Texte de l’homélie :
Karl et Virginie, chers amis,
C’est une vraie joie d’être aujourd’hui à vos côtés, de pouvoir célébrer cette union qui a été préparée avec un grand sérieux, puisque nous nous sommes retrouvés de nombreuses fois là où je suis en communauté religieuse, à côté de Compiègne, à l’Abbaye d’Ourscamp. Et cela a été un moment pour approfondir cette célébration à chaque rencontre, d’approfondir aussi ce qu’est la vie matrimoniale, de découvrir avec plus d’acuité les enjeux du sacrement du mariage.
Et lorsque j’ai donné aux fiancés un critère leurs lectures, je leur ai conseillé de prendre des textes qui vous indiquent un chemin.
Et ceux d’entre vous qui sont mariés à l’Église peuvent faire mémoire des lectures qu’ils ont choisies au moment de la célébration de leur mariage, que cela fasse 5 ans, 10 ans ou 40 ans, parce que la Parole de Dieu est une parole vivante. Ce n’est pas une parole qui est inscrite dans le passé : elle nous montre, elle nous trace un avenir, c’est une parole qui nous accompagne.
Ainsi, c’est important d’écouter ces paroles que Karl et Virginie ont choisies. On ne peut pas s’arrêter sur tout tellement c’est riche, mais rappelons-nous de la deuxième lecture que vous avez dans vos livrets : Lecture de l’épître de Saint Paul apôtre aux Romains :
« Ne prenez pas modèle sur le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser. »
Rien que cette phrase-là est chargé d’un sens énorme : elle signifie que le mariage n’est pas comme ce que présente le monde, qui en fait malheureusement quelque chose de spontané, basé sur le romantisme, à la mode un peu « people »…
Envisageons plutôt le mariage comme un don de toute sa personne, un don de soi-même. Rentrer dans une logique de don de soi-même et d’accueil du don de l’autre.
Cela veut dire qu’aimer est le fruit d’une vraie volonté. Et de fait, lorsque je m’adresserai aux fiancés tout à l’heure, je leur poserai la question : « Voulez-vous… ? ». Je ne leur demanderai pas : « Est-ce que vous vous aimez ? », c’est bien entendu supposé.
Non : je leur demanderai : « Est-ce que vous voulez aller vers un destin commun, vers une éternité commune ? ».
Voilà ce qu’est le mariage ! Nus avons donc à renouveler notre façon de penser. Il ne s’agit pas d’être la princesse ou la star d’un jour, comme c’est parfois présenté. Et j’ai vu constater combien Virginie et Karl ont préparé cette célébration avec cœur et profondeur, et veulent vivre à plein de ce sacrement du mariage.
Chaque tradition religieuse offre des rituels et des célébrations pour le mariage. Mais, avec un sacrement, c’est un peu différent. Pour l’Église catholique, les époux reçoivent non seulement la bénédiction du Seigneur, mais les époux deviennent signe de l’Amour de Dieu par l’échange de leurs consentements.
Voilà ce qu’est un sacrement : par l’amour que j’ai pour mon conjoint, je deviens signe de l’Amour de Dieu et de toujours à toujours. Et, par l’échange du consentement, par le don de leurs paroles qui est le don de toute leur vie, qui est le rayonnement dans les enfants, Virginie est Karl se préparent à être des signes.
Ainsi, quand on les verra, on pourra se dire : si un homme et une femme s’aiment comme cela, avec un amour si authentique et profond, l’Amour de Dieu doit être encore plus beau, encore plus fort, d’encore plus vertigineux.
« Transformez-vous… »
Frères et sœurs bien-aimés, il y a une transformation à opérer. Cela ne se fait pas sans un travail sur soi-même, sans une conversion personnelle. On doit laisser de côté nos vielles habitudes, nos vieilles lunes, nos vieux démons qui nous tentent toujours. Lorsque l’on vit en couple, l’autre est un miroir qui me révèle à moi-même et me dit qui je suis : les côtés formidables et généreux de ma personnalité, mais aussi et l’aspect plus égoïste, plus orgueilleux que je peux porter. Et chacun d’entre nous, nous le savons : tels le Janus de l’Antiquité – ce dieu à double face – nous avons en nous-même à la fois la générosité et à la fois l’orgueil, l’envie de dominer, d’avoir le dernier mot… Oui, frères et sœurs bien-aimés, cela se fait avec une transformation. Et cette transformation se fait de la main du Seigneur.
Aujourd’hui, Karl et Virginie adressent cette prière : « Jésus, nous venons à Toi comme des pauvres. » Car, le mariage, c’est l’union de deux pauvres, de deux personnes qui prennent conscience de leurs fragilités. Ils ne nous disent pas qu’ils sont mieux que nous. Prenant conscience de leur fragilité, ils viennent supplier la Grâce. Voilà la signification du mariage.
