Homélie de la solennité de l’Assomption de la Vierge Marie

21 août 2019

« Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse ! »

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Texte de l’homélie :

Nous venons d’entendre le Magnificat, le chant d’action de grâce de la Vierge Marie. Oui, en notre nom, Elle rend grâce à Son créateur et à Son sauveur pour l’œuvre de salut que Dieu réalise en faveur de Son peuple, c’est-à-dire de nous tous.
Cette œuvre a atteint en Marie sa plénitude puisqu’Elle a été entièrement préservée du péché originel et que Son corps n’a pas connu la corruption du tombeau.
En ce jour nous célébrons Son assomption : parfaitement associée et identifiée au Christ Sauveur dans Sa vie, Sa passion, Sa mort et Sa résurrection, Elle est désormais auprès de Son Fils pour intercéder et pour nous obtenir toutes les grâces dont nous avons besoin pour notre salut éternel.

Tout le peuple chrétien est donc appelé à lever les yeux vers la Vierge Marie et à implorer l’aide de Son intercession pour nous et pour tous ceux qui nous sont chers. D’abord et avant tout, demandons Lui la grâce de la fidélité et de l’unité. Et tout d’abord pour notre pays la France.
L’année a été marquée par de nombreux heurts et nous faisons encore l’expérience de divisions et de rancœurs tenaces. Il est certes légitime que les français se divisent sur les moyens à mettre en œuvre pour l’organisation sociale et économique de notre communauté nationale. En revanche lorsque notre pays oublie sa vocation spécifique, lorsqu’il méconnait le lien très particulier établi le 22 février 1638 par le roi Louis XIII entre la nation française et la Reine des Cieux, alors il fait l’expérience de la division, voire de la guerre civile.

Nous avons tous été bouleversés par le cruel incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris. Or, le maître autel a été préservé, cet autel qui justement a été édifié suite au vœu de Louis XIII dans la première Église métropole de France, comme pour nous rappeler la consécration de la France à Marie, consécration que notre procession dans les rues du village rappelle et solennise.
Oui, prions bien pour l’unité de notre pays et la fidélité à sa vocation historique qui vient du fond des âges.

Unité de la France, mais aussi unité de l’Église. Marie nous offre l’exemple d’une foi totale, intacte, pure et virginale. Elle a consacré toute Sa vie, Son intelligence, Sa liberté, toutes les ressources de Son cœur et toutes les capacités de Son être à la personne et à l’œuvre de Son Fils, le Sauveur du Monde
À Son image, à Son exemple, à Sa suite, l’Église accueille le message de salut, la réalité de la Rédemption pour le communiquer aux hommes sans altération, sans changement, sans adaptation à l’esprit du monde ou du moment. Et ce qui est vrai des vérités de la foi, des vérités qu’il faut croire pour être sauvés, il en est de même pour ce qui est de commandements à pratiquer.
Certes l’homme est faible et pécheur, mais la grâce du salut, le pardon de ses péchés, le don de la vie divine dans les sacrements, le secours de la prière, l’intercession de la Vierge Marie lui donne la lumière et la force de vivre toutes les exigences de l’Évangile. L’unité dans la même foi, l’obéissance unanime aux commandements du Seigneur, la fidélité à la Tradition qui vient du Seigneur, voilà ce qui donne à l’Église de rester, de demeurer dans la fidélité à sa mission. Et c’est aussi sur cette fidélité dans l’enseignement que les ministres de l’Église seront jugés.
Dans une période troublée où même les chrétiens sont ballotés à tout vent de doctrine, pour reprendre la parole de saint Paul, la Vierge Marie nous indique le chemin sûr, celui de l’obéissance à la Parole de son Fils.

Ensuite, nous voulons aussi Lui confier l’unité de nos familles, de nos communautés : la haine, l’impureté, l’infidélité, le refus du pardon, le désir de dominer, l’égoïsme nous divisent et nous rendent malheureux. Marie nous montre toujours le chemin du pardon et de la réconciliation, Elle qui a pardonné aux pécheurs et aux profanateurs qui ont mis Son Fils en croix. La compassion de la Très Sainte Vierge Marie offre à notre cœur le grand moyen de travailler efficacement à l’unité de nos familles.
C’est en contemplant Son cœur douloureux et aimant que Louis XIII lui a consacré sa personne et son Royaume, dans un grand acte de confiance et d’abandon, alors que notre pays - qui sortait à peine des guerres civiles et des guerres de religion - devait affronter l’invasion étrangère et la dislocation intérieure.
C’est par le même moyen de grâce que nous ramèneront la paix et la concorde dans nos familles et dans nos communautés.

Enfin, demandons à la Vierge Marie, en ce jour de Son entrée dans la gloire du Ciel - avec Son corps et Son âme - la grâce pour nous-mêmes de l’unité intérieure. Les séquelles en nous du péché originel, les conséquences de nos défauts et de nos péchés personnels menacent notre salut en nous divertissant, en nous faisant oublier l’essentiel, c’est-à-dire notre destinée et notre vocation. Mais Dieu a créé notre cœur pour la joie infinie du Ciel et cette perspective, source en nous de l’espérance, unifie notre vie et nous donne de choisir les bons moyens pour accomplir notre mission.
Nous vivons de l’éternité divine depuis le jour de notre baptême et nous préparons cette éternité par nos choix du quotidien. Nos efforts de conversion, notre dévouement, notre fidélité à notre devoir d’état et à notre vocation de service orientent déjà notre existence vers l’éternité en unifiant profondément notre cœur.

Unité de notre pays, unité de l’Église, unité de nos familles, unité de notre cœur, confions cette grande intention de l’unité à Notre-Dame de France et mettons-nous résolument à Son service pour le triomphe de Son Cœur Immaculé,

Amen !


Références des lectures du jour :

  • Livre de l’Apocalypse 11,19a.12,1-6a.10ab.
  • Psaume 45(44),11-12a.12b-13.14-15a.15b-16.
  • Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 15,20-26.
  • Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 1,39-56 :

En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte :
— « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Marie dit alors :
— « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !
Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. »

Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.