Texte de l’homélie de mariage :
Frères et sœurs bien-aimés,
Lorsqu’avec Pauline et Adrien nous avons préparé cette célébration, et ils l’ont préparé - j’en suis témoin - avec grand cœur et un grand sérieux, comme tout le reste de leur préparation au mariage, je leur ai donné un critère pour choisir les lectures : que les lectures que vous choisirez vous accompagnent durant votre vie matrimoniale et familiale, qu’elles soient comme une lumière, une source qui vient éclairer votre chemin, car nous le savons, la Parole de Dieu est vivante et selon les circonstances dans lesquelles nous sommes, cette Parole nous parle d’une manière ou d’une autre.
Vous reconnaîtrez dans l’Évangile qui a été choisi que le fil rouge de ces Paroles de Dieu que Pauline et Adrien ont choisi, a à voir avec l’expérience qu’ils ont vécu au Vietnam. Cette expérience auprès des plus pauvres, cette expérience auprès de ceux qui sont dans la difficulté, c’est le sens de la première lecture :
« N’oubliez pas l’hospitalité : elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges. » (Hébreux 13, 2)
C’est à travers votre manière d’accueillir, et c’est vrai dans votre couple, dans votre maison, c’est aussi un regard de foi que vous avez en face de ceux qui sont avec vous, parfois dans la difficulté et dans la peine.
Évidemment, cet évangile est assez original, il ne fait pas partie du « top 10 » des évangiles de messe de mariage, mais il dit bien au fond ce qui est le mariage.
À travers ces lectures, vous nous dites quelque chose de très fort, non seulement l’expérience que vous avez vécue à été une source pour vous, pas seulement une parenthèse, c’est quelque chose de présent qui vous anime, qui vous travaille. Le Seigneur seul sait comment à travers ce que vous avez vécu vous pouvez porter des fruits à travers cette vocation matrimoniale.
Cette expérience auprès des personnes défavorisées dit aussi quelque chose de la vie matrimoniale.
Le mariage, au fond, n’est-ce pas l’union de deux pauvres ?
Vous êtes là aujourd’hui, Pauline et Adrien, comme des pauvres devant le Seigneur et vous voulez supplier sa grâce parce que vous avez aussi fait l’expérience de vos propres égoïsmes, de vos propre manières de vivre qui ne sont parfois pas toujours compatibles ou qu’il faut ajuster. Vous avez fait cette expérience que sans l’aide du Seigneur vous ne pouvez pas commencer tout ce chemin qui sera long sans la confiance.
C’est la confiance qui vous anime, plus que le contrôle. Le monde est bousculé, mais vous êtes sûr de quelque chose : vous pourrez compter sur le Seigneur. C’est comme des pauvres que vous venez à lui, pour supplier sa grâce.
Frères et sœurs bien-aimés, à travers ces lectures, Pauline et Adrien nous disent quelque chose qui est vrai pour chacun de nous, quel que soit notre état de vie. Que ce soit un état de vie dans le mariage, célibataire, consacré, quel que soit là où nous en sommes dans notre vie, nous pouvons compter sur le Seigneur, nous pouvons nous approcher de lui avec confiance et dans cette attitude d’humilité nous commençons aussi à croire que lui-même peut tout réaliser en nous. C’est le sens de ce bel évangile, que vous avez choisi, de la brebis égarée.
Cette brebis égarée au fond qui est le rappel de la miséricorde.
Dans votre vie de couple vous avez expérimenté la force du pardon. Sans pardon on ne peut pas durer. Parce que les conflits font partie de la nature humaine, ne serait-ce que dans les manières de penser comme homme, comme femme, on voit bien qu’il y a besoin d’un ajustement et aussi au cours de la vie, dans l’éducation des enfants.
Mais vous nous dites que vous voulez que le pardon soit la chose la plus importante de votre vie, que la miséricorde soit la chose la plus importante. C’est pour cela que vous venez quêter comme des pauvres ; la miséricorde du Seigneur à travers ce sacrement.
Vous voulez dire au Seigneur « aide-nous » parce que nous sommes conscients que nous sommes pleins de fragilités, nous avons besoin de nous convertir, aide-nous à travers cette expérience que nous avons vécu au Vietnam à découvrir que la fragilité n’est pas une menace. C’est une grande force de votre couple, vous avez découvert ensemble à travers ce contact avec des jeunes parfois difficiles, en tous les cas fragiles, que la fragilité peut-être un lieu de rencontre avec Dieu.
Alors que notre monde et beaucoup dans le contrôle, dans le risque zéro, dans cette mentalité sécuritaire, où rien n’échappe, vous préférez le primat de la confiance au contrôle. Cela ouvre des portes, rend possible un chemin.
La confiance nous permet de découvrir que le Seigneur nous accompagne jour après jour, pas après pas dans notre vie , quelle qu’elle soit, plus ou moins cabossées. Vous nous redites que dans ces vie qui ont des hauts et des bas nous pouvons compter sur la présence de Dieu.
Il y a une forme de disproportion dans cet acte que vous posez de même qu’il y a une disproportion dans cette miséricorde. _Quand vous reprenez le texte de l’Évangile, il y a quelque chose d’étonnant : un homme possède 100 brebis, l’une d’entre elles s’échappe et Jésus se demande qui va laisser les 99 pour aller à la recherche de la brebis égarée. Personne ne ferait cela ! Au contraire si une s’échappe je prends soin des 99 autres. Il y a une forme de disproportion.
Dans ce passage d’évangile, Jésus nous demande que notre miséricorde ne sois pas simplement à la hauteur de notre générosité, mais que notre miséricorde soit à la hauteur de la miséricorde de Dieu. Vous avez découvert dans cette expérience au Vietnam, mais aussi dans votre rencontre, une miséricorde qui vous a été faite ; de la part du Seigneur, vous êtes l’un pour l’autre un cadeau du Seigneur.
C’est la première question que je vous ai posé dans la préparation au mariage : « vous voyez-vous l’un pour l’autre comme un cadeau de Dieu ? »
Découvrons que l’autre est une miséricorde pour ma vie, qu’il me permet d’avancer sur ce chemin, qu’il me permet de découvrir que jour après jour je peux compter sur le Seigneur. Demandons au Seigneur qu’il nous aide les uns et les autres à cheminer et à avancer avec lui.
Chers amis, chers Pauline et Adrien, demandons cette confiance, cette miséricorde, cet appui pour chacun d’entre nous, et vous nous redites à travers les lectures que vous choisies, que sans la grâce de Dieu, sans la confiance, rien ne peut se construire.
Amen !