Comme ça nous fait du bien de vous voir ! Comme ça nous fait du bien d’être là, à vos côtés, parce que vous nous rappelez l’essentiel, vous nous rappelez le sens de toute chose qu’est l’Amour que Jésus est venu manifester et qu’Il nous rappelle dans Son évangile.
Certes, il y a une transformation, et certainement jusqu’à notre dernier souffle. Mais, cette transformation, nous la vivons dans l’Espérance.
Alors, transformez-vous en renouvelant votre façon de penser.
Il y a un renouveau, quelque chose de nouveau qui se passe aujourd’hui dans la manière de vous voir. Ce n’est pas magique pour autant. La Foi, c’est le chemin du regard, c’est une certaine manière de regarder, une certaine manière d’envisager choses et personnes.
Et c’est bien la Foi qui nous renouvelle, parce qu’elle vient de l’intérieur, elle vient de l’intime, du cœur à cœur avec Jésus.
Comme disait le grand Saint Augustin qui a vécu au 4e siècle :
« Dieu est plus intime à moi-même que moi-même… »
Se renouveler, c’est aller en profondeur, c’est aller dans le cœur à cœur, comme époux, ensemble, auprès du Seigneur.
Se renouveler, c’est devenir neufs. Et Dieu seul fait toute chose nouvelle…
En participant à cette célébration, on prend conscience qu’on a besoin d’être renouvelés, que seuls, nous n’y arriverons pas, qu’on a besoin, comme des pauvres, de se tourner vers le Seigneur, de supplier Sa grâce.
Virginie et Karl, comme c’est beau de vous voir en ce jour : vous dites quelque chose de très profond, une espérance pour tous. Vous voir nous fait grandir dans l’Espérance : Oui, un engagement pour toujours est possible, même à l’heure du zapping ! L’Église le défend bec et ongles, et à juste titre, car Elle croit que Dieu a semé l’amour dans vos cœurs pas le Saint Esprit.
Ce n’est pas parce que l’on est meilleur que d’autres. Non, c’est possible parce que l’on vient auprès du Seigneur supplier Sa miséricorde.
Une autre parole marquante de ces lectures :
« Soyez d’accord entre vous, n’ayez pas le goût des grandeurs,
Laissez-vous attirer par ce qui est simple… »
C’est très beau. Nous ne sommes pas à rechercher la gloire, les honneurs et l’argent à la manière du monde. Comme chacun sait, le linceul n’a pas de poches… Autrement dit, ce qui est sur cette terre y restera.
Laissons-nous attirer par ce qui est simple, par ce qui a du goût, par ce qui nous permet de rentrer dans une plus grande profondeur et un plus grand amour du Seigneur. Et la simplicité fait partie de cet amour de Dieu.
Frères et sœurs, nous connaissons aussi cette parole d’évangile :
« Ce ne sont pas ceux qui disent « Seigneur ! Seigneur ! » qui rentreront dans le Royaume des Cieux, mais ce sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu, et qui la mettent en pratique. »
Devant cette assemblée, Karl et Virginie, je veux être témoin du sérieux avec lequel vous vous êtes préparé, de l’énergie mise dans ce mariage et pour la vie matrimoniale qui suit. Je veux être témoin que vous voulez vraiment construire votre maison avec le Seigneur. Vous voulez Lui dire : « Sois au milieu de nous, sois en nous cette force, cette beauté, cette bonté, cette miséricorde l’un envers l’autre. »
Oui, les torrents pourront dévaler, la pluie pourra battre les murs de la maison, sans aucun doute : une vie matrimoniale n’est pas un long fleuve tranquille - quelle vie n’a pas sa tempête – mais là n’est pas la question. On ne marie pas à l’église pour souscrire à une assurance vie, pour dire que tout ira bien. Mais au contraire, en se mariant à l’Église, on dit au Seigneur :
« Ces tempêtes, je les vivrai avec Toi, Tu seras au cœur de cette barque que nous sommes : notre couple, notre famille. Parfois, notre barque sera chahutée par les flots, mais Tu seras là et Tu nous rediras combien Tu nous aimes, combien nous pouvons compter sur Toi… »
C’est un acte de Foi. Comme c’est beau, comme c’est grand !
Comme ça nous fait du bien, comme ça nous renouvelle les uns et les autres !
Dans un monde tellement matérialiste, souvent mu par les choses passagères, Karl et Virginie, vous nous rappelez l’essentiel : l’essentiel c’est l’Amour que Dieu sème dans notre cœur par Son Saint Esprit.
A votre exemple et à l’exemple de la Vierge Marie, puissions-nous nous tourner vers le Seigneur avec confiance. Puissions-nous avoir cet abandon, ce lâcher prise - dans un monde qui veut tout contrôler – pour dire que nous sommes les témoins d’un dieu qui nous appelle des ténèbres à Son admirable lumière,
Amen !