Un hôpital au Moyen-Age
Vers 1220, une infirmerie fut construite dans la jeune abbaye d’Ourscamp, sur le modèle de celle de Cîteaux. L’infirmitorium, tel qu’on nommait ce bâtiment, était réservé aux religieux infirmes. Par extension, il devint infirmerie ou hôpital. Pour éviter la propagation de maladies contagieuses telles que la peste, ce genre de bâtiment était toujours construit à l’écart des secteurs de vie du reste de la communauté.
Tandis que les frères souffrants étaient accueillis dans la grande salle de l’infirmerie, un local appuyé au pignon sud de cet hôpital renfermait la cuisine, l’apothicaire, et la buanderie au rez-de-chaussée, mais aussi cinq chambres pour convalescents à l’étage. Pour chauffer ces édifices et permettre la cuisson des aliments, une cheminée s’élevait le long de ce même pignon.
Une architecture gothique
Longue de 46m et large de 16m, cette construction en pierres de taille est de style gothique. Jusqu’au début du XXe, un porche de bois précédait la porte d’entrée tandis que trois chiens assis éclairaient le grenier. Ils seront supprimés en 1922 lors de la rénovation de l’édifice. A l’étage inférieur, trois fenêtres ogivales percent le mur. Un lit devait être placé devant chaque fenêtre auprès d’une petite niche (piscine) creusée dans le mur, destinée à mettre les objets nécessaires à portée de main des malades. Au-dessus, deux grandes fenêtres et, à l’étage supérieur, une rosace. Découpée en trois nefs voûtées sur croisées d’ogives à nervures arrondies, son double rang de colonnes supporte un grenier à charpente de chêne. En tout, seize colonnes, surmontées de chapiteaux octogonaux ornés de crochets en forme de crosse, séparent l’ensemble en trois travées de largeur inégale. Il semblerait que depuis le XVIe siècle, la « Salle des Morts » n’ait plus été utilisée qu’occasionnellement pour les ablutions des morts. Le désintéressement général pour l’abbaye d’Ourscamp entraîna une dégradation et une reconversion des bâtiments conventuels.
Reconversions
Au milieu du XVIe siècle, l’abbé commendataire Henri de Bourbon Ier voulut utiliser la « Salle des Morts » en grande écurie et garnir ses murs de râteliers. L’idée fit son chemin puisqu’à la fin du XVIIe siècle, le rez-de-chaussée servit d’étable et le grenier au stockage du blé (jusqu’en 1790). Sous la Révolution Française, la « Salle des Morts » sera reconvertie en Hôpital de guerre, puis, au début de l’ère industrielle, elle deviendra l’atelier de menuiserie de la filature.
Rétablissement du culte
En 1854, le directeur Peigné-Delacourt décida de l’aménager en chapelle destinée aux employés de son usine et aux habitants d’Ourscamp. Le 2 mai 1857, la chapelle d’Ourscamp reçut la bénédiction de l’Eglise. C’est ainsi qu’après soixante cinq années d’absence, le culte catholique fut rétabli à Ourscamp. Sept ans plus tard, en « gage de toute sa bienveillance », la paroisse reçut un chemin de croix de Sa Majesté Impériale Napoléon III. La reconnaissance ultime sera rendue en 1883 par la visite de Mgr Hashley, l’évêque de Beauvais (jamais évêque n’était revenu à Ourscamp depuis la fin de l’abbaye cistercienne). L’abbé Stoffel fut alors nommé desservant à la chapelle d’Ourscamp et aumônier de l’église. La renommée de la filature donna un élan supplémentaire à la paroisse qui fut visitée de nombreuses fois par l’évêque de Beauvais. Mais le premier conflit mondial allait remettre en cause cette organisation du culte.
Avec la destruction de la filature en 1915, Ourscamp perdit toute son infrastructure socio-économique. La chapelle, légèrement endommagée fut restaurée en 1920. Bientôt, le curé de Chiry eut la charge de cette chapelle qui perdit de son importance.
Rescapée de la Première Guerre mondiale, classée monument historique avec l’abbaye en 1943, la « Salle des Morts » d’Ourscamp a gardé son ultime vocation de chapelle.
Ses offices dominicaux sont aujourd’hui rythmés par les orgues installées depuis 1947 par la Congrégation des Serviteurs de Jésus et Marie.