Texte de l’homélie
Frères et sœurs, voici venu le moment de démonter nos crèches car c’est le fin du temps de Noël. Nous sommes invités à repartir avec la crèche dans notre cœur. Et cette année, nous avons la chance de fêter le 2 février un dimanche, ce qui n’est pas toujours le cas.
Et ce dimanche est aussi connu comment étant une fête gourmande : notre bon cuisinier nous en a proposé dès ce matin.
C’est aussi la fête de la vie consacrée : vous pouvez ainsi nous souhaiter « Bonne fête » à nous les frères consacrés, et prier le Seigneur pour de saintes vocations. Aujourd’hui, nous rendons grâce avec vous pour cette vie consacrée qui est un appel particulier dans l’Église.
Par ailleurs, cette fête est appelée la « Chandeleur ». Pour nous les Chrétiens d’occident, elle est davantage appelée la rencontre, ou hypapante nom traduit en Grec pour les Chrétiens d’Orient. Et je m’attarderai un peu dans cette homélie sur le thème de la rencontre.
Vous avez sans doutes justement remarqué que, dans l’Évangile de ce jour, tout parle de rencontre. Je retiens quelques points :
- Il y a la rencontre de deux personnes âgées – Anne et Siméon – avec le Messie.
- C’est aussi la rencontre de Marie et Joseph avec le Père du Ciel pour consacrer leur enfant.
- C’est également la rencontre du petit bébé - Jésus – avec les prescription de la loi mosaïque, avec l’Ancien Testament.
- C’est la rencontre de la Vierge-Marie avec Sa vocation de co-rédemptrice. Elle a ainsi entendu parler de Sa grande mission d’être un jour crucifiée dans Son cœur avec Jésus.
- Il y a aussi la rencontre de l’observance de la Loi et de la prophétie : cette parole prophétique, ce magnifique cantique de Siméon qui surgit à la fin de l’Ancien Testament pour révéler le Nouveau Testament. C’est un cantique qu’il faudra bien méditer durant cette journée car, à travers les siècles, il prépare chacun d’entre nous à notre ultime rencontre avec Dieu le Père dans Son Royaume, car Il nous attend.
Notre vie est chargée de tas de choses passionnantes, mais elle est surtout une durée que Dieu nous donne comme un cadeau, plus ou moins long, pour nous préparer à Le rencontre, Lui, pas seulement après notre mort, mais maintenant déjà, car Il est déjà présent aujourd’hui dans notre cœur, dans les événements que nous traversons, dans les rencontres les plus humaines de notre existence. J’y crois fermement !
Quel beau témoignage que le Seigneur nous donne encore à la fin de ce temps de Noël… Voyez, à travers cette parole d’aujourd’hui, nous croyons qu’Il n’est pas un dieu lointain. Ce n’est pas si évident de croire que c’est un dieu proche et hautain : Il est un Dieu parfaitement humble, marchant « dans nos chaussures », avec nous…
Et remarques Son premier geste caractéristique : c’est d’être, depuis Noël, offert et donné à chacun, sans exception et pour toujours ! A Noël, Il prend notre chair, et Il ne refuse jamais le premier pas. Il fera toujours le premier pas pour nous rencontrer, combien nous tardons à nous mettre en marche. Il veut nous entraîner à vivre de cette victoire de Son amour célébrée à Noël : l’Emmanuel, Dieu avec nous.
Certes, les chemins des hommes sont multiples, et on le voit bien quand on lit l’histoire des Saints qui vont à la rencontre de Dieu : c’est impressionnant de connaître tous ces types de rencontres possibles et imaginables pour aller vers Dieu !
Et en contemplant les mystères d’aujourd’hui, Ô combien les chemins de Dieu - qui fait le premier pas vers les hommes depuis Adam et Eve – sont infiniment plus grands et plus vastes, différents, adaptés et appropriés à chacun.
Frères et sœurs, il y a de quoi adorer le Seigneur qui vient à la rencontre de chacun d’entre nous avec un grand amour et un grand désir de nous offrir le bonheur, même au cœur de la nuit.
Voyez, Siméon et Anne, eux personnes âgées qui étaient comme postées devant ou dans le Temple, résument à eux seuls l’essentiel de notre vie : cette longue durée, c’est vrai, il faut de la patience, cette longue lignée de génération qui passe par chacun d’entre nous de famille en famille. Car, il n’y a pas de relation individualiste avec le Seigneur : cela passe toujours avec d’autres de génération en génération. Elle manifeste cette longue lignée de ceux qui cherchent et désirent Dieu. Il y en a plus qu’on ne pense, frère et sœurs, car ils ne sont pas tous très apparents. Alors, prions, frères et sœurs, pour que, dans le monde d’aujourd’hui, il y ait de plus en plus de témoins qui se manifestent davantage, des amis de Dieu qui le cherchent et qui en témoignent, le monde en a tellement besoin…
Comprenons bien qu’aller à la rencontre de Dieu ne se fait pas en un instant. Bien sûr, le Seigneur peut nous surprendre en manière instantanée, à travers nos charismes ou par une apparition, nous savons que cela arrive. Mais l’essentiel de la foi est un long chemin de toute une vie où il faudra persévérer, aller à la rencontre et laisser Dieu nous rencontrer à travers des lignes droites, des méandres, des hauts et des bas, des succès mais aussi des échecs, autant de moments où l’on voit clair, ou des moments où on est dans le brouillard et où on ne voit pas grand chose. Frères et sœurs, tout est important, tout fait partie de cette expérience d’une rencontre possible avec Dieu. L’Esprit-Saint est au cœur de cette rencontre et il faut le laisser nous accoutumer à cette parole à travers tout ce que nous vivons.
