Texte de l’homélie de mariage :
Frères et sœurs bien aimés,
Lorsque, avec Marine et Pierre-Luc, nous avons préparé cette célébration, et lorsqu’il s’est agit de choisir les textes, je leur ai donné un critère : choisissez des textes de la Parole de Dieu qui soient pour vous des lumières qui vous accompagnent tout au long de votre vie matrimoniale et familiale.
C’est peut-être un bon exercice pour ceux d’entre vous qui se sont mariés à l’Église, qu’ils fassent mémoire des textes qu’ils ont choisi, il y a il y a 1 an, 2 ans 50 ans, …
La Parole de Dieu est une parole vivante, c’est une parole qui accompagne.
Les textes que vous avez choisi, si on les entend assez fréquemment dans les messes de mariage, ce n’est pas pour rien. C’est bien parce qu’il disent quelque chose de ce que vous avez déjà commencé à vivre dans l’amour qui vous unit l’un à l’autre, et que vous voulez vivre dans le sacrement.
Mettre le cap sur la grâce
La lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens est un programme de vie : pour faire son examen de conscience, pour faire et refaire sa vie matrimoniale et familiale, pour ceux d’entre vous dont c’est la vocation, et même pour n’importe quel baptisé…. rien que ces quelques mots sont une une école de sainteté.
« Revêtez votre cœur de tendresse et de bonté d’humilité de douceur et de patience ».
Rien que ça pour connaître la grâce de Dieu :
- L’humilité : considérer l’autre supérieur à soi-même. On voit bien que dans la vie de couple comme dans la vie tout court c’est l’orgueil qui fait la désunion, qui fait que l’on veut dominer sur l’autre.
- La douceur la patience : La douceur n’est pas la faiblesse, la douceur n’est pas de la guimauve, la douceur à la manière du Christ qui est doux face au mal et face aux épreuves, qui parfois arrive dans la vie matrimoniale et familiale, la douceur est là pour dire notre appartenance au Christ, qu’Il est Lui le dernier mot sur notre vie et sur notre engagement.
- La patience c’est un programme : la patience, passion évidemment.
Ces trois petits mots tout simples c’est un programme de vie.
C’est un programme de vie pour vous, pour nous, parce que lorsqu’on entoure des fiancés qui vont s’unir dans le mariage, soi-même aussi on est questionné : où est-ce que j’en suis dans ce que me dit la Parole de Dieu ? Moi-même comme prêtre je suis aussi questionné, parce que je suis invité comme prêtre à la mettre en pratique à ma manière, selon mon état de vie.
Revenez-y comme à une source, gardez-la - peut-être certains d’entre vous sont allés en Terre sainte et vous voyez que certains Juifs pieux qui rentrent et sortent de leur maison touchent une petite Thora en métal clouée sur le linteau de leur porte, et ils posent leur main dessus régulièrement. Ce geste qui vient d’une autre tradition spirituelle, nous pouvons aussi le faire nôtre : la voir, la relire, approfondir cette parole.
L’engagement en résonance avec l’Évangile
Je vous reconnais bien dans cet Évangile, dans le sens où vous avez, à travers votre cheminement - et je l’ai dit avec beaucoup d’émotion au commencement de cette célébration - vous avez approfondi votre foi.
Vous êtes tous les deux dans une famille catholique, éduqués dans la foi catholique :
Marine aussi dans tous ses engagements, en particulier dans le MEJ, a approfondi cette foi, l’a mise en pratique de façon particulière.
Pour toi Pierre-Luc, ça a été quelque chose de plus récent, de plus nouveau.
C’est très beau de voir votre lien tous les deux, vous êtes tirés vers le haut.
Cette Parole du Seigneur dit quelque chose de vous et ce n’est pas pour rien que vous l’avez choisie.
Ce n’est par d’abord "ceux qui disent Seigneur, Seigneur, mais qui ne mettent pas en pratique"
Lorsque nous nous sommes rencontrés et nous avons fondé ensemble un petit groupe de jeunes professionnels à Compiègne, il y a déjà 2 ou 3 ans (et dont il y a quelques illustres représentants dans cette assemblée), vous m’avez dit :
L’engagement fait partie de notre ADN, l’engagement fait partie de notre vie. »
On le sait bien, si le mariage est une démarche éminemment personnelle, elle n’est pas une démarche solitaire. En aucun car ! Rien dans l’Église n’est solitaire, c’est une maladie moderne de la considérer comme une juxtaposition d’individus qui n’ont rien à voir les uns avec les autres et finalement sont malheureux.
Dans l’Église on a cette dimension de corps, je ne peux pas dire "je" sans dire"tu", je ne peux pas dire "tu" sans dire "nous".
Le fait de s’engager, pour vous, c’était aussi approfondir votre amour. C’était faire que cette maison que vous aviez commencé à construire, cet amour que vous avez commencé à bâtir, à travers les différents engagements tout simples dans ce petit groupe de jeunes professionnels et d’autres aussi, tout le bien que vous faites, que tout cela rayonne.
C’est intéressant de voir que, en 2006, il y a eu une modification du rituel du mariage.
Avez-vous remarqué qu’il y a une question qui a été rajoutée dans le dialogue entre le prêtre et les fiancés ? On rappelle les fondamentaux du mariage, l’indissolubilité, la fidélité, la liberté, la fécondité, etc… Et à la fin on dit :
La messe de mariage est vue comme une messe d’envoi : l’amour que vous avez tous les deux rayonne, vous êtes envoyés avec ce sacrement particulier pour aller vers ce monde, le rendre plus juste et plus lumineux.
C’est très juste. Il y a une dimension missionnaire dans le mariage, de part le lien, de part l’amour qui unit des époux, c’est diffusif de soi, ça se répand. Qui n’a pas fait l’expérience, devant un lac tranquille, de jeter un petit caillou et qui de voir l’eau d’huile se plisser de petites vaguelettes qui rejoignent jusqu’aux berges les plus lointaines…
C’est ça l’amour matrimonial, mû par le Christ, le Christ au cœur même de votre amour, cet engagement rayonne, se diffuse. Sans forcément faire grand-chose, mais par les actes quotidiens : construire sa maison avec patience, petit à petit, vous posez les fondations, puis ensuite, vous vous retournerez, vous regarderez et vous direz : « Nous avons - par la grâce de Dieu - bâti cela ensemble ».
Faire mémoire pour aller de l’avant
On voit malheureusement aujourd’hui beaucoup de couples qui sont en souffrance.
Une question que certains se posent : « N’est-ce pas folie que l’engagement aujourd’hui de Marine et Pierre-Luc ? »
N’est-ce pas folie dans un monde où les relations de couple sont plus du CDD que du CDI et que, au fond, ce que propose l’Église c’est un engagement pour toujours, à l’image de ce que propos le Christ à chaque homme et chaque femme ?
À l’orée de ces grands engagements comme la vie sacerdotale, la vie religieuse, la vie matrimoniale qui engagent pour toujours, il y a un piège car on voit bien que le l’air du temps n’est pas là-dedans.
Il y a un piège qui fait de concentrer le temps, nous fait dire : « je ne vais pas y arriver ».
Je me souviens bien, en rentrant à l’abbaye d’Ourscamp, la première nuit j’ai eu comme une nuit d’angoisse. C’est une tentation du Démon.
Nous sommes chrétiens, nous comptons en regardant en arrière. Nous sommes appelés à la démarche de faire mémoire : déjà 10 ans, déjà 20 ans, déjà 30 ans. Vous ferez mémoire, chers amis, de cet engagement, justement en revoyant comment le Seigneur a travaillé.
Ce n’est pas 50 ans qui sont devant vous, parce que 50 ans ça n’existe pas, hier n’existe plus, mais comme dit la petite Thérèse de l’Enfant-Jésus :
« Pour aimer je n’ai qu’ aujourd’hui. »
Ainsi, d’aujourd’hui en aujourd’hui, quand vous retournerez, quand vous ferez mémoire, avec le Seigneur aussi qui fait mémoire, le temps progressivement se déroulera et vous construira à la manière d’une maison.
Le temps nous le savons n’est pas quelque chose qui passe mais quelqu’un qui vient.
Cette célébration c’est un bon motif d’action de grâce, que chacun renouvelle son attachement au Seigneur, de se remettre face au Seigneur et de lui demander sa grâce, chacun où vous en êtes.
Cela peut-être n bon moment pour se mettre devant le Seigneur et demander Sa grâce.
Demandez à la Vierge Marie, qui a appris à faire confiance. Comme on le voit dans l’Évangile, que ce soit la maison fondée sur le roc ou sur le sable, il y a des épreuves.
Que vous sachiez faire confiance dans cette présence de Dieu qui vous habite, qui sera là au quotidien.
On ne sait pas de quoi sera fait l’avenir, mais on sait avec qui nous vivrons.
Amen !