous dit :

« Que votre justice dépasse celle des Pharisiens. »

Il vous a été dit : « Tu ne tueras pas ». Tuer, ce n’est pas simplement enfoncer de couteau, tirer une balle… Mais, il faut plutôt entendre :

« Tu n’insulteras pas ton frère ; tu ne l’appelleras pas impie, tu ne le jugera pas. »

Si l’on venait à penser que Jésus vient encore plus rigidifier la loi, c’est encore plus compliqué… mais ce n’est pourtant pas ce que Jésus fait : Il vient accomplir, Il vient nous ramener à la Source. Il vient nous dire à travers ces paroles :

« Prends soin de ton frère, sois une source vive pour ton frère. »

Et ici, Il continue : « Nous, les apôtres qui n’avons pas un voile comme Moïse, nous reflétons tous la Gloire du Seigneur, et nous sommes transfigurés en image. » A nous de venir, de nous tourner vers Jésus pour boire à la Source, pour boire à la source de cette Miséricorde pour être nous-mêmes guéris, relevés.

Mais cela ne suffit pas, pour nous-même refléter cette gloire, cet amour du Seigneur. Et si quelque fois sur le chemin nous sommes un peu découragés parce que notre réalité, notre manière d’aimer n’est pas encore parvenue à celle de Jésus, Saint Paul continue en disant :

« Ne perdez pas courage, puisque Dieu, dans Sa Miséricorde, nous a confié ce mystère. »

Ce voile subsisterait-il encore pour quelques uns ?

Et, pour qui la bonne nouvelle que nous annonçons reste t-elle encore voilée ? Dans les mots de Saint Paul, elle reste voilée pour ceux qui vont à leur perte, pour les incrédules dont l’intelligence a été aveuglée par le Dieu de ce monde, c’est à dire, le pouvoir, la domination, la concupiscence – attirer les biens, l’autre pour soi.

Et effectivement, le Seigneur nous invite à Le regarder, à nous laisser attirer, à nous laisser aimer gratuitement par Lui, comme pour cette femme, à travers ses gestes d’amour. Car justement, elle a compris que Jésus pardonnait. Elle pleure, mais aussi de joie parce qu’elle peut s’approcher du Seigneur.

Comme elle, que nous puissions vivre gratuitement, être reçus par le Seigneur, afin que nous ne soyons pas empêchés de voir resplendir dans l’Évangile la gloire, la Miséricorde du Seigneur, Son pardon.

Demandons au Seigneur que nous puissions nous tourner vers Lui, que ce voile tombe, que nous puissions vivre aussi heureux, ressuscités, relevés, afin de pouvoir transformer petit à petit notre vie et nos vies et notre Monde,

Amen


Références des lectures du jour :

  • Deuxième livre de Samuel 12,7-10.13.
  • Psaume 32(31),1-2.5abcd.5ef.7.10bc-11.
  • Lettre de saint Paul Apôtre aux Galates 2,16.19-21.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 7,36-50.8,1-3 :

Un pharisien avait invité Jésus à manger avec lui. Jésus entra chez lui et prit place à table.
Survint une femme de la ville, une pécheresse. Elle avait appris que Jésus mangeait chez le pharisien, et elle apportait un vase précieux plein de parfum. _Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui, à ses pieds, et ses larmes mouillaient les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et y versait le parfum.

En voyant cela, le pharisien qui avait invité Jésus se dit en lui-même : « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse. »
Jésus prit la parole :
— « Simon, j’ai quelque chose à te dire. »
— « Parle, Maître. »
Jésus reprit :
— « Un créancier avait deux débiteurs ; le premier lui devait cinq cents pièces d’argent, l’autre cinquante. Comme ni l’un ni l’autre ne pouvait rembourser, il remit à tous deux leur dette. Lequel des deux l’aimera davantage ? »
Simon répondit :
— « C’est celui à qui il a remis davantage, il me semble. »
— « Tu as raison », lui dit Jésus.
Il se tourna vers la femme, en disant à Simon :
— « Tu vois cette femme ? Je suis entré chez toi, et tu ne m’as pas versé d’eau sur les pieds ; elle, elle les a mouillés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux.
Tu ne m’as pas embrassé ; elle, depuis son entrée, elle n’a pas cessé d’embrasser mes pieds.
Tu ne m’as pas versé de parfum sur la tête ; elle, elle m’a versé un parfum précieux sur les pieds.
Je te le dis : si ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, c’est à cause de son grand amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. »
Puis il s’adressa à la femme : « Tes péchés sont pardonnés. »

Les invités se dirent : « Qui est cet homme, qui va jusqu’à pardonner les péchés ? »
Jésus dit alors à la femme : « Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! »

Ensuite Jésus passait à travers villes et villages, proclamant la Bonne Nouvelle du règne de Dieu. Les Douze l’accompagnaient, ainsi que des femmes qu’il avait délivrées d’esprits mauvais et guéries de leurs maladies : Marie, appelée Madeleine (qui avait été libérée de sept démons), Jeanne, femme de Kouza, l’intendant d’Hérode, Suzanne, et beaucoup d’autres, qui les aidaient de leurs ressources.