La parole donne sens et direction à notre rencontre avec Dieu. L’Esprit-Saint vient transformer des gens parfaits mais pas seulement : il vient faire des enfants de Dieu, des filles et des fils du Père qui se reçoivent les uns les autres dans leurs différences.
L’Esprit-Saint nous conforme au Christ. Il n’est jamais trop tard, voyez ces personnes avancées en âge qui ont eu ce cadeau avant de mourir.
Demandons à l’Esprit-Saint de nous purifier de tout ce qui n’est pas encore prêt à se laisser rencontrer par le Seigneur. Ainsi, c’est une grâce que nous pouvons demander aujourd’hui, celle d’être simple. La vie chrétienne doit être simple, et il y a une forme de simplification de notre vie qu’elle peut nous apporter. Bien souvent, nous compliquons les choses et faisons des arrangements dans notre tête. C’est pourtant si simple : le Seigneur est là au milieu de nous et Il nous parle. Il veut juste que nous nous laissions rencontrer par Lui et que nous le prenions au sérieux à l’intérieur même de notre existence, parlant avec Lui, et Le laissant parler avec nous…
Il faut y croire avec simplicité, car ce n’est pas si évident. La vie spirituelle n’est-elle pas essentiellement un long et patient travail de simplification ?
Pourtant, on le voit bien dans nos églises, tout n’est pas si simple… Savons-nous accueillir une réaction de foi simple de nos frères et sœurs devant un coucher de soleil ou devant une icône :
Oui, je le crois, c’est en nous simplifiant qu’il nous est donné de vivre de vraies rencontres. Les liens que nous entretenons ne sont pas forcément habités par la personne du Seigneur qui nous invite à entrer plus en profondeur.
Voyez, frères et sœurs, notre vocation de baptisés est une vocation d’« hypapante », pour reprendre ce terme. Il s’agit d’être de « hypapantes vivantes », des relations vivantes habitées par le Seigneur.
Et si l’on accepter de jouer les résonances de ce mot en Français : on peut entendre « hyper-pimpantes ». Frères et sœurs, on imagine mal un véritable Chrétien ayant reçu la vocation de faire rayonner la rencontre de notre humanité avec le Seigneur – ce que nous avons contemplé pendant tout le temps de Noël – qui procure tant de joie. On fait ce que l’on peut mais c’est difficile de le faire avec un cœur crispé et triste. On a tous nos souffrances, on a tous des problèmes, mais la grâce du Seigneur peut les traverser. Et j’en ai fait l’expérience, on peut toujours témoigner de la joie de Noël, même avant de mourir.
Signifiée par nos cierges allumés, manifestée par nos beaux chants, et même rassasiés des délicieuses crêpes partagées ce matin, la fête de ce jour ne peut que rajeunir notre fête baptismale et nous préparer ainsi au temps de Carême qui s’approche très vite. Profitez-en encore.
Il faut que ces relations entre nous soient « hyper-pimpantes », telle une joyeuse rencontre entre deux désirs. Faisons de nos vies des temps intenses, c’est une grâce à demander que de rencontrer le Seigneur, ce n’est pas naturel. Cela s’appelle la prière : comment je prie, quelle est la qualité de ma prière. C’est toujours bon de revisiter quelle est la joie qui m’habite lorsque je prie Dieu, les rencontres avec les autres : qu’est-ce qui me construit, qu’est-ce qui est mondain, qu’est-ce qui est spirituel ? il y a tant de mélanges dans nos rencontres qu’il faut apprendre à les ordonner dans le meilleur.
Quand à se rencontrer soi-même, c’est encore un autre travail : on se connaît si mal soi-même, il faut demander à Jésus de nous rencontrer nous-même, et il faudra un peu d’humour, car nous ne sommes pas parfaits, nous le savons bien. Mais nous sommes pardonnés !
Oserai-je parler de la rencontre avec les événements, avec la Création comme Saint François d’Assise qui parlait avec les créatures… Tout cela engage d’avantage à être pimpants, rayonnants de la bonne nouvelle de l’Évangile. C’est notre vocation. C’est la bonne nouvelle que la vie est toujours plus forte que le mal, et il faut le manifester. Le trouver dans la prière et à le rayonner, cela s’apprend.
Frères et sœurs, l’Eucharistie que nous célébrons maintenant est une rencontre exceptionnelle, car c’est Jésus qui revient nous rencontrer à travers Son corps et Son sang consacrés. Parmi nous, il y a des anciens et des plus jeunes, tels une hypapante rayonnante et éclatante.
Frères et sœurs, avec Marie, entraînons-nous vraiment à entrer dans le grand bal, dans la grande rencontre avec le Seigneur, et avec tous les Saints du Ciel,
Amen !
Références des lectures du jour :
- Livre de Malachie 3,1-4.
- Psaume 24(23),7.8.9.10.
- Lettre aux Hébreux 2,14-18.
- Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 2,22-40 :
Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : ‘Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur.’
Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : ‘un couple de tourterelles ou deux petites colombes.’
Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur.
Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple. Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait, Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :
« Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole.
Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui.
Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »Il y avait aussi une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était très avancée en âge ; après sept ans de mariage, demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.
Survenant à cette heure même, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.