Texte de l’homélie :
« Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. »
Mais de quel signe parle-t-on ? Certes, il s’agit de signes de Sa gloire. Et quelle est cette gloire ? S’agit-il de la puissance de Jésus, super magicien, super héros, fort ? Ce n’est pas le genre de Jésus, ce n’est pas non plus ce que nous dit le texte. Au contraire, ce qu’il nous dit, c’est que la vie avec Jésus, c’est désormais la noce !
Attention, que les fêtards et le noceurs n’en tirent pas gloire pour se justifier, même si, dans l’Évangile, il est parfois reproché à Jésus d’être un ivrogne et un glouton, parce qu’Il n’est pas compris. Non, il ne s’agit pas de cela.
Dans la Bible, comme nous l’avons entendu dans la première lecture, la noce est le temps de la plénitude, le temps de la venue de Dieu, le temps de l’accomplissement plénier de la personne, du peuple d’Israël.
Et cette première lecture est assez étonnante : il est fait allusion à Jérusalem qui a été délaissée, ravagée, a été en exil pendant des années – cet exil du à ce manque d’écoute du Seigneur et de son endurcissement. Et il est dit ici :
« Tu ne seras plus appelée délaissée, tu ne sera plus appelée désolation. »
Cela signifie : « La joie peut entrer dans ta vie ! » Pas une vie inventée, une vie autre… Dans le cas des noces de Cana, c’est une catastrophe qui se produit : manquer de vin entraîne une grand honte, cela marque à vie : « C’était la noce où il n’y avait pas de vin… »
C’est comme une malédiction qui a frapper, un mauvais signe qui va rester…
Le signe de cette noce n’est pas pour se distraire de ce monde, y oublier nos problèmes, mais plutôt de faire rentrer la noce, la joie, la plénitude au milieu de notre vie, avec ses carences.
Dans ce texte, Jésus parle de l’heure : c’est une allusion à la Passion. Ainsi, ce premier signe renvoie à la Passion pour nous faire comprendre que notre salut n’advient pas en devenant des super héros qui gagnent tout, mais en faisant rentrer la joie, la paix, la plénitude du Seigneur dans notre vie en suivant Sa parole, en recevant Son Esprit.
Ainsi, je voudrais voir deux conséquences avec vous de cet événement :
La vie est la noce !
Elle est d‘abord pour nous personnellement. Est-ce que je demeure dans la tristesse, sous le regard et le jugement des autres, du mal que j’ai subi ou que je fais subir, ou plutôt sous le regard de la miséricorde, sous le regard de Dieu qui regarde chacun d’entre nous et qui lui dit :
« Tu es mon fils bien-aimé, en toi j’ai mis toute ma confiance… »
Ne sois pas la désolation, comme on en a parfois l’impression de faire celle de notre entourage et la nôtre propre. Place-toi sous le regard du Seigneur qui dit : « Tu es ma préférence ! »
Originalement, dans le texte, ces paroles nous invitent à nous regarder à travers la grâce du Seigneur :
« Mon désir est en toi. »
Un appel à se laisser renouveler
Ainsi, laissons-nous reconstruire par la grâce du Seigneur. Cela nous demande d’apprendre à suivre le chemin. Et nous avons différents personnages pour nous y aider : D’un côté il y a Marie, de l’autre côté, il y a les servants.
Marie
Marie nous montre deux qualités qui nous sont nécessaires : cette écoute, cette confiance de Marie, Elle la bienheureuse qui a cru ! Apprendre à laisser à ces paroles de lumière, à ces paroles d’amour du Seigneur de parler plus fort que toutes les parole de malédiction, de malheur que nous pouvons porter sur nous, toutes ces croyances qui se sont bâties dans notre vie, non pas à partir du projet du Seigneur, ni à partir de Sa miséricorde…
Voici comme Marie nous aide grandement.
Les servants
Il y a aussi de groupe que constituent les servants : dans leur obéissance, ils vont suive les conseils de Marie et le commandement de Jésus. Vous savez combien Il nous demande de suivre Ses commandements, en particulier celui qui demande de s’aimer les uns les autres pour :
« Que pas un seul de ces petits ne se perde. »
Voici comment on peut s’enfoncer dans la prière, dans le regard du Seigneur, apprendre à vivre en Sa présence et à paraître devant Lui…
Cela entraîne une autre conséquence qui est moins personnelle : celle de la manière dont on vit notre relation avec les autres. Que je puisse être un relais, un témoin, une épiphanie, une manifestation de cet amour du Seigneur pour Son peuple, pour Sion. Voici la vocation du Chrétien.
Et l’on entend ici le prophète Isaïe :
« Pour la cause de Sion, je ne me tairai pas ! Pour Jérusalem, je n’aurai pas de cesse de la proclamer ! »
Il insiste : pas de repos avant que Sa justice ne paraisse dans la clarté, et Son salut comme une lampe, comme ne torche qui brûle. Je n’aurai de cesse de faire rayonner le don que mon prochain est pour moi. Non pas en termes de ce qui m’est utile et profitable, ce qui m’intéresse et correspond à mes idées…
Que je ne sois pas dans le jugement, dans la critique, mais que je puisse favoriser ce don, cette grâce qu’est mon prochain, car il est lui aussi fils de Dieu.
Alors, si nous marchons vers cet accomplissement que Jésus vient inaugurer, notre vie sera une noce, une plénitude. Et même au sein des épreuves et de la difficulté, la joie sera plus grande, car elle sera partagée avec le Seigneur qui sait voir en chacun ce joyau, ce diadème, ce nouveau nom.
Cette attribution d’un nouveau nom rappelle cette vocation profonde. Vous rappelez-vous de ce passage de l’Apocalypse ?
« Aux vainqueurs, je donnerai un nouveau nom écrit sur un petit caillou blanc. »
Bien sûr, nous ne pouvons pas capturer le don qu’est la personne, pas plus que nous ne possédons notre propre personne : tout cela sera révélé en plein lumière, à la face du Seigneur. Mais en vivant en Sa présence, nous sommes déjà ouverts à ce nom, nous sommes déjà en train de le laisser apparaître, de se laisser construire.
Demandons au Seigneur, demandons à la Vierge Marie de nous aider à rentrer pour que notre vie soit une noce,
Amen !
Références des lectures du jour :
- Livre d’Isaïe 62,1-5.
- Psaume 96(95),1-2a.2b-3.7-8a.9a.10ac.
- Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 12,4-11.
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 2,1-11 :
En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples.
Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit :
— « Ils n’ont pas de vin. »
Jésus lui répond :
— « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. »
Sa mère dit à ceux qui servaient :
— « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres). Jésus dit à ceux qui servaient :
— « Remplissez d’eau les jarres. »
Et ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit :
— « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent.
Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié et lui dit :
— « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. »Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il anifